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Dans un avant-propos passionnant de 2002 ("Anarchie totale : 22 ans après) Roberto Bolaño confesse avoir écrit ce texte, fait intégralement de fragments, pour lui-même. Et "pour les fantômes", ajoute-t-il...

C'était au début de sa vie d'écrivain. Il multipliait les petits boulots de nuit, écrivait le jour et ne dormait jamais, selon ses dires. Au moral, il n'allait pas bien. Son état d'esprit oscillait entre orgueil, rage et violence, dirigés vers l'establishment littéraire.

En revanche il ne dit pas pourquoi il a finalement voulu faire paraître ce livre, qui en effet est avant tout énigmatique. Ces bribes de prose s'accumulent, on croit reconnaître des motifs. Mais rien de certain. le style de son auteur est là, heurté et violent. Mais suffit-il pour emporter l'adhésion du lecteur ? Je n'en suis pas certain en ce qui me concerne.
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Bien avant d'atteindre une renommée mondiale, l'auteur chilien Roberto Bolaño a écrit un roman très court qui était si étrange qu'il ne l'a même pas montré à des éditeurs. Dans une préface rédigée lors de la parution définitive d'Anvers 22 ans plus tard, Bolaño évoque l'état d'épuisement dont il était issu : « Ma maladie, à l'époque, était l'orgueil, la rage et la violence... Je n'ai jamais dormi » – avant d'affirmer le credo qui fait de lui une figure si séduisante pour les jeunes, les idéalistes et les damnés : « Je croyais à la littérature : ou plutôt, je ne croyais ni à l'arrivisme, ni à l'opportunisme, ni aux chuchotements des courtisans. Je croyais aux gestes vains, je croyais croireau destin."
Anvers se compose de 56 fragments numérotés et intitulés, qui ne racontent pas tant une histoire qu'une allusion à une existence explosée et qui a laissé des traces fantomatiques et radioactives. Les images reviennent : des serveurs traversant silencieusement une plage venteuse ; autoroutes et hôtels déserts ; "des flics qui baisent des filles sans nom" ; un bossu dans les bois. Un écrivain, 'Roberto Bolaño', vacille en proie à des hallucinations et des chuchotements désincarnés. L'effet est totalement désorientant et incroyablement obsédant. Bolaño se lance dans la technique surréaliste de base consistant à juxtaposer des éléments étonnamment incongrus. La logique narrative est chassée du train à grande vitesse. Ce qui reste est une transe d'atmosphère pure, l'univers tel qu'il est perçu par un chaman en proie au delirium tremens.
Dans les travaux ultérieurs de Bolaño, la sensibilité est restée intacte, mais il a repris ses esprits et a commencé à raconter des histoires cohérentes, et elles sont très bonnes. Il écrivait toujours, pour reprendre sa propre expression, comme un fou imitant un fou. Mais Anvers est unique. C'est une oeuvre mystérieuse, comme un rêve qui nous confond au réveil, suggérant des profondeurs au-delà de notre moi identifiable. C'est drôle, comme tout le travail de Bolaño, même si la seule "blague" qu'il fait est une punchline qui avale sa propre queue : "Souviens-toi de cette blague sur le torero qui entre dans le ring et il n'y a ni taureau, ni ring, rien..."

Lien : http://holophernes.over-blog..
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J'ai lu ce petit livre d'une traite, fasciné. Et perdu, éperdu.
Un récit labyrinthe qui tient lieu du fantasme, du polar, de l'auto-fiction, du film.
D'une grande étrangeté.
Il faut accepter de ne pas tout saisir, balloté entre des pensées, des impressions, des visions. Ça pourrait être un film de Lynch, cru, nonchalant et non dénué d'humour. On y croise des policiers, une fille rousse, l'auteur, un petit bossu, des personnages comme des fantômes hantant camping, bord de mer et chambre étouffante.
On ne sait pas où ça va et on ne le saura jamais, tout se mêle, s'entremêle, sans solution. Et pourtant...
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Il est étonnant de constater qu'*Anvers* (premier livre de Bolaño, rédigé en 1982) contient à peu près tout ce que développera "Les détectives sauvages", dans une forme parfaitement opposée : 56 courts fragments, contre un monumental triptyque de plus de 900 pages. En réalité, c'est à peu près la seule différence entre les deux livres, qui partagent le caractère polyphonique, l'humour noir et désespéré, le sexe, le goût pour l'énigme policière (dont la solution se dilue et finit par s'échapper), le thème de l'impuissance de la littérature face au mal, et enfin une galerie de personnages marginaux, jeunes, épuisés, errants.

