Mon village à l'heure allemande/
Jean Louis Bory (1919-1979)
Prix Goncourt 1945
Nous sommes en 1944 dans un petit village de l'Orléanais, Jumainville, 1054 habitants. le Débarquement n'a pas encore eu lieu et les habitants se sont accommodés d'une façon ou d'une autre avec l'Occupation nazie. Certains résistent, d'autres collaborent ou font du marché noir et les tensions sont vives au sein de la communauté.
L'histoire commence au sein de la famille Boudet ; le père, veuf, un paysan intraitable avec sa fille Elisa, - qui écoute en cachette la BBC pour informer son petit ami Marcel, - père qui ne lésine pas dans la violence pour ne pas faire de vagues avec l'ennemi, Auguste le fils, un être fruste qui entraine de force sa soeur au creux de l'étable pour voir sur elle comment sont faites les filles. Denise Véchard, elle, loue son corps aux Allemands. Lécheur, le boulanger, fournit sans complexe les allemands. le curé Varèmes lui aussi se satisfait de la présence nazie et toute dénonciation est une bonne chose selon lui quand il dit : « Les seuls gens qui ont compris comment il fallait procéder, c'est l'Inquisition. » Au Café de la Paix, la Germaine vit bien la situation et surtout, ce qui compte pour elle, c'est d'être courtisée par le père Boudet qui veut se remarier. Mlle Vrin surveille les allées et venues de chacun. L'instituteur apporte la bonne parole tel un prophète. Les jeunes sont pour la plupart partis au STO en Allemagne. le maquis s'organise peu à peu. En tout une fameuse galerie de portraits, parfois un peu caricaturaux, pour un témoignage intéressant écrit en 1944, donc au coeur de l'action.
« On s'ennuiera après la guerre, vous verrez » annonce la mère Bavousse !! Car à Jumainville on ne s ‘ennuie jamais en cette période : on s'épie, on se cherche, on attaque, on se venge, avec les bobards, les histoires de Lécheur et de Varèmes, les incendies, les disparitions, les inscriptions sur les murs… ! Et puis incroyable, les gosses ne jouent plus aux gendarmes et aux voleurs, mais à la résistance. Il y a les policiers et les maquisards.
Mais la Résistance a ses détracteurs malgré sa nécessité car elle est devenus un prétexte pour la crapule. « La belle liberté d'action, en un temps où la police est forcée à une action qui soulève la haine et le dégoût des hommes, où elle est elle-même forcée à l'illégalité pour respecter la légalité humaine, ou à l'inexistence. »
J'aurais attendu un style plus travaillé avec plus d'émotion et de profondeur dans l'analyse et dans l'action. Cependant l'humour est bien présent pour détendre l'atmosphère étrange de ce roman basé sur des faits vrais.