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sur 345 notes
J'écris ces lignes en pensant à un petit ange, elle en portait le nom. Angélique avait treize ans, sur les photos elle souriait à la vie jusqu'à ce que son chemin croise celui d'un pervers et meure sous les coups qu'il lui asséna après l'avoir violée.

Le drame vécu par Adélaïde Bon fait échos à celui d'Angélique et de toutes ces enfants, jeunes filles ou jeunes femmes qui se sentent salies et coupables à jamais pour avoir croisé la route d'un être immonde .

Adélaïde Bon avait 9 ans lorsqu'elle a été violée par un voisin. Elle a dû essayer de vivre avec « ses méduses », ses colères, ses rebellions d'adolescente.
Elle a mis 20 ans à se reconstruire, jusqu'à ce qu'on retrouve son agresseur qui va finalement être jugé. Une étape déterminante pour mettre un terme à ces années de souffrance.

Aujourd'hui mariée et mère de famille, la jeune femme se bat pour qu'aucune enfant ne se retrouve seule sur la banquise au milieu des méduses qui la dévorent peu à peu.

Je peine à imaginer le courage qu'il a fallu à l'auteure pour mettre des mots sur cette souffrance indicible.
« La petite fille sur la banquise » est un document magnifique et émouvant, d'une grande force d'évocation.
Ce livre permet d'ouvrir les yeux sur les souffrances subies comme une honte par des milliers d'enfants abusés.
Merci aux Editions Grasset et à NetGalley pour ce partenariat.


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Avant tout, remercier Netgalley et les Éditions Grasset pour l'envoi de ce témoignage.
Merci beaucoup.
Ensuite, préciser que je n'écris ce petit billet que pour respecter mon engagement auprès des deux associations citées plus haut…Parce que ce texte n'est pas critiquable…C'est comme pour le témoignage de Nadia Murad. On ne chronique pas la souffrance, on ne critique pas la douleur. D'autant moins qu'il s'agit du viol d'une petite fille de 9 ans…
Donc, je ne vais pas critiquer, apprécier ou tergiverser sur ce texte. Très bien écrit, soit dit en passant. Qui transmet « parfaitement » (comme si le viol d'un petit ange osait être parfait) le traumatisme, l'horreur, l'incompréhension, l'injustice d'Adélaïde. Au risque de vous choquer, au risque de perdre des amis Babeliens, je vais vous dire, rapidement, ce que je pense d'une situation pareille.
Pour moi, le viol est, de loin, le crime le plus affreux, le plus odieux qui puisse exister. Même tuer me semble « plus doux », « moins grave » que le viol. Quand un criminel tue, il efface une vie, il éteint une lumière définitivement. Irréversiblement. La vie achevée ne souffre plus. La victime s'éteint et disparait dans un néant inconnu pour les uns ou dans un éventuel paradis ignoré pour les autres. Bref, c'est fini. Switch-off. Par contre, je pense que, quand un monstre viole, il tue « à long terme ». La victime meurt tous les jours, la lumière ne brille plus même si la lampe est toujours là. La Vie n'est plus libre d'être vécue. Elle étouffe, elle s'étiole, la Vie. Dans son témoignage, le corps aussi martyrisé que l'âme, le coeur aussi tourmenté que l'esprit, Adélaïde se sent déshumanisée. Elle parle de salissure, de meurtrissure. Méduses gluantes. Médusée d'horreur. Elle souffre et se fait souffrir. Elle hurle et vomit. Elle se sent coupable (mon Dieu, mais pourquoi ?). Elle hait, se hait et n'arrive ni à aimer, ni à se laisser aimer…Restons-en là. Le chemin de croix est tellement pénible qu'on en pleure. Son courage inouï lui permettra, cependant, de renaitre plus ou moins, après l'arrestation, le procès et la condamnation de son tortionnaire.
C'est de la condamnation dont je souhaite vous parler. Toute l'horreur du crime, DES crimes d'ailleurs (il a violé en série, ce salop) mène à une peine de 18 ans de prison. MOI, JE trouve la condamnation bien légère. JE voudrais presque la peine de mort…Mais là….soudain JE BLOQUE. Désolée, PAOLA93130. On ne peut exiger d'aucun juge, qu'il prenne la responsabilité de protéger la société d'un tel salopard en l'éliminant, tout simplement. Aucun avocat ne doit demander la peine capitale pour venger la mort lente d'une petite fille de 9 ans qui ne sait même pas ce qui lui est arrivé, au fond. Aucun juré ne peut décider qu'un tel individu est indigne de vivre. Aucun bourreau officiel ne peut rayer de la surface de la terre un monstre pareil.
Non. Non à la peine de mort dans les cas de viol ! Je serais moi-même incapable d'exiger un tel châtiment à quelque magistrat que ce soit, même si ça m'arrivait à moi ou à mon enfant….Je n'exigerais jamais une chose pareille…..
………..Ce serait MOI, et MOI SEULE, qui le descendrait. En lui faisant exploser la tête d'une balle gros calibre, comme il m'aurait explosé le coeur lors de son acte odieux.
Je souhaite bon courage et beaucoup de bonheur à toutes les Adélaïdes du monde. Qu'elles puissent renaitre et être heureuses.
24/05/2018

