B.M. Blues

Tous les goûts sont dans la nature !

Il alluma le poste de la BM et eut l’impression de tomber sur une planète inconnue. Toute une vie qu’il avait reléguée, occultée depuis des mois, lui sauta aux oreilles.

Hugo adoré des femmes et n’en aimant aucune, si jeune et toujours à l’aise.

Sa fille était son bien le plus précieux : il était impensable qu’Hugo ne veuille pas posséder cette merveille.

Elle avait décidé de l’apprivoiser et elle savait qu’il était d’accord. Elle ne posait pas de questions, devinant qu’il n’y répondrait pas, et préférait imaginer mille romans fous autour de lui.

On a tous nos faiblesses !

Il se faisait une idée précise de ce que devait être un bon repas : d’énormes quantités d’une cuisine familiale. Mais il voulait aussi le luxe du décor et l’obséquiosité des serveurs. Les prix exorbitants de certaines cartes lui semblaient même un gage de qualité tant il avait besoin d’accéder à un monde dont il n’était pas issu.

Il observait le jeune homme avec la patience d’un chat devant un trou de souris. Et il était certain d’avance du résultat.

Il ne suffisait pas d’être un écervelé, même doué et inconscient, pour réaliser l’exploit qu’Hugo avait accompli. Thève devinait qu’une réelle expérience des grosses cylindrées et des circuits était nécessaire avant de parvenir à une telle maîtrise.

Thève rêvait sans doute en secret d’être un homme respecté et admiré. Or il ne parvenait qu’à être ridicule dès qu’il jouait au bourgeois. Assez malin pour s’en rendre compte, son impuissance à paraître autre chose que ce qu’il était devait l’exaspérer.