AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,72

sur 27 notes
5
5 avis
4
3 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis
Cette bande dessinée est un joli conte, avec une pincée de fantastique, qui propose à la fois un petit voyage cinématographique et sociologique des plus intéressant.

Le héros, Leonid Miller, est un solitaire, lassé du tumulte de la compagnie de ses semblables, cinéphile, discret, effacé, à tel point qu'à la sortie d'une séance de cinéma, dès les premières pages, il devient invisible, inaudible, avec petit atout sympathique, celui de pouvoir traverser les portes sans les ouvrir, et même les murs.

L'histoire enchaîne diverses péripéties qui vont le conduire sur les plateaux de cinéma où il fera une rencontre inattendue... pour un gentil dénouement qui ne tombe pas du tout dans la mièvrerie et que j'ai personnellement bien apprécié, notamment par la richesse des couleurs des dernières pages.

D'ailleurs, c'est l'ensemble qui est présenté dans des teintes orangées ou bleutées et les dernières pages en accentuent la lumière pour donner une image de ce qui pourrait bien devenir un bonheur simple très agréable à imaginer.

Commenter  J’apprécie          660
Cinéphile passionné, passant son temps dans les salles obscures, Leonid Miller va peu à peu perdre sa corporéité. ● En s'investissant trop dans des oeuvres immatérielles, Leonid devient une sorte d'ectoplasme qui passe à travers les murs et les gens et n'est plus visible. ● La trame narrative est simple et si les dessins sont beaux et le code des couleurs bien choisi, je n'ai pas été emballé plus que ça par cette oeuvre qui se lit agréablement et vite mais manque de profondeur. Il me semble que le thème principal aurait pu donner lieu à des développements plus intéressants et plus complexes.
Commenter  J’apprécie          512
"L'homme qui n'existait pas" est un one-shot BD paru en 2012 aux Ed. Futuropolis. Il est signé Cyril Bonin.

Tout du long de la soixantaine de pages que compte l'album se déroule le destin singulier d'un anti-héros dans la force de l'age: Léonid Miller. C'est un homme lambda, falot et solitaire, désabusé de lui-même, des autres et du monde. Il n'est plus en phase avec les fréquences humaines qui l'entourent, ne vibre plus à l'unisson d'une société qui file sans lui vers des horizons qui ne sont plus les siens.

La 4 de couverture le propose en outre:

"Cinéphile, passionné par les histoires qui défilent sur les écrans des salles obscures,...[qui]...découvrira bientôt qu'on ne peut se détourner impunément de la réalité.
De fait, un soir, il disparaît littéralement..."

Seuls comptaient le 25 images/seconde, la réalité virtuelle trompeuse de ce qui s'anime sur la toile blanche des ciné-clubs de quartier. le voici maintenant et désormais: silhouette mobile en flaque de lumière verdâtre, plaquée en 2D sur le décor de son quotidien, fantôme tremblotant au bout du cône lumineux d'un projecteur magique.

"Il lui semblait...[ ]... que les personnages de fiction avaient une présence bien plus dense et plus profonde que la plupart des gens...que la sienne en tout cas."

Personne ne le voit ni ne l'entend, ses mains passent au travers des choses et des gens. Ni vivant, ni mort; juste dans l'entre-deux, au coeur de l'inexistence, il ne manque à personne, se sent désormais assigné au néant ... si ce n'est que quelqu'un l'attend, un être qui... mais la suite appartient au récit.

Dans les bacs du bouquiniste, sans le titre qui déjà promettait de coller à merveille au propos de la 4 de couverture, sans les pages feuilletées à la hâte qui montraient que j'étais en pays du "Passe-muraille" de Marcel Aymé (que j'avais tant apprécié), je serai passé à côté. le pitch onirico-fantastique, par résurgence mémorielle, a fait remonter des récits similaires déjà lus et aimés. J'en ai voulu retrouver l'ambiance. Bien m'en a pris. Un autre Garou-Garou m'attendait au creux de dessins attirants et sur le fil d'un scénario précis.