PS. : Après un échange avec Mme Adélaïde BON, j'ai légèrement modifié mon billet. Mon opinion sur le destin des violeurs n'engage que moi.
Paola93130 - 29/05/2018
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Il est rare de lire un livre autobiographique de cette qualité. La qualité de l'écriture et du récit éclaire la vie d' Adélaïde Bon, en un lumineux récit, comme pour un spectacle, un éclairage qui permet de mettre en valeur l'intention de l'auteur.

Bien des écrivains, ont la certitude d'être lu, avec attention jusqu'au bout, mais cette voix si jeune et si sombre, cette douleur qui tétanise, l' écouter pour lui offrir ce joyau, votre lecture, lire ses mots tous ses mots, de "la petite Fille sur la Banquise".


Ici pour un premier roman se rendre visible, ne rien cacher d'essentiel, est une démarche qui me bouleverse. Faites comme tous ceux qui ont croisé Adélaîde, son journal, cette confession livrée à ses cahiers bleus, griffonnés pour qu'elle n'oublie pas, pour qu'elle retrouve les traces de ce jour maudit où son regard a croisé un prédateur aux yeux glacés.


"Elle n'est plus là. Elle est morte."P 12
C'est le corps qui parle, ce sont les sens qui relient la petite fille à la vie. Là haut, dans sa tête, quelqu'un a tout effacé, il ne reste qu'une douleur sans nom, une nausée, des gestes automatiques, c'est moi qui suis sale, honteuse, comment vivre ça.
C'est semblable à un deuil, la perte à 8 ans de la maman les sensations sont les mêmes, elle n'est plus là, je suis morte, incapable de dire de pleurer, dans ce no man's land, “ça flotte dit elle". page 12

Beaucoup plus tard elle dira enfin:
“Quelqu'un lui a fait du mal, quelqu'un lui a fait ce mot là. Et si la clef c'était ce mot là .P 105”

Elle découvre qu'elle n'est pas seule qu'il faut se battre, que le corps a quelque chose de si précieux.
Toutes les peurs, toutes les angoisses s'incrustent dans la peau.


Une fois ouvert le chemin de sa rédemption, le procès, la naissance de son premier enfant, Adélaïde Bon nous immerge dans le dédale de la réalité de la condition féminine, non pas celle des comptes dorés, mais celle des violences que subissent les femmes. Fossé d'incompréhension ou manque d'information, le chemin qui mènera les hommes à respecter enfin le corps des femmes semble si abyssal.


Témoigner, devient sa litanie elle écrit page 246, "sans nos témoignages tremblants, nos voix qui se rompent, nos visages tirés de larmes contenues, sans nous, l'horreur du crime s'estompe et le criminel triomphe".

