Franck Bouysse sait parler de la ruralité, il a un don pour nous transporter dans des régions paumées, où le temps n'est qu'à la neige, au froid, à la brume et nous offrir des habitants taiseux, renfermés sur eux-mêmes, parlant par énigmes, de légendes, de malédictions, vous mettant en garde devant trop de curiosité, comme si au lieu d'être en 2022, le narrateur se trouvait projeté en 1722…
La ruralité dans toute sa splendeur, celle où les portes ne sont pas fermées à clé, celle qui vous aurait laissé tranquille lors d'un confinement, mais tout de même vachement démuni !
Quand Harry rencontre Sofia, ça donne ça : un écrivain qui n'arrive pas à pondre son second roman, son envie de calme, un achat d'une ancienne ferme paumée dans un bled paumé, un voisin qu'il ne voit jamais et Sofia, la tenancière de la petite épicerie, qui sert du café et est aussi taiseuse que si vous étiez un contrôleur fiscal à la recherche de marchandises vendues au noir.
Non, ce n'est pas la ruralité que j'ai connue lorsque j'étais jeune : ces campagnes dépeuplées, ces villages où tout le monde a rejoué l'exode… Mais l'étranger que l'on regarde de travers, ça oui !
Les dialogues sont peu nombreux, les mystères sont épais et la vie de Caleb, le fameux voisin que l'on ne voit jamais, si ce n'est une silhouette lointaine, a tout d'une tragédie antique.
Les récits de Harry et Caleb s'alternent... Celui de Caleb étant plus intéressant que l'auteur en mal d'inspiration. le fait que l'on décrive Caleb comme un bel homme, version
Alain Delon (et pas Deloin) dans Plein Soleil, a sans doute fait qu'ensuite, j'avais envie d'aller élever les moutons dans la cabane de ce Caleb, même perdue dans la campagne !
Le roman et moi nous nous sommes installé dans le divan, je l'ai lu en une seule journée, mais finalement, nous nous sommes quittés sans que l'on ait envie de se revoir.
Il n'a pas éveillé des échos en moi, il ne m'a pas vraiment parlé, même si je l'ai écouté parler, sans jamais ressentir l'étincelle, celle qui met le feu aux poudres et fait décoller le récit. Zéro émotion.
Pourtant, que sa prose est belle…, comment peut-on s'imaginer, en lisant les mots sortis de son escarcelle, que la déception va arriver ? Impensable, mais vrai.
L'intrigue manque de corps, il m'a fallu attendre d'avoir passé la page 200 pour que je trouve enfin du corps au récit, jusqu'au final, qui lui, m'a laissé comme deux ronds de flamby, tant il était inattendu. C'est lui qui relèvera le tout. Mais si je n'avais pas poursuivi ma route, je ne l'aurais jamais découvert.
Ma chronique va à l'encontre de la majorité sur Babelio, n'en tenez pas compte, faites-vous votre propre avis, comme on dit toujours.
En résumé, je n'ai pas détesté cette lecture, je l'ai lue sans y trouver mon compte, sans éprouver un réel plaisir, comme on écoute une personne nous parler, se demandant quand dans son récit, on va être catapulté dans les émotions.
Une lecture en demi-teinte, ce qui est dommage, car l'écriture de l'auteur est belle, poétique, mais cette fois-ci, la sauce n'a pas pris.
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