AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,08

sur 30 notes
5
9 avis
4
13 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Disons d'abord notre admiration devant une auteure qui révèle petit à petit différentes facettes de ses multiples dons et talents : qu'une historienne ayant écrit sur la La maladie et la foi au Moyen Âge soit capable de produire un vrai roman, et qui plus est un roman historique et policier, deux en un, voilà qui m'émerveille. Saluons ce qui est plus qu'une performance : c'est une réussite.
On se glisse avec plaisir dans l'histoire que d'autres avant moi, en de très bonnes critiques, ont décrite. Même si le sujet est dramatique - il s'agit d'élucider une affaire criminelle -, on retient avant tout de ce roman qu'il est beau et que sa lecture est savoureuse. D'abord parce que Lydia Bonnaventure nous brosse le portrait de personnages hauts en couleur, que ceux-ci aient réellement existé ou qu'ils soient sortis tout droit de son imagination. Avouons que, d'emblée, on ne fait plus trop la différence, tant les uns et les autres nous semblent plus vrais que nature, comme si tous avaient vraiment vécu ensemble.
L'apohicairesse Frénégonde, soeur jusque-là inconnue d'Hildegarde de Bingen, s'impose ainsi à nous, avec son caractère où l'auteure a dû mettre, comme en reflet, un peu - ou beaucoup - du sien, ou de ce qu'elle aimerait être : généreuse, "pétant la vie", n'ayant pas la langue dans sa poche et jurant plus souvent qu'à son tour, mais compétente et efficace en son art, celui de guérir maux et blessures avec les plantes médicinales les mieux adaptées au cas et à la personne.
Quelle femme et quelle trempe !
Tous les noms de saints et de saintes pourraient être employés "exclamativement" dans ses jurons. Ne la voit-on pas, dès le début, pousser un cri qui résonne comme un blasphème, en constatant qu'un vol a été commis dans son échoppe tandis qu'elle s'en était allée couper des herbes aromatiques dans son potager ? Et d'incriminer de suite les saltimbanques qui ne cessent de rôder autour de sa boutique et qui ne craignent même pas d'importuner les plus riches de ses clientes en leur faisant l'aumône.
Cette femme pas comme les autres a sans doute en horreur les gens qui ne savent rien faire de bien. C'est qu'elle a, avant tout, un grand coeur, et qu'elle est capable de soulager les maux des paysans qui travaillent aux champs ou à la vigne. Les épouses de ces besogneux viennent souvent la trouver et la solliciter tôt matin, leurs compagnons ayant passé une longue nuit à gémir de douleur.
Née à Bermesheim, dans le Palatinat, elle a migré à Alzey, ville protégée par un château fort dont la construction s'est achevée en 1118, l'année même où fut créé l'ordre des Templiers. Très tôt, elle a appris à connaître les vertus des plantes, soignant les maux de gorge de son père avec la menthe, le thym et le romarin. S'éprenant du fils du commerçant qui les lui vendait, Frénégonde avait surtout goûté le gentillesse de ce garçon, prénommé Eberhard, timide à souhait et visiblement troublé par elle, mais connaissant sur le bout des doigts l'art de soigner avec les herbes et recommandé par le médecin des lieux, Auderic. Un rendez-vous pour parler des propriétés de ces produits bienfaisants issus de la nature fut l'occasion pour nos deux tourtereaux de se rapprocher de très près et de se dire, sans mots inutiles, un amour fou et partagé, et heureusement approuvé par leurs parents respectifs. Court bonheur interrompu par la passion d'Eberhard pour les plaisirs équestres. Son cheval avait chuté dans une fosse creusée par des chasseurs, et, dans la culbute, le crâne du cavalier s'était fracassé sur une pierre. Toute la science connu de l'époque fut impuissante à empêcher la triste conclusion de cette chevauchée. Frénégonde venait déjà de perdre en peu de temps son beau-père et ses parents. Et voilà que c'était maintenant son époux chéri qui s'en allait. La foi chrétienne de la jeune femme en fut ébranlée et amoindrie. Seule consolation, Ebehard lui laissait un fils, Gottfried. Elle le destina à la profession d'apothicaire pour qu'il marchât sur les traces du défunt. Till, envoyé par Auderic, pour remplir dans l'intervalle l'office vacant, s'entendit avec Frénégonde pour la laisser tenir la boutique, décision reconnue par la confrérie des médecins. Plus tard, Till quitta Alzey pour Mannheim et Gottfried prit la relève.
Voilà pour l'entrée en matière de ce roman. Et l'intrigue ? Tout commence avec l'enquête de moralité entreprise auprès des membres de la famille d'Hildegarde de Bingen, qui est appelée à devenir la responsable de la communauté de soeurs dans laquelle est entrée, un choix qui est contesté par une rivale qui envoie une connaissance à elle interroger Frénégonde.
Nous ne dirons pas la suite, qui est forte, avec l'entremêlement de situations, à Alzey tout comme dans le couvent, où l'on fait d'un côté la découverte d'un blessé et de l'autre où l'on se met à supposer qu'une religieuse a été mystérieusement inhumée. Tout se noue là, et nous ne dévoilerons pas la suite, car l'on se prend au jeu et l'on suivra avec plaisir cette enquête jusqu'à son dénouement.