Le sentier est encore long, qu'importe!
"15 000 € pour le viol, on peut détruire la vie d'une femme pour le prix d'une voiture d'occasion."p 247

Dans la sinuosité de ce parcours chaotique, se cache un mari aimant, il ne comprend pas tout mais qu'importe! Il est là aussi, il est là, il la soutient même quand elle revit le drame et qu'il s'épuise de sa tendresse.

La force de ce roman est porté par cet amour, discret, efficace, démesuré.

Adélaïde n'abandonne pas, jamais les mêmes dans les ténèbres, la vie, elle luit.

Cette joie elle est capable dans les dernières pages de nous la faire partager, charnellement avec le feu d'artifice de tout son corps, à pleines dents, page 252 ," l'odeur des aiguilles de pin roulées au bout des doigts, dans mes paumes, la chaleur vibrante et moire d'une poignée de terre grasse."

Un quelque chose d'inoubliable.
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C'est avec beaucoup de tendresse et d'effroi en même temps que j'ai lu le livre d'Adélaïde Bon, ce bouleversant témoignage qui retrace le long et éprouvant combat mené pour une reconstruction après un viol.

C'est à 9 ans que le destin d'Adélaïde a basculé, c'est à 9 ans qu'elle a échoué sur la banquise, seule avec son secret. Elle a mis 20 ans à se reconstruire en livrant un combat acharné contre ce mal pour lequel elle ne trouvait pas de mot et qui la dévorait de l'intérieur, elle le comparera à des méduses qui s'immiscent lentement en elle et qui la dévorent sans que personne ne s'en aperçoivent.

Aujourd'hui, Adélaïde Bon tend la main à toutes les victimes de viol et lance un appel pour que la loi et la prise en charge des victimes changent et évoluent, afin qu'elles ne vivent plus dans une solitude morbide et une honte injustifiée, afin qu'elles soient écoutées et surtout comprises.

Les victimes de violences sexuelles créent souvent une sorte de mémoire traumatique enfouie de l'événement. Elles développent des comportements intimes qui les isolent et souffrent de symptômes dont elles ignorent l'origine. “Plus on a été agressé jeune, plus a de mal à voir le rapport entre la crise de panique au présent et l'agression du passé”.

Désormais,  elle va se couper un peu plus des autres, “sourire, dissimuler, s'épuiser. Passer chaque journée en dehors de soi. Se vivre déportée, sans que nul ne sache”. “Elle rit toujours, peut-être un peu plus qu'avant, c'est qu'elle a le coeur si lourd que quand la joie lui vient, elle s'y jette”.

Elle va meurtrir ce corps qu'elle hait et qui ne lui appartient plus, ignorant  qu'elle est dans le déni total de la violence subie, construisant un bouclier de résistance aux autres et au mal.

“Elle n'a pas idée de ce que ce mot femme, sexualité féminine pourrait signifier, elle une femme dans une civilisation façonnée par les hommes, elle ne connaît sa sexualité qu'à l'aune de la leur”.

Au centre du récit - comme un avant et un après - elle écrit (enfin) le mot VIOL (un mot jusque-là écarté, nié du récit). Elle n'hésite pas à décrire sans ambages ni figures de style les situations insoutenables que subissent les femmes dans les espaces publics par exemple où “les hommes mesurent leur trique à l'effroi qu'ils causent”

C'est un combat qui s'engage, un combat pour la survie, une route longue et périlleuse dont elle ne connaît pas l'issue. Elle rêve seulement d'un mieux, elle cherche du secours parmi les différentes thérapies qui lui sont offertes. Sa plus grande épreuve sera libératrice, quand, assise sur le banc des victimes parmi d'autres victimes, elle croisera avec effroi les yeux de son agresseur. Cette ultime épreuve lui permettra alors d'analyser, de comprendre ce qui lui est arrivé, de se déculpabiliser aux yeux des autres, de partager avec d'autres, d'écrire. “Je suis ce qu'il reste d'une femme après qu'on l'a violée. Et de l'écrire me renoue, me relie, me répare”.