Vous souvenez-vous du "Passe-muraille" (1941), une nouvelle célèbre, teintée du Fantastique soft typique de Marcel Aymé ? Pour mémoire, elle décrit le destin étrange et tragi-comique d'un Monsieur-Tout-Le-Monde à qui est accordé subitement le pouvoir surnaturel de traverser les murs. le don offert et finalement repris, oscillant entre bienfait et malédiction, lui permet de transgresser son morne quotidien, d'améliorer l'ordinaire par le vol. Etrange itinéraire de voyeur vite désabusé jusqu'à un épilogue pour le moins logique et définitif.

La nouvelle d'Aymé et le roman graphique de Bonin ont les mêmes qualités: la facilité de lecture et de compréhension, un style d'écriture de qualité, un Fantastique classique lentement et habilement mené à conclusion, sans hâte ni précipitation excessive. Bonin, en nos temps modernes où le Fantastique se déguise de Gore et d'Horrifique brutal, se montre au culot en décalage doux et poétique, presque romantique. A près de 80 ans de distance, l'écrivain et le dessinateur-scénariste usent des mêmes armes: celles de la douceur de contes faussement simples, comme racontés à de vieux enfants à deux doigts du sommeil; celles de deux thèmes voisins en empreintes fortes sur la banalité du quotidien; celles de la nouvelle littéraire qui va à l'essentiel et ne s'embarrasse pas de digressions. Les récits plongent le lecteur dans des atmosphères d'essence identique, douces et intrigantes, oscillant sans cesse entre rêve et réalité, entre conte et étude psychologique serrée d'anti-héros inattendus. La nouvelle donne de leurs existences les font osciller entre attirance et désespoir.

Les deux récits se posent au plus près du lecteur, les messages portent et marquent. Au final, le souvenir d'avoir lu et apprécié l'un et l'autre s'incruste durablement en mémoire. Bonin use de l'hommage et ne s'en cache pas: il a déjà adapté "La belle étoile" d'Aymé en BD chez le même éditeur.

Le parallélisme avec Aymé coexiste avec un rapprochement à établir avec un auteur US de Fantastique (1917-1994): Robert Bloch* (le scénariste de Psychose d'Hitchcock). Passionné et professionnel de cinéma, une de ses nouvelles est en rapport direct avec notre propos: il y imagine que son héros immatériel peut, à volonté, se déplacer d'une pellicule ciné à l'autre, d'une scène hollywoodienne mythique à l'autre. On le voit à l'écran, toujours en arrière-plan, dans la foule anonyme des figurants, jamais à la même place d'un visionnage à l'autre, toujours enclin à induire une uchronie cinématographique dans les milliers de films qu'il squatte temporairement. Il est peut-être aussi là, face à nous, au coeur du recueil de Marcel Aymé, entre les pages colorées de l'album de Cyril Bonin. Jamais, d'une lecture à l'autre, dans les mêmes phrases de l'écrivain, au sein des mêmes vignettes de Bonin, toujours enclin au clin d'oeil souriant à nous adressé.

*: peut-être est-ce Robert Matheson, après tout ? Quelle importance..? Je les confond toujours, tous les deux, dans les mêmes intentions fantastiques (peu les sépare), au creux de la même époque (ou presque), dans leurs penchants immodérés et obsessionnels pour le cinéma, dans la supériorité de l'un et l'intérêt presque fanique que je porte à l'autre...?

PS: Je viens de vérifier. C'était bel et bien Robert Bloch. Le titre de la nouvelle est "Le monde de l'écran"; elle est parue dans le recueil "La boite à maléfices" (Autres temps autres mondes,Casterman ed.)
Lien : https://laconvergenceparalle..
Commenter  J’apprécie          150
La solitude c'est comme être transparent... et si un jour à force d'être seul on disparaissait, purement et simplement...
Commenter  J’apprécie          80
Après La Belle Image qui conte le changement du visage d'un homme qui remet toute sa vie en question, l'auteur Cyril Bonin poursuit sur ce thème avec l'homme qui n'existait pas. En effet, en l'espèce, l'homme devient invisible aux yeux du monde. Pour l'originalité de l'oeuvre, il faudra repasser. Néanmoins, j'ai beaucoup apprécié ce nouvel opus qui plonge également dans les vieux films de cinéma comme pour donner une nouvelle dimension.

