Citations sur Stefan Zweig (40)
Mais pour lui-même, son idéal de la femme ne variera pas : c'est bien la servante-maîtresse, ombre familière et discrète qui l'incarne, chargée le jour des soucis quotidiens, la nuit offrant son corps sans rien demander en échange de ses offrandes qu'une caresse parfois, comme un bon chien.
On peut mourir de nostalgie.
Une plus forte dose d'égoïsme et de manque d'imagination m'aurait beaucoup aidé dans la vie, mais à mon âge, on ne change plus.
Il n'écrira jamais contre, mais toujours pour.
Le premier texte en prose publié a pour vrai sujet, à travers une péripétie du peuple juif, tellement malmené par l'Histoire, la prédestination au malheur. Le jeune Zweig, si enthousiaste, si viennois, la porte au plus profond de lui.
Stefan Zweig a eu très tôt la révélation que la liberté lui viendrait d'ailleurs, d'un univers parallèle où, contrairement à celui où il vit, nul ne subit de contraintes. Il s'y sent heureux, léger. C'est l'univers des poètes et des écrivains, l'univers des livres et du théâtre. Sensations, émotions, aventures : tout ce dont la vie bourgeoise est avare, l'art en est prodigue.
Tel un voyage perpétuel, il lui apporte la lumière et le grand air dont son époque, l'empire et sa famille l'ont obstinément privé. Il met à lire et à rêver, à écouter de la musique ou à réciter des poèmes, un enthousiasme fiévreux, qui ressemble à un premier amour.
Au fond de lui, la révolte est profonde, même si elle se manifeste dans le silence et le secret, dans la promesse qu'il se fait à lui-même de n'être jamais de ceux qui deviennent des maîtres et entendent infliger leurs commandements au monde.
Stefan se souviendra toute sa vie du bruit de taffetas de la robe glissant sur les parquets, lui annonçant l'entrée soudaine de sa mère dans sa chambre, et le nuage de son parfum.
Ses parents, qui ont veillé à ce que leurs fils reçoivent l’éducation la plus complète mais aussi la plus raffinée, lui ont fait rendre des cours de danse et de patinage : à Vienne, un jeune homme bien élevé doit savoir danser dans les bals et patiner sur la glace. Mais Stefan sécha les cours, et transforma en livres les sommes que ses parents lui donnaient pour aller valser. Résultat : à dix-neuf ans, il ne sait pas nager, il n’est jamais monté sur une bicyclette, ne pratique ni le tennis, ni aucun jeu de balle, ni même la course, sauf quand il est en retard pour ses cours. Bien que son époque commence à s’intéresser au sport et vante ses bienfaits physiques, il appartient à une génération qui s’est très bien portée de n’avoir jamais pratiqué aucun exercice, de n’avoir jamais dispersé une énergie précieuse. Aussi Stefan Zweig est-il un jeune homme très mince mais peu musclé, pâlot, et dont les longues mains blanches ne savent que feuilleter un livre ou tenir un porte-plume.
Le cercle de famille
C’est un jeune homme svelte, aux yeux de velours noir, aux manières feutrées, au sourire d’exquise courtoisie. Il a dix-neuf ans en 1900. Il fume cigarette sur cigarette, se lève et se couche tard, ne pratique aucun sport et, lorsqu’il ne joue pas aux échecs ou au billard, passe sa vie à lire ou à discuter. On le voit beaucoup dans les cafés. Fils d’un industriel qui a fait fortune dans le textile en Bohême, il peut s’offrir le luxe de ne pas songer à travailler. Tandis que son frère ainé, Alfred, vingt et un ans, se prépare à succéder à leur père à la tête de ‘entreprise familiale, il est libre d’envisager un avenir sans carrière. A l’aube de ce XXe siècle, qu’il aborde d’un cœur enthousiaste, il a tout le temps devant lui, pour étudier, pour rêver, pour écrire – et jouir à sa manière d’une existence libre et heureuse. A la fois dorée et bohème. ….. Son nom de famille, Zweig, signifie « petite branche » ou « rameau ».
L’illusion du bonheur
Un jeune homme viennois