“C'est un livre, quand bien même les sujets dont il parle sont extrêmement douloureux, que j'ai écrit avec beaucoup de douceur et de tendresse, pour toutes les autres petites filles qui sont coincées sur la banquise.” dit-elle. Merci Adélaïde pour ce témoignage bouleversant, merci pour le courage d'avoir mis en mot la douleur lancinante qui a accompagné votre vie durant toutes ces années, merci au nom de toutes les femmes bafouées, agressées et violées qui vivent seules leur souffrance.
Lien : http://dominique84.overblog...
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L'auteur mêle le « elle » et le « je »dans ce récit d'une grande intensité.
C'est un texte autobiographique qui commence lorsqu'elle a neuf ans et se fait violer dans l'escalier de son immeuble.
S'ensuit alors une vie brisée. Boulimie, angoisses, paniques, thérapies diverses….. Vie gâchée, vie salie à jamais.
C'est poignant, émouvant, désolant.
Adélaïde Bon se livre totalement, sans retenue.
Quand on pense au nombre d'enfants victimes de pédocriminels, on se dit que ce livre devrait être étudié par les policiers, les magistrats, les experts…. toutes les personnes chargées de prendre en charge les enfants abusés.
L'auteur analyse de façon extraordinairement précise les étapes de destruction qui suivent le viol.
Les années passées à combattre, à se combattre.
Et tout cela dans un style excellent, avec une écriture qui percute.
Adelaïde Bon a certainement du beaucoup prendre sur elle-même pour produire ce livre remarquable qui, je pense pourra aider toutes les victimes de pédophiles.
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La petite fille sur la banquise est apparue dans cette cage d'escalier, un après-midi du mois de mai.
Elle rentrait chez elle, tout simplement, un paquet de Carambars dissimulé dans sa robe tablier rouge. le monsieur est monté avec elle, il avait besoin d'un service. Et puis, là, entre deux étages, il l'a arrêtée, elle deux marches au-dessus de lui.
Et le monde de la petite-fille s'est arrêté.
Et les méduses sont arrivées.

Lors de sa sortie en 2018, j'ai bien sûr entendu parler du récit autobiographique de la comédienne Adélaïde Bon, « La petite fille sur la banquise ». J'en ai lu quelques extraits dans la presse et je n'ai pas eu le courage d'aller plus loin. Puis , alors que ce livre sortait en poche, j'ai vu dans le même temps sur Internet une interview de l'auteure. Bouleversante. Terriblement touchante. Et là, je me suis dit : elle a eu le courage d'écrire ce livre alors nous, lecteur, on peut bien faire le petit effort d'accueillir son témoignage et de lui porter, à travers notre lecture, un infime soutien.

Adélaïde Bon a été violée à l'âge de 9 ans par un inconnu dans son immeuble, dans un quartier cossu du 16ème, à Paris. Elle est issue d'une famille catholique aimante et bourgeoise, où l'on ne parle pas des choses du corps. Adélaïde ira au commissariat et Adélaïde ira voir un pédiatre. Et cela en restera là.
Viol : il lui faudra 20 ans pour définir ainsi l'acte. Adélaïde va souffrir d'une amnésie traumatique, elle ne se souvient de rien, ou si peu. Mais son adolescence, puis sa vie d'adulte, vont être une longue descente aux enfers : boulimie, drogue, envies suicidaires, dégoût de son corps qu'elle malmène, sexualité pervertie, des relations avec les hommes en montagnes russes. Des conduites à risque qui sont autant les symptômes et les conséquences de son stress post-traumatique. Ces comportements sont ses méduses, celles qui enflent sans prévenir à n'importe quel moment, n'importe où, qu'elle soit adolescente ou devenue mère.
Adélaïde, tout en cachant son mal-être à sa famille et à ses amis, va chercher l'origine de sa souffrance. Elle va multiplier les thérapies, voir différents psychologues, tout tenter pour s'en sortir. Et les années vont s'égrainer… jusqu'à l'appel de la police, un soir d'hiver, alors qu'Adélaïde a 31 ans et est enceinte de cinq mois.

