5 balles dans la tête

En guerre, si tu ne tues pas l’ennemi, il va tuer tes troupes. Toi, tu vas appeler ça du meurtre, right ? Right. Les civils, ils sont comme ça : ils veulent qu’on leur parle de ce qu’on a vécu, mais qu’on fasse semblant qu’on a tué personne. Si c’est ça que tu veux, tu t’adresses pas à la bonne personne. Moi, j’ai tué du monde. Je tenais pas la mitrailleuse, mais je stabilisais l’hélicoptère pour que le mitrailleur fasse sa job. C’est pareil.

L’Afghanistan nous a permis de faire notre vrai métier, mais c’est contradictoire parce que, pour faire mon métier, il faut que j’aie des amis mal pris. C’est toute la contradiction de la guerre : pour sauver des gens, on en tue d’autres. C’est ça qui est bizarre, avec notre métier. On rêve de pouvoir l’exercer parce que c’est formidable pis que c’est une opportunité rare de mettre en action son artillerie. Mais, d’un autre côté, quand l’armée nous utilise, c’est que ça va très mal – ça fait qu’on aimerait mieux avoir jamais à travailler…

Quand un homme vous racontera qu’un tir de mortier est tombé à deux cents mètres de sa position, vous allez vous dire : « Ben voyons ! Y a rien là ! C’est loin, deux cents mètres ! » Moi, je veux que vous l’entendiez. Après, vous pourrez écrire ce que vous voudrez.

Pour que la communication fonctionne, il faut qu’un émetteur établisse un contact et transmette par un certain canal un message, qui possède un contexte, à un récepteur. C’est simple : pour que la communication se fasse, il faut que le militaire accepte de raconter son histoire, dont le contexte est la guerre, à un civil dans une langue commune aux deux parties, et hop, le tour est joué. Si le militaire refuse de parler, la communication tombe à plat et au revoir Jacobson.

En 1994, les Afghans étaient las des guerres civiles. C’est pour ça que les talibans ont pu s’imposer, pour « ramener l’ordre ». Sauf qu’ils n’ont pas ramené l’ordre. Ils ont installé un régime de terreur en faisant croire aux gens qu’ils étaient guidés par le Coran. Sauf que la plupart d’entre eux ne savent même pas lire ! Au fond, c’est juste des terroristes qui ont trouvé une défaite pour diriger.