L'homme est informaticien. Il ne réagit pas avec les sentiments mais avec les faits. Il est seul et travaille constamment avec la machine. C'est lui qui va disparaître comme pour nous faire comprendre de la vacuité de l'existence. A force de s'isoler pour se protéger des autres, il finit par disparaître. Il est condamné à hanter les lieux. Or, il va faire une rencontre qui va tout changer et mettre un peu de piment à sa vie. En réalité, c'est sa passion pour le cinéma qui va lui ouvrir certaines portes.

J'ai aimé cette fable sur l'identité humaine. Elle est très subtile d'autant que sa conclusion laisse place à l'espoir. Encore une fois, l'auteur arrive à nous subjuguer grâce à une incroyable lisibilité de son récit malgré une approche très intimiste et le peu de dialogue.
Commenter  J’apprécie          60
Dans cet album, Cyril Bonin met en scène Léonid Miller, un informaticien et cinéphile solitaire ne sortant de son appartement que pour fréquenter les salles obscures. En vivant ainsi, en marge de la société, Léonid tente d'échapper à "cette mascarade" où selon lui, chaque individu est "programmé par la société". Mais à force de se tenir à l'écart du fourmillement de la ville et de la vie qui en émane, Léonid finit par s'effacer, se dématérialiser. Son esprit est toujours là, actif, vivant, mais son enveloppe charnelle n'est plus... Commence alors l'errance de Léonid à travers la ville ; une errance marquée par sa rencontre avec une jeune actrice dans laquelle il reconnaît les symptômes de son propre mal . Parviendra-t-il à la sauver à temps ?

Avec "L'homme qui n'existait pas", Cyril Bonin nous livre un très bel hommage au septième art. On retrouve d'ailleurs au fil des pages, quelques scènes tirées de grands classiques du cinéma comme "La mort aux trousses" d'Alfred Hitchcock. le cinéma est au coeur de son récit et lui permet d'aborder notre rapport au monde et à ceux qui l'habitent avec beaucoup de finesse et de sensibilité.

Je tiens à dire quelques mots sur l'une des dernières planches (page 54 pour être précise). Sur celle-ci, Léonid murmure à l'oreille de Françoise, tentant de dissiper ses doutes et la convaincre de son talent. En tenant ce discours empli d'une confiance et d'une assurance nouvelles, Léonid leur permet à tous deux de redevenir des êtres vivants en chair et en os.
Cette scène m'en a rappelé une similaire dans le dernier album de Cyril Bonin intitulé "Amorostasia". Tandis que Léonid et Françoise regagnent leur enveloppe corporelle et acceptent finalement de vivre dans le monde qui est le leur, Olag et Kiran, eux, disparaissent volontairement du monde réel pour ne plus vivre qu'exclusivement dans le regard de l'autre... Ce parallèle m'a frappé dès ma première lecture.

Une très belle lecture, introspective, mélancolique, pleine de sensibilité mais aussi d'optimisme.
Commenter  J’apprécie          51
Récit plus puissant qu'il n'en a l'air : c'est un conte de notre époque.
M. Cyril Bonnin nous raconte une aventure imaginaire à fortes résonnances émotionnelles, mais pas que...

Vouloir s'isoler des autres, ce n'est pas nouveau. Actuellement c'est si facile : rester derrière son écran, pour travailler, s'approvisionner ; plus besoin d'entrer en contact avec ses contemporains. Mais plus on s'isole, plus il devient difficile (même pas d'aller vers l'autre puisqu'on en a de moins en moins envie) de croiser l'autre. Et on croit se suffire à soi-même.

Le personnage a organisé sa vie pour se complaire (?) dans sa solitude. Sa passion pour le cinéma, pas l'actuel, les grands films américains de l'après-guerre, (ce qui est aussi un décrochage par rapport à sa temporalité) le font tout de même sortir de sa tanière pour le plaisir des salles obscures. Et se sera sa chance. Sinon, il ne se serait pas rendu compte qu'il devenait...un ectoplasme. Passion salvatrice, qui lui fera inverser le phénomène en réveillant une jeune actrice, qui, sans lui, aurait subit le même sort.

Le trait, comme le récit est élégant et léger avec une palette réduite aux ocres, verts et gris-bleus, utilisée avec maestria. Les rais de lumière, les faisceaux sont ceux du cinéma. Et quel passion pour ce cinéma !

L'auteur, au fond, parle de lui et donc de nous, quand nous nous laissons immerger dans ces univers de rêve.

