AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'Archipel des Numinées, tome 1 : Arachnae (38)

La minuscule chouette entra sans un bruit par la fenêtre ouverte et se percha sur l'étroite barre de bois prévue à cet effet, face au bureau d'Alessio. Elle l'observa en clignant des yeux et poussa un doux chuintement. Il releva la tête vers elle. Un bref sourire anima ses traits las. Il fit le tour de son écritoire, fouilla dans un coffre, en extirpa la friandise attendue et la tendit, paume ouverte, à la messagère ailée. Celle-ci s'en empara avec avidité, laissant au prince tout loisir de saisir l'étui attaché à sa patte. Pas plus grand que le pouce, il contenait un mince ruban de papier couvert d'une écriture trop petite et trop serrée pour être déchiffrée à l'œil nu. Revenant à son secrétaire, Alessio fureta quelques instants avant de trouver ce qu'il cherchait : une énorme lentille. Alors, la plaçant à bonne distance de la missive, il commença sa lecture.
Commenter  J’apprécie          380
« Je règne sur cette île, Fausta. J'accomplis chaque jour la volonté de ma sœur. Je ne demeure pas prince, envers et contre tous, par volonté de puissance, mais parce que c'est mon devoir, parce que, d'une certaine façon, renoncer serait trahir la parole donnée à la Triple Déesse, rompre tous mes engagements vis-à-vis du peuple. Cela ferait de moi le pire des criminels que cette île ait jamais vu naître, vous ne croyez pas ? »

(Le prince Alessio à son maître d'armes Fausta).
Commenter  J’apprécie          270
J'ai accepté ma destinée et la Destinée a fait de moi un monstre. C'est mon humanité que je pleure.
Commenter  J’apprécie          240
J’entends, des corbeaux, les cris sombres et funestes ;

Ils tourbillonnent, en cercle, au-dessus du charnier,

Dans cette plaine où gisent nos macabres restes.

Soldats superbes et courageux, sans trembler

Nous avons un jour sacrifié nos vies,

Accepté les tourments d’une longue agonie,

Et pourquoi ? Pour l’honneur, pour l’orgueil, pour la gloire

Et pour la veine chimère d’une victoire !

Nos visages disparaissent sous les nuées,

Des becs féroces déchirent nos chairs blessées,

Crèvent nos yeux aveugles, se gavent des humeurs

Fétides de nos orbites, dénudent nos cœurs...

[sonnet intitulé « Le Visage de la guerre »]
Commenter  J’apprécie          232
La bretteuse dévisagea son ancienne amante avec un respect étonné. Elle l'avait toujours considérée comme une courtisane lascive et un peu étourdie, disposée à prêter son corps lors de missions d'espionnage, non à mettre sa vie en jeu pour autrui. Elle s'était complètement fourvoyée.
Commenter  J’apprécie          230
DORA : Vieillesse rime-t-elle avec naïveté ?
Pensez-vous vraiment, Junie, que je puisse aimer
Un être dont l'éclat commence à s'estomper ?
Ses charmes fanent ; d'ici peu le poids des années
Pèsera sur ses épaules. La sénilité S'emparera de lui !
Je pourrai hériter, Enfin, de tous ses biens et de ses dignités !

ARIOSTE (sortant de sa cachette) : Créature perfide !

DORA : Arioste ? Vous ?... Ici ?

(extrait de « Dora », Acte V, scène dernière de Tybalt Colonna au début de la troisième partie de ce tome).
Commenter  J’apprécie          230
Théodora avait le sentiment d'avoir cherché à fuir toute son existence.

Enfant. Pour ne rien éprouver, ni douleur ni plaisir. Ne pas s'attacher. À qui que ce soit. Rester isolée, tranquille – à l'écart des troubles. Plus tard, à l'Académie. Pour éviter d'être rejetée. Se caparaçonnant dans sa différence. Demeurant loin de tout. Loin de la vie.

Adolescente. Pour ressembler aux autres. Être acceptée. Aimée. Admirée, même. Et s'étourdir dans le tourbillon des fêtes, oublier ce qu'elle avait été. Échapper à qui elle était.

Aujourd'hui. Passant de couche en couche. De taverne en taverne. Brisant les cœurs – y compris le sien. Détruisant consciencieusement son corps et son âme sous prétexte d'avoir des informateurs un peu partout en ville et se vanter de pouvoir infiltrer tous les milieux. Mourir à petit feu, pour éviter, le plus longtemps possible, de penser à sa destinée.
Commenter  J’apprécie          230
Écoutez, mes amis, ce que j'ai encore appris et compris :
c'est qu'on ne peut haïr un ennemi sans se dire qu'on l'aimera
sans doute un jour, et qu'on doit aimer ses amis, même si
l'on sait que leur amitié passera. Rien n'est fixe,
rien n'est immuable, pas même l'amour ou la haine !

(extrait d'Ajax de Sophocle, situé en début de tome)
Commenter  J’apprécie          230
Comment se concentrer après l'entretien qu'il venait d'avoir avec Tiberio ? Comment ignorer ce qui avait été dit, ce qui avait été tu, et poursuivre imperturbablement sa lecture ? Comment ne pas se laisser submerger par la douleur, alors qu'il venait à peine de découvrir un fils qu'il n'avait jusqu'à présent jamais pris la peine de connaître ?
Parce qu'il était prince. Parce que tel était son devoir. Envers ce garçon, qu'il immolait sans remords sur l'autel de la Destinée ; envers sa principauté, qu'il avait fait le serment de protéger.

(Le prince Alessio vis-à-vis de son fils unique).
Commenter  J’apprécie          210
[Théodora] avait goûté au plaisir enivrant d'être aimée, appréciée, entourée. Ayant vite compris que, pour conserver son statut nouvellement acquis de personne aimable, il lui fallait se montrer aussi légère qu'insouciante, elle s'était employée à faire de sa « différence » une coquetterie, un embarras mineur faisant partie intégrante de sa personne ; elle avait ainsi commencé à marivauder au gré de ses désirs, enchaînant les conquêtes avec la virtuosité d'une courtisane.
Commenter  J’apprécie          200







    Lecteurs (230) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Le dernier ours

    Qui est le personnage humain principal ?

    Anuri
    Karen Avike
    Svendsen
    Kiviuq

    12 questions
    49 lecteurs ont répondu
    Thème : Le dernier ours de Charlotte BousquetCréer un quiz sur ce livre

    {* *}