Adélaïde Bon a trouvé dans l'écriture le moyen d'avancer. Dans un style à la fois poétique, distancié et incisif, elle cherche et fouille les méandres de son mal être destructeur. Adélaïde, « je», parle d'« elle », la petite fille sur la banquise. Mais ce récit, c'est aussi l'élan d'espoir d'une jeune femme qui s'ouvre aux idées féministes et découvre une sororité réparatrice et solidaire. C'est enfin le récit d'une enquête policière et d'un procès comme il en existe tant, où selon la jurisprudence, « on peut détruire la vie d'une femme pour le prix d'une voiture d'occasion ». Adélaïde a tenu, jusqu'au bout.

La petite fille sur la banquise s'en est allée il y a déjà bien longtemps mais « la vie n'abandonne jamais, au tréfonds des océans, dans les ténèbres, elle luit ».

Un livre essentiel, intense, douloureux et universel.
Merci Adélaïde Bon.
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Dans les années 80 il y avait un dessin animé éducatif « Il était une fois....la Vie.
Ceux qui l'ont vu en conservent un souvenir nostalgique. Il est certain que beaucoup ont appris plein de trucs utiles, comme se laver les mains avant de manger sous peine d'être attaqués par les microbes ennemis. C'était instructif autant que rigolo. Les défenseurs du corps humain, représentés sous forme de policiers, y patrouillaient afin de détecter les individus suspects. Il y avait aussi des ouvriers, des soldats. Hémo et Globine transportaient de l'oxygène. La vitamine d'se déplaçait en patins à roulettes.
Et bien sûr, il y avait les intrus : microbes, bactéries, virus.....On les voyait faire du mal au corps dans lequel ils s'étaient introduit. Mais les défenseurs veillaient et se battaient bravement au volant de leurs petits vaisseaux pour éjecter les méchants.

Hélas pour la petite Adélaïde de neuf ans nul guerrier n'a pu combattre les doigts ennemis qui se sont introduits dans son corps d'enfant.
Leurs souvenirs vont coloniser ses pensées et elle tentera de les détruire des années, des années et des années. Presque vingt cinq....
Violents et destructeurs, ils la fracassent et elle tente de les fracasser aussi avec de l'alcool, des trucs sexuels pas nets, des cris, de la bouffe, des substances illicites, un accident. Toutes choses qui ne feront que la plonger dans la honte.
La liste des ses démarches entreprises pour soigner ses graves troubles psycho traumatiques est totalement aberrante ( page 139 )
On n'imagine absolument pas ce que vivent, après, les victimes. C'est sidérant, j'en ai pris plein la gueule. D'autant plus qu'elles font tout pour donner le change, adoptant un comportement excessif et jouant outrageusement le rôle de la nana trop cool, trop dingue.

J' écoutais il y a quelques jours Alexandre Jardin, que j'ai longtemps pris pour un bellâtre exagérément optimiste, à la limite du supportable, trop Oui- Oui part en vacances.
Là, il disait avoir été victime, enfant, de son frère et que durant de longues années même lorsque il apparaissait rayonnant dans des émissions littéraires par exemple, son désespoir était immense et sa dépression très profonde.

On est saisi de vertige par la violence de la haine et de la terreur qui habitent le cerveau d'Adélaïde Bon. le risque de détruire les autres plutôt qu'elle même existe.

Je pourrais détruire mon propre fils. Page 134.

J'ai été glacée et j'ai eu très, très mal pour elle.
Le processus de guérison viendra des mots. Ceux qui soignent. Non plus ceux qui mentent mais ceux qui disent.
D'une enquêtrice aussi, patiente fourmi à la retraite décidant de rouvrir des dossiers d'affaires non résolues pour traquer le prédateur aux nombreuses victimes. Adélaïde apprendra qu'elle n'a pas été la seule petite fille abusée et violée. Beaucoup de plaintes avaient été déposées, présentant des similitudes avec la sienne.
Il y a eu un procès avec son cirque, ses lourdeurs. le comportement vicieux et ordurier du coupable. Les témoignages de celles qui ont eu la force de venir lorsque les faits n'étaient pas « prescrits « ce qui me paraît aberrant en la matière. Aberrants, les experts psychologues se prenant pour des gens importants mais résolument ignorants des symptômes liées aux violences sexuelles sur les enfants.

