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Critique de simoncailloux


C'est en tant que journaliste que Kessel a vécu et commenté la guerre pour Paris-Soir. Son patron Pierre Lazareff sait combien une signature de Kessel fait bondir les ventes d'un journal.

Druon a de la guerre une vision héroïque, très littéraire, qu'il tient de ses lectures l'Illiade et de sa passion pour les récits de la mythologie gréco-romaine. le héros est son type d'homme. Il croit à la grandeur, au dépassement, aux valeurs militaires. Kessel son oncle lui offre Guerre et paix de Tolstoï. Ce sera son livre préféré mais aussi un refuge durant les semaines d'oisiveté et d'inquiétude.

En juin 1940, l'armistice est signé. Germaine Sablon décide de s'enrôler à la Croix-Rouge, qui a besoin de bénévoles. Humanitaire avant l'heure, elle assume différentes tâches. Elle distribue nourriture, vêtements et se démène pour trouver des solutions d'hébergement. En vraie combattante, elle a la volonté de se rendre utile. Avant Kessel et Druon, elle est la première à s'engager dans un réseau de résistance.

Le 16 juin le président de la République nomme Philippe Pétain président du Conseil. le 27 juin après un bref transit à Clermont-Ferrand, le gouvernement s'établit définitivement à Vichy. France-Soir ce fixe à Lyon.

Le 10 juillet l'Assemblée nationale vote les pleins pouvoir constituants à Philippe Pétain. Pendant l'occupation, les autorités allemandes, recense les ouvrages qui doivent être impérativement retiré de la vente ou sont interdit de publication parce que leurs auteurs sont juifs, communistes ou opposants au nazisme. Parmi eux : Thomas Mann, Stefan Zweig, Louis Aragon, André Maurois, Freud, Trotski, Kessel, …

Germaine Sablon a bien connu André Girard, illustrateur et décorateur de Théâtre. André Girard dit « Carte » dans la clandestinité est le fondateur du réseau de résistance carte. Germaine Sablon était en mesure de rendre service à Carte. Ses tours de chant allaient pouvoir justifier ses déplacements. Toutes ces informations sur le réseau carte ont été puisées dans l'ouvrage de Thomas Rabino. le Réseau Carte. Histoire d'un réseau de Résistance, antiallemand, antigaulliste, anticommuniste et anticollaborationniste. OUF ! Ce même auteur a également écrit un livre, en vérité, passionnant sur le résistant Jean Moulin dont je vous recommande vivement la lecture.

Kessel, Germaine Sablon et ensuite Maurice Druon étaient dans la résistance Carte. Kessel sous le faux nom de « Joseph Pascal » et Germaine sous celui de « Tante Aurélie ».

Dans cette seconde guerre mondiale, une résistance intérieure très active, agit maintenant depuis Londres. C'est le FFL Forces française libres. Kessel devient gaulliste pour la vie. Jugez trop vieux, il se voit refuser de combattre dans l'aviation. Quel rôle assigner ici ou ailleurs à Kessel, sinon écrire. Ecrivez donc quelque chose sur la résistance lui propose le Général de Gaulle. Vous le devinez sans doute, Kessel est à l'écriture à Londres en 1943 pour : L'Armée des ombres.

Pour Druon, le roman historique doit coller à la réalité, ne se permettre aucun écart avec elle, aucune fantaisie dans la reconstitution. Pour Les rois Maudits, il a l'idée de s'exprimer sur le plus long procès de l'Histoire, celui que Philippe le Bel intenta à l'ordre du Temple. Ce procès dura sept ans, s'achevant sur le bûcher de l'île de la Cité où périt dans les flammes le Grand Maître de l'ordre, Jacques de Molay. Dans les années soixante-dix, l'adaptation des rois maudits pour la télévision renforce le succès du livre.

Kessel n'a jamais ressenti le désir d'entrer à l'Académie française. Mais ses amis ont eu raison de ses réticences et l'ont convaincu de poser sa candidature. Son neveu Maurice, lui fait valoir le bonheur qu'araient eux ses parents, Samuel et Raïssa, de le voir entrer à l'Académie. Après une courte campagne, Kessel est élu, le 22 novembre 1962. Pour Maurice Druon, son élection à l'Académie française, quatre ans après Kessel, est une apothéose. Il entre fringuant et joyeux, à l'aise sous la cape et le bicorne que son oncle s'était montré timide et gêné.

