"Poèmes" est un recueil qui regroupe des textes publiés entre 1947 et 1975 dont le plus important est "
Du mouvement et de l'immobilité de Douve" édité en 1953. La lecture de ce recueil est en soi assez exigeante. Très vite, passées les premières pages, l'attention semble se figer comme partagée entre le choix d'une quête de sens, de signification du texte et celui d'accepter de s'enfoncer, de s'accorder à la matière des mots, de laisser résonner en soi leur teneur silencieuse. Tout au long de la lecture de ce recueil, il y a ce sentiment qu'arrivé à la lisière du sens, de la compréhension quelque chose se dérobe, se soustrait à la volonté du lecteur.
Il y a dans les textes réunis dans ce recueil beaucoup d'obscurité, de dramaturgie.
Yves Bonnefoy veut y révéler, y confirmer toute l'impuissance, la difficulté de la parole poétique à dire la mort. Comme dans un incessant aller-retour entre ombre et lumière, l'auteur semble à la recherche d'une poésie qui soit utile à la vie pour parler de la mort, de la finitude des êtres. Toute cette quête de l'auteur se résume dans l'épigraphe du philosophe Hegel placé en tête de "
Du mouvement et de l'immobilité de Douve" : "Mais la vie de l'esprit ne s'effraie point de la mort et n'est pas celle qui s'en garde pure. Elle est la vie qui la supporte et se maintient en elle".
Cette démarche singulière du poète peut dérouter, rendre la lecture quelque peu difficile mais sous l'évidence, il faut aller dans l'obscurité pour faire provision de lumière, de sens.