Ce récit m'a évoqué le très beau film de Visconti "Violence et passion" : un vieux professeur isolé dans sa maison entre ses livres d'art et sa musique, se retrouve envahit par une famille turbulente, dérangeante, qui lui fera reprendre contact avec la vie, mais un peu tard pour lui.

Encore une belle BD à offrir, à faire circuler, puisque les contes, en douceur, nous permettent de réfléchir à notre existence, au lieu de la laisser s'écouler, comme de l'eau, du sable qui file entre les doigts
Commenter  J’apprécie          51
A force de se couper des autres, Leonid finit par perdre son existence physique, son enveloppe charnelle. Il n'existe plus aux yeux des autres qui ne le voient plus. En rencontrant une jeune actrice menacée de la même disparition, sa vie reprend sens. Une histoire fantastique, des couleurs bleues pour traduire la mort et la disparition, l'invisibilité et des couleurs marron -orange pour le retour à la vie. Un hommage au cinéma sur certaines planches.
Un peu court.
Commenter  J’apprécie          40
J'ai adoré l'histoire de cette bande dessinée empruntée à la médiathèque. Un jeune homme, informaticien et cinéphile constate un jour en sortant du cinéma qu'il a « disparu ». Il a faim, il marche dans les rues et peut rentrer chez lui mais personne ne le voit, ne l'entend et il ne peut attraper aucun objet ! On le suit ainsi quelques temps, son appartement est reloué et il élit alors domicile dans le cinéma qui lui est si cher. C'est là qu'il assiste à une séance de rediffusion d'un vieux film qui a été choisi par la jeune actrice invitée. Il découvre alors qu'elle n'est pas si superficielle qu'il l'avait cru et il va la suivre sur le tournage de son film les jours d'après. C'est alors qu'il entend les techniciens constater que l'actrice est en train de disparaître de la pellicule !!!
Une très belle idée avec une fin heureuse comme je les aime.
Commenter  J’apprécie          42
Léonid Miller a décidé très tôt d'être indépendant vis-à-vis de la société. Il ne se mêle pas aux autres ou juste pour sa passion : le cinéma. Mais un soir, il devient invisible, intangible. Il disparaît.

Voilà une bande dessinée qui raconte un mal contemporain, la solitude, mais pris sous un autre angle. Si l'on choisit d'être solitaire, de n'avoir aucun contact, c'est désormais possible avec la technologie d'aujourd'hui. C'est ce qui permet à Léonid de vivre, en se mêlant à la société le moins possible. S'il aime aller au cinéma, s'il trouve "Que les personnages de fiction avaient une présence bien plus dense et plus profonde que celle de la plupart des gens", il n'est pas acteur de sa propre vie. Avec peu d'effets, l'auteur montre comment son personnage se détache de la réalité, jusqu'à ne plus exister. Lui qui n'éprouvait pas le besoin d'autrui est désormais embêté : comment satisfaire ses besoins, qu'ils soient nécessaires ou pas, si on n'existe pas ? Raconté simplement, sans fioriture, Cyril Bonin nous invite à découvrir cet homme, qui va devoir malgré lui, devenir acteur de sa propre vie. Quant au deuxième acte, il raconte la rencontre entre cet homme et une femme, une actrice. Un récit fantastique où l'imaginaire de la situation se mêle au quotidien.
Le graphisme choisi colle magnifiquement au récit. Une ligne simple et réaliste, élégante. Raccord avec le scénario, les plans choisis permettent une "ballade". On découvre cet homme, on se promène avec lui, on fait la rencontre. Aucune précipitation, une fluidité magistrale, un rythme maîtrisé de bout en bout. "L'effet" pour montrer l'aspect de Léonid Miller est bien choisi. Alors que le personnage n'existe plus, ce qui est autour de lui n'est que couleur terne. La seule note chatoyante vient de deux endroits : le personnage et la lumière du cinéma. Encore une fois, je me répète, c'est simple, direct et élégant.

L'homme qui n'existait pas est un récit magnifique, qui va à l'essentiel. Cyril Bonin maîtrise toute la palette de la simplicité pour un maximum de ressenti. On ressort de cette lecture avec une petite chaleur au coeur du ventre.
Lien : http://temps-de-livres.over-..
Commenter  J’apprécie          42




Lecteurs (52) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5239 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}