En 1969, Jean-Pierre Melville adapte au cinéma L'Armée des ombres, roman de Kessel. le casting est impressionnant. Parmi les acteurs ont peut citer : Simone Signoret, Paul Meurisse, Christian Barbier, Lino Ventura.

Kessel tel un vieux lion épuisé ne baisse pas la garde. Il écrit son dernier scénario pour un film documentaire sur Israël, pour Frédéric Rossif, Un mur à Jérusalem.

Lorsque je lis un livre, j'aime déborder, trouver d'autre liens à partir de documents scripturaux ou Internet pour étoffer les données du livre avec un rapport proche ou plus lointain. C'est ainsi que j'ai rebondit sur la magnifique chanson de Rika Zaraï, israélienne, née à Jérusalem. La chanson est Un mur à Jérusalem qu'elle chante en français et en hébreux.

Le général De Gaulle décède le 9 novembre 1979. Ses funérailles à Colombey sont télévisées. « le soir vers 18 heures, la télévision retransmet l'hommage de la ville de Paris au Général. Les officiels puis la foule des Parisiens remontent les Champs-Elysées jusqu'à l'Arc de triomphe, comme le jour de la libération de Paris. A l'antenne les voix de deux commentateurs s'alternent et se répondent. Kessel assiste depuis son fauteuil. Pour lui, l'émotion est particulière : elle ne tient pas seulement aux images qui lui rappellent les temps glorieux. Elle tient à l'une des voix qui s'exprime. C'est en effet « Maurice » qu'il entend en alternance avec « Léon Zitrone. »

Pour ses vieux jours, Kessel se retire, avec son épouse Michèle et son chat Moustapha au calme de la campagne à Avernes situé à près de 50 km de Paris. Il y reçoit Yves Courrière son biographe, Georges Walter, de temps à autres ses neveux. Georges Walter l'incite à écrire, lui prodigue des suggestions mais c'est peine perdue. Il n'en a plus le courage et demande qu'on le laisse en paix. Outre sa phobie de l'écriture, Kessel est rongé par une autre peur, toute aussi obsédante et douloureuse, celle de mourir et de laisser seul son épouse Michèle. Michèle a été marquée par les violences d'un père alcoolique. Elle est elle-même alcoolique et cela tourne en peur, cris, jalousie, pleurs, sentiments d'abandon lorsque Kessel s'adonnait trop à l'écriture. Cela a été un couple aimant. Kessel s'est beaucoup occupé d'elle. Il a été inspiré pour écrire un livre sur les alcooliques anonyme. Michèle a écrit un livre retraçant son enfance et son addiction à l'alcool : La promesse, mais contrairement à l'espérance d'un livre thérapeutique, ce livre n'a pas chassé ses démons.

C'est le quatrième livre que je lis de Dominique Bona. Toutes ces biographies s'articulent sur une grande recherche de supports qui contribuent à un résultat assez complet et de qualité. Les nombreux renvois en bas de page en attestent. En faire une chronique n'est pas aisé car tant de choses paraissent importantes aux lecteurs. Les choix sont subjectifs. Pour compléter mon avis, c'est un livre qui se relit. Pour mieux s'y retrouver on peut imaginer mettre un index des éléments essentiels par exemple, résistance, Académie française, épouse, titre de livre, pays visité... Ce travail important permettrait d'orienter sa lecture, relecture.



Pour terminer en guise de conclusion les paroles du Chant des partisans nous les devons à Kessel et Druon. La musique est russe. Nous la devons à Anna Marly. Bien des personnes l'ont chanté dont Germaine Sablon en primeur.

C'est un livre à recommander pour les amateurs de biographies, d'histoire et de récits d'aventures.

A la suite d'une opération masse critique privilège, je remercie Babelio, les éditions Gallimard et Dominique Bona. Grâce eux, j'ai passé de passionnants moments et élargi mes horizons culturels et linguistiques.

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