La romancière Lydia Bonnaventure, en écrivant Frénégonde, aura su nous faire partager son bonheur d'une écriture plus libre que celle de l'historienne qu'elle est et reste par ailleurs. J'en suis d'autant plus ému et admiratif que je rêve moi aussi, secrètement, de venir un jour au roman. Mais que je n'ai pas encore trouvé, comme Lydia, la recette ou la plante miraculeuse dont il me faudrait retirer tout le bénéfice, pour me muer, comme par magie, en auteur de fiction.

François Sarindar
Commenter  J’apprécie          10523
Un polar dont l'action se situe au Moyen-âge, quelle belle idée !!!

le personnage central, Frénégonde, est une féministe avant l'heure, au caractère bien trempé, tonitruante, qui règne en maître sur son échoppe. Apothicairesse ! Ou Dame apothicaire, comme on veut, un métier sympathique ! elle est tellement bien décrite qu'on l'imagine manipulant ses plantes et ses fioles. Elle a son franc-parler, une gouaille qui fait qu'on l'aime tout de suite.

Hildegarde a bien existé et Lydia Bonnaventure utilise le fait que certains de ses frères et soeurs ne sont pas clairement identifiés pour créer une soeur virtuelle, notre héroïne pour conter cette histoire. Les deux soeurs sont l'antithèse l'une de l'autre pour notre plus grand plaisir.

Tous les personnages sont fouillés, creusés, qu'il s'agisse de Thibald l'officier qui mène l'enquête, dont l'histoire familiale est riche de secrets, de souffrances, Hildegarde ou de Gottfried, le fils de Frénégonde, amoureux transi, la mère supérieure et le mystérieux jongleur, entre autres…

J'ai aimé cette atmosphère, la façon dont l'auteur emploie les mots, le vocabulaire, les tournures de phrases de l'époque, et la société du Moyen-âge, l'importance de l'Eglise, la vie quotidienne du monastère. On est loin de la parodie « des Visiteurs »… Qui parle de nos jours d'apothicairesse, truandaille, oblate, enfançon… Un retour vers le passé à ce rythme-là, et sans caricaturen j'en redemande, c'est vraiment un beau voyage et je me serais volontiers invitée à leur table.

Il faut quelques pages pour s'imprégner de la langue, et ensuite c'est une lecture savoureuse qui nous attend, dans tous les sens du terme car les ripailles sont fort sympathiques, et une fois qu'on est transposé en 1135, la magie opère…

J'ai lu lentement pour faire durer le plaisir, sans me demander qui était le coupable et pourquoi, en allant de temps en temps faire un tour sur le site de Lydia Bonnaventure qui a donné sur son site des photos de Alzey et de la région, car elle a visité les lieux ; par contre j'ai lu les cinquante dernières pages d'une traite ; en immersion totale.

Je retiens une scène hilarante : l'enivrement au vin de messe !