Le livre a lui même la forme d'une errance. Il ne s'agit pas, comme dans "Les détectives sauvages", de fuir en avant, mais plutôt de tourner en rond, dans le brouillard. Cette absence d'issue, cet éclatement complet de la forme romanesque (on peut au fond lire les fragments, qui ressemblent à des poèmes en prose, dans n'importe quel ordre), en font un texte encore plus désespéré que ceux que Bolaño écrira par la suite. Il faut dire que ce livre matriciel est intimement lié à la vie même de Bolaño, qui, au moment de la rédaction d'*Anvers*, vivait dans une espèce d'urgence et de dénuement mêlés - "*ma maladie, en ce temps-là, était l'orgueil, la rage et la violence*", écrit-il dans la préface. C'était le temps où il multipliait les petits boulots alimentaires ; l'un d'eux le mena dans un camping en Catalogne - précisément l'un des lieux récurrents du livre, qui, avec les personnages qui les traversent comme des fantômes, tiennent lieu de leitmotive.

C'est grâce à ces jalons que le lecteur, en s'y raccrochant, peut survivre à l'environnement hostile, aux paysages incertains qu'il parcourt à la suite de Bolaño. Ici, la focalisation change sans cesse, comme dans les rêves. Il faut, à chaque nouveau chapitre, quelques secondes pour la mise au point - tout cela est d'ailleurs très cinématographique. Bien sûr, beaucoup de choses resteront hors champ, inexpliquées - de toute façon les pièces du puzzle ne coïncideront jamais plus - mais il en sera resté quelques images d'une beauté hallucinée, quelques phrases d'une obsédante poésie.
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Je poursuis ma plongée dans Bolaño avec Anvers, qui m'a profondément ennuyée et me fait craindre le pire pour la suite, alors même qu'Un petit roman lumpen m'avait tellement plu. Alors, les fans de Bolaño, lequel est le plus proche de son univers ? Plutôt le récit bien construit ou les phrases sans queue ni tête dans des nouvelles d'une page et demie qui semblent n'aller nulle part ? Parce que si Anvers est représentatif, je vais peut-être faire une croix sur la suite, moi…

Pfou, c'est pas avec des billets comme ça que je vais persuader le monde que mon blog est passionnant …
Lien : http://www.readingintherain...
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Ce texte demande une disponibilité totale, comme quand on rêve, et une forme d'abandon. Il faut accepter d'être dépassé, désemparé.

Roberto Bolaño nous livre cinquante cinq fragments de textes avec des motifs qui reviennent ; les plages méditerranéennes, le camping, les villas en bord de mer désertées en automne, un petit bossu, un anglais, une jeune fille blonde, une rousse, des policiers, des fantômes, des cadavres, le vent.

Malgré sa force, cette écriture par fragments n'a pas beaucoup d'adhérence. Elle laisse des sensations, le souvenir se dissout rapidement. Roberto Bolaño donne souvent l'impression qu'il regarde les scènes qu'il décrit à distance, sur un écran. Souvent les histoires se croisent dans un même texte comme les fils d'une trame.

« Anvers » nous dit la difficulté d'avoir une vision du monde quand notre vie n'est elle-même qu'un fragment, et la difficulté de rendre compte du monde comme une oeuvre littéraire.

L'impossibilité de parler, les visages sans bouche, les visages qui ouvrent la bouche et ne peuvent pas parler, ou bien ceux qui parlent et ne sont pas entendus, sont des motifs récurrents de ce texte.

« Tout ce qu'il disait, il le disait en bavant, certaines phrases étaient des hiéroglyphes que personne ne se donnait la peine de déchiffrer. »

Une sensation d'être à bout de forces ou de lucidité, comme après une ou plusieurs nuits blanches.
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Imbroglio confus en 56 parties sur 121 pages, je vous laisse faire le calcul.
De quoi parle ce livre, je l'ignore, je me suis forcé pour lire les sept premières parties, j'ai du m'arrêter n'étant pas fan de littérature expérimentale déstructurée.
Grosse déception, j'avais adoré 2666 et le troisième Reich, je me faisais une joie de le lire mais ici la trame narrative est à l'image d'un sac de noeuds fétide dont on ne pense une fois qu'on l'a en main qu'à s'en défaire le plus rapidement possible.
Dans la préface Bolano reconnaît lui même qu'il n'avait pas présenté ce livre à des éditeurs sachant qu'il allait être refusé, évidement, 22 ans plus tard à l'aune de sa mort annoncée et au summum de sa gloire les choses sont devenues plus faciles.
Un livre malheureusement illisible, publié pour de mauvaises raisons.
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ANVERS de ROBERTO BOLAÑO
Découvert il y a peu par un retour d'un accro, voilà un auteur inclassable. J'avais cru toucher le presque illisible avec Thomas Pynchon mais Bolaño le dépasse largement. Impossible de résumer cette oeuvre tant le fil conducteur est difficile à attraper! On dirait un exercice d'atelier d'écriture: à partir d'un réservoir de mots écrire un texte en les utilisant tous dans l'ordre. On est dans la déglingue la plus totale. Une curiosité.
Bolaño est un écrivain chilien mort en 2003.
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