Il a pris 18 ans de réclusion.
C'est bien peu, je trouve.

Je souhaite à Adélaïde Bon le meilleur pour les années à venir.

........Une chose que j'avais complètement oubliée vient de me revenir. J'avais 7ou 8 ans, j' étais allé acheter le pain. Un gros type avec une énorme contrebasse était au pied de l'escalier. Il m'a demandé si je savais où habitait une petite fille, son amie à qui il avait acheté des bonbons et des jouets. Je ne savais pas - la bonne blague de merde - Il était ennuyé pour les bonbons et les jouets qui étaient à la cave et allaient y rester.
Mais, tiens j'y pense, je vais te les offrir à toi. Viens les chercher. A la cave. Autre super blague trop marrante.
Inconnu Offrant des Bonbons ayant été le héros récurrent d'histoires cauchemardesques racontées par mes parents j'ai bondi dans l'escalier et il a essayé de m'attraper. j'ai crié et ma mère qui me guettait au cinquième étage aussi. le temps qu' elle descende le type s'était barré.
Je peux dire que je l'ai échappé belle.
Il faut parler aux enfants. Il faut les mettre en garde quitte à leur faire peur. Ou mieux, il faudrait une émission comme « Il était une fois...la Vie «  pour les informer des dangers qu'ils courent. C'est très grave, le nombre d'enfants abusés est impressionnant, il faut faire quelque chose.


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Par ce témoignage, Adélaïde Bon nous livre son histoire de façon bouleversante et très courageuse.
Elle n'a que 9 ans quand, dans la cage d'escalier de son immeuble, un inconnu l'aborde. Il la touche. Et ces "attouchements sexuels" feront l'objet d'un dépôt de plainte à la police, mais restera longtemps en sourdine.

Ce qui se crie en elle, par contre, c'est l'entreprise de destruction massive que cet événement provoque en elle. Car d'abord, elle ne fait même pas le lien entre son malaise, profond, abyssal même - en fait ses séquelles psycho-traumatiques -, et le cauchemar qu'elle a vécu.

C'est la même violence insupportable qui se rejoue inlassablement, la même souillure qui se répète sans cesse. La peur. La honte. La détestation de soi. Les idées tortueuses et morbides.

Et puis, à force d'un long chemin, très douloureux, elle se souvient, perce cet écran que la psyché érige pour se défendre du traumatisme et, enfin, les mots justes émergent. Car il y a eu pénétration. Avec le doigt. Et toute pénétration (digitale, avec un objet, ou avec le sexe, qu'importe et quel que soit l'orifice), est d'office un viol lorsqu'il s'agit d'un(e) mineur(e). Sa plainte sera requalifiée à sa demande.

De l'importance des mots justes.
Car "on" (son entourage et la société en générale) a tendance à minimiser et la victime avec eux, ce que sont ces gestes intrusifs dans son intimité profonde. "Juste des attouchements" "C'est moins grave qu'un viol tout de même". Non.
Et puis, de l'incohérence du mot pédophile. Elle parle de pédocriminel. Car il n'y a rien d'aimant dans cette prise de possession de l'enfant comme celle d'un objet. C'est même d'une violence inouïe. Et c'est de cette violence qu'il jouit.

L'écriture d'Adélaïde, ses mots sonnent avec fracas et justesse. Dans son récit, elle passe du "elle" au "je" comme pour marquer le processus dissociatif à l'oeuvre entre le corps et l'esprit.
Les mots justes.
Le ton juste.

La plainte finira par aboutir trente ans plus tard, avec des dizaines et des dizaines de victimes reliées à un même coupable...
et ce choc est le détonateur d'autres souvenirs qui refont surface...