Un bon polar, une belle écriture, des dialogues assez truculents (certains échanges entre Frénégonde et Thibald en particulier) un sacré travail de recherche car tout est vraisemblable … j'espère que l'auteure va continuer sur sa lancée…

Note : 8,5/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
Commenter  J’apprécie          779
Nous sommes en 1135, dans le petit village d'Alzay. Tout de suite nous faisons la connaissance de Frénégonde, dame apothicaire qui semble ne pas avoir sa langue dans sa poche. Elle mène sa boutique d'une main de maître, son entourage n'a qu'à bien se tenir. Elle ne se soucie guère des convenances, pour notre plus grand plaisir.

Et nous voilà embarqués dans une histoire de vol, d'agression, puis d'un meurtre mystérieux.
Ainsi Frénégonde se dévoilera dans toute sa splendeur. Elle n'est pas seulement douée pour les plantes, elle est aussi une fine enquêtrice et saura prêter main-forte à l'officier Thibald. Tous les deux font la paire pour mener l'enquête, s'accommodant de leurs différences.

Dans ce polar médiéval pétillant, on se prend une tranche d'histoire tout en se prenant une tranche de rire, et on en redemande. L'histoire met en scène un personnage qui a réellement existé : Hildegarde de Bingen, une religieuse, ainsi que quelques membres de sa fratrie. Bien sûr Lydia Bonnaventure y a mis son grain de sel, ajoutant dans le chaudron des herbes de son talent, rendant l'histoire médiévale plus digeste et plus drôle.

J'ai vraiment été agréablement surprise à la lecture des aventures de Frénégonde et de Thibald. J'espère qu'il y aura une suite, ou tout au moins, une autre histoire dans le même goût, avec ce langage si dépaysant, ses personnages si attachants.
Commenter  J’apprécie          542
Voilà un roman médiéval qui ne ressemble à aucun autre ! Bien sûr, c'est d'abord une mine d'information sur la vie au douzième siècle et le métier d'apothicaire, ainsi que celle dans les couvents de cette époque, où le personnage d'Hildegarde de Bingen a réellement existé. Lydia Bonnaventure, en médiéviste accomplie (déjà auteur de l'essai : La Maladie et la Foi au Moyen Âge) se fait un plaisir de nous dépeindre cette société bigarrée, comme s'il elle y avait toujours vécu. Ensuite, c'est une intrigue, une enquête menée tambour battant, qui nous entraîne sans férir jusqu'à la dernière page. Mais surtout, et c'est là que réside toute la magie de l'affaire, on ne peut que se réjouir avec l'ambiance qui s'associe à ce personnage truculent de Frénégonde ! Est-ce d'avoir été si longtemps imprégnée de littérature médiévale et, surtout, de l'étude des fabliaux, que l'auteur nous restitue cette gouaille joyeuse et parfois délirante qui rappelle tant le théâtre populaire de l'époque ? À moins qu'elle ne s'inscrive automatiquement dans le genre qui en découle, mêlant humour et pamphlet, dans la veine d'un Marcel Aymé. Cela donne un très agréable voyage dans le temps et je souhaite longue vie à cette enquêtrice hors du commun dont j'espère bien suivre de nouvelles aventures ! Merci chère Lydia pour ce moment d'évasion hors pair…
Commenter  J’apprécie          333
Je ne refais pas le pitch, Eve-Yeshe03 septembre 2016 l'a déjà fait pour moi et fort bien formulé ; je suis en total accord avec sa critique.
Mon dieu ( c'est le cas de le dire!) qu'elle est attachante cette rustaude de Frénégonde … tous les personnages sont d'ailleurs attachants !
On entre tout de suite dans l'histoire, dans l'intrigue, on cerne bien tous les personnages savamment et finement ciselés . L'atmosphère (moyen-âge, couvent , …) est extrêmement bien rendue, on y est ! le roman est très bien documenté .
Que dire de plus , je suis fan !
Ha ! Si, un GROS reproche cependant : trop, trop, trop court, trop vite lu ( avec plaisir) … une suite peut-être ? Ou un autre roman se situant au Moyen-âge ?
Commenter  J’apprécie          3210
Frénégonde est une sacrée bonne femme, avec un tempérament qui décoiffe et une langue bien affûtée. Cette apothicaire, plus toute jeune et au caractère bien affirmé, va se retrouver mêlée à un vol, une agression mystérieuse et à des meurtres tout aussi étranges. Ajouter à cela des secrets familiaux, un style impeccable et des petites pointes d'humour parsemées un peu partout tout au long du récit, et vous obtenez un roman qui se lit d'une traite et avec un grand sourire.
Frénégonde est l'héroïne de ce court roman historico-policier qui m'a beaucoup plu.
Il m'a fait penser aux aventures du moine Cadfael, d'Ellis Peters, car on y trouve des tas de points communs comme le métier d'herboriste ou d'apothicaire, la vie quotidienne dans un monastère et une ambiance moyen-âgeuse particulièrement vivante et décrite avec minutie et chaleur.
Il règne une atmosphère très agréable dans cette histoire, on se sent immergé dans l'intrigue dès les toutes premières pages, et l'histoire, bien que semblant un peu décousue au premier abord, est en réalité bien construite et ce, jusqu'à la fin. L'intrigue quant à elle est finement menée, et avec humour s'il vous plaît !
Une suite serait la bienvenue car Frénégonde est un personnage que j'aurais très envie de retrouver.
Commenter  J’apprécie          303
J'avais déjà eu la chance de lire le premier livre de Lydia Bonnaventure intitulé "La maladie et la Foi au Moyen Âge". Une lecture qui m'avait marquée car, parmi ses lignes, et ses entre-lignes, il en ressortait quelque chose de plus fort que tout, sa gentillesse.
C'est précieux et fort, la gentillesse, et cela m'est resté dans le coeur bien après ma lecture.

