Au moyen âge, la réponse eût été facile. Le mot artiste n'existait pas dans la langue, l'art et le métier ne faisaient qu'un. Faire de l'industrie, c'était faire de l'art, et réciproquement: on était ouvrier, on avait plus ou moins de talent, voilà tout. Prenez les peintres du temps les plus à la mode, ceux de la cour, si vous voulez. Ils ne font pas seulement des tableaux, mais tout ce qui concerne leur état : des modèles de broderies, de meubles, de chandeliers, d'étoffés, d'ornements d'église ; au besoin, ils décorent des harnais et des litières.
La bonne intelligence dura jusqu'au XVIIe siècle, quand le peintre, se séparant de la maîtrise, fonda l'Académie de peinture. De ce jour date l'aristocratie des architectes, des peintres et des sculpteurs, — le divorce de l'art et de l'industrie.
Qu 'est-ce qu'un artiste?
S'il faut en croire les dictionnaires, on appelle artistes les architectes, les
peintres, les sculpteurs, les graveurs, ceux qui cultivent les arts libéraux, par opposition aux artisans qui s'occupent des arts mécaniques, comme les menuisiers, les serruriers, les forgerons, etc.
L'union de l'art et de l'industrie était sage, intelligente, bien assortie; elle fut féconde. Nos écoles et nos ateliers lui doivent cinq siècles au moins d'un éclat et d'une prospérité incomparables.
Jadis le beau et l'utile naissaient de la même pensée.