Ce témoignage secoue. Il peut déranger, créer le malaise de se sentir voyeuriste. Personnellement, ce n'est pas du tout de cette manière que je l'ai lu. Car il m'a permis de suivre le parcours psycho-traumatique d'une victime d'abus sexuels et que l'on sent qu'Adélaïde Bon a eu à coeur, outre la décharge cathartique, de sensibiliser tant le public que les victimes qui ne s'identifient pas réellement comme telles. Ce tremblement de terre intérieur, ces "méduses" comme elle les nomme, et de l'importance de les repérer pour pouvoir en guérir. Car c'est de ce silence, de cette non mise en mots justes que son traumatisme s'est engouffré pour mieux se gonfler d'horreur et exploser par symptômes terrifiants durant de longues années.

Son récit nous enrichit, suscite une empathie que l'on pensait certes acquise dès le départ mais pas dans de telles proportions. Et puis c'est aussi le portrait d'une résiliente qui a vaincu et revit.

Elle dénonce aussi, à juste titre, la prescription de ces crimes qui, pourtant, emportent une vie, comme une mort intérieure, qui elle est imprescriptible.

Un témoignage - et bien plus que cela - émouvant. Une gifle brutale et douloureuse, mais nécessaire pour comprendre ce chaos intérieur, le tumulte d'une identité dépossédée et hantée par la violence de l'agression.
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Adelaïde est une petite fille de 9 ans quand en revenant d'une fête à l'école, elle croise un homme qui lui fait subir des attouchements sexuels et la viole. Elle va en parler à ses parents mais elle ne peut pas donner de description physique précise et l'homme n'est pas retrouvé. Adelaïde va être très perturbée par ce qu'elle a subi et à son insu, elle met en place des stratégies pour vivre avec : dissociation psychique, culpabilité, prise de poids et boulimie, crises de panique… Elle va suivre des années de psychothérapie, consommer drogues et alcool. Après plusieurs relations amoureuses avortées car elle est envahie par son passé, elle parvient à vivre une relation épanouie et même à devenir mère, même si le spectre du violeur rôde toujours. Un jour, elle reçoit un appel, le violeur a été arrêté. Il va être jugé car il est accusé d'avoir abusé d'au moins 70 petites filles. Mais comment la jeune femme va-t-elle vivre le procès ?

Je lis régulièrement des témoignages, c'est un genre que j'affectionne et ayant lu des avis positifs de lectrices sur celui-ci, j'ai eu envie de le découvrir.
Ma note de lecture relativement moyenne ne se réfère pas à ce qui est raconté ici car j'ai beaucoup de respect pour l'histoire d'Adelaïde Bon mais à ce que cela a suscité en moi. J'ai parfois été bien mal à l'aise en lisant ce livre car il y a beaucoup de violence.
De plus, j'ai préféré la dernière partie qui évoque le procès car plus factuelle et moins dans les émotions brutes de l'auteur.
D'ailleurs, j'ai été surprise car on n'apprend ce qui s'est réellement passé qu'assez tardivement dans le livre, vers la moitié du témoignage, l'auteur ne l'évoquant qu'assez rapidement avant cela, sans rentrer dans les détails.
Par contre, l'attitude de la Justice lors du procès qui désavoue certaines victimes sans vraiment d'explications m'a interpelée, cela m'a même choquée car je trouve cela profondément injuste. J'aurais aussi aimé savoir les résultats donnés à la demande d'appel du violeur, homme cynique, cruel et menteur.
Cette lecture n'est pas très optimiste, il ne faut pas la lire quand on n'a pas trop le moral.
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Amélie est une jeune femme lumineuse qui passe sa vie à chercher les causes de son mal-être qu'elle s'épuise à dissimuler. Elle traque ce qui ne va pas chez elle, ce qu'il empêche d'être au monde, jusqu'au jour où la brigade des mineurs l'appelle. Dans ce Ce récit d'Adélaïde le Bon, La petite fille sur la banquise, publié en 2018 (Ed. Grasset et Fasquelle) l'autrice retrace sa reconstruction : « J'ai neuf ans. Un dimanche de mai, je rentre seule de la fête de l'école, un monsieur me suit. Après, la confusion. Année après année, avancer dans la nuit »
Une plongée percutante et nécessaire qui agit comme un puzzle de réflexions qui fait sens dans la lutte contre les violences intrafamiliales.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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