C'était donc avec la plus grande impatience que j'attendais son premier grand roman. Et ce n'est vraiment pas "peu" un premier roman, cela marque un très grand tournant...
Quand "Frénégonde" est arrivée chez moi, ébouriffée et dans tous ses états, j'ai d'abord adoré la couverture (il est vrai que j'ai un grand faible pour les voûtes).
Puis j'ai retrouvé la plume que j'avais aimée, mais dans un autre registre, qui m'a ravie.
J'ai ouvert ce roman à la première page et j'ai lu cette histoire de bout en bout avec un plaisir immense !!! Je me suis régalée, émue aussi, j'ai surtout beaucoup ri, j'ai aimé me retrouver dans la cuisine des couventines et j'ai tourné les pages un peu trop vite...
Une lecture délicieuse, gourmande et vive !!!
J'ai adoré lire cette histoire et c'est un immense BRAVOOO que je vous dis, ma si chère Lydia Bonnaventure, et aussi un très très grand MERCIII.

Maintenant, avec joie, je me joins à la longue file de celles et ceux qui attendent... le prochain.
Commenter  J’apprécie          2310
Quel sublime personnage que cette Frénégonde qui tord le cou à de nombreux clichés qui persistent sur le rôle et la place des femmes au Moyen Âge.

Ce roman arrive aisément à trouver le difficile équilibre entre plaire et instruire. Bourré de références historiques, de réflexions plaidant pour « un autre Moyen Âge », il n'oublie pas de tenir son lecteur en haleine par des péripéties savamment dosées et un rythme soutenu.

Il est toujours difficile de s'attaquer au « polar médiéval » tant ce genre est souvent rattaché à la figure d'Umberto Eco et son Nom de la Rose. (D'autres s'y sont maintes fois cassé le nez, dont je tairai les noms pour ne froisser personne...) Lydia Bonnaventure tire son épingle du jeu avec brio, du fait d'un sujet parfaitement maitrisé (de par sa qualité d'historienne), d'une profonde envie de (se) faire plaisir et d'un style sans fioritures.

Ce roman est court, sa lecture est fluide et il serait dommage d'en gâcher l'intrigue ainsi que ses mille et une surprises en les dévoilant dans cette brève critique.
Je ne peux que vous encourager à le dévorer si vous êtes adeptes des ouvrages qui titillent autant les zygomatiques que les neurones.
Commenter  J’apprécie          71
Plongée dans le (vrai) moyen-âge en compagnie d'une maîtresse femme, Frénégonde, énergique, active mais sensible intelligente attachante......Un régal de lecture dont on s'arrache avec difficulté, tant le climat est prenant et l'intrigue originale et inventive;
On souhaite retrouver Frénégonde dans d'autres aventures, très vite;
Commenter  J’apprécie          55

Autres livres de Lydia Bonnaventure (1) Voir plus

Lecteurs (158) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}