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3,77

sur 1009 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quel bonheur de renouer avec la plume magistrale de Franck Bouysse. Ses lignes sont merveilleuses, comme une rivière bercée par un champ de poésie.

Dans L'homme peuplé, l'auteur nous offre un roman polyphonique où s'entremêlent passé et présent. Deux hommes solitaires : Harry, écrivain en panne d'inspiration jette son dévolu sur une maison délabrée recluse au milieu de nulle part. Caleb, jeune homme solitaire élevé par une mère rigide et tenancier de pouvoirs de guérisseur tel un sorcier.

On va suivre ici la vie chahutée de ces deux êtres car la maison d'Harry résonne aux sons des murmures des fantômes.

Il faut s'appeler Franck Bouysse, écrivain hors pair pour écrire un roman puzzle qui voyage dans le temps et dans la mémoire des gens sans nous égarer une seule seconde. Quel délice de se pourlécher de la prose habitée de l'auteur. Un véritable tour de force cette promenade au coeur de ce que la littérature française offre de plus précieux. Des mots nectars qui roulent et caressent et viennent butiner nos papilles.

Roman d'atmosphère nourri d'une magnifique plume onirique. J'ai frisé le coup de coeur sans cette fin trop nébuleuse à mon goût.
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Sortez les doudounes.
Dans les romans de Franck Bouysse, la météo est encore plus pourrie que dans un polar scandinave. Avec lui, pas de changement climatique. Vous lisez trois pages et les nappes phréatiques transforment les champs en pédiluves jusqu'à la prochaine canicule. Un Fjord pour le dessert.
Quoi ? Si je n'ai retenu de ce roman à la nature austère que la neige, le froid, les sols gelés et les cols roulés ? Non, mais à force de me faire culpabiliser de passer la Toussaint en bermuda, le climat Bouyssien méritait ce petit bulletin météo et m'a fait forte impression.
Son style aussi, comme d'habitude. Ses personnages ont le moral en dessous des normales saisonnières mais l'auteur n'écrit pas avec des moufles. D'un livre à l'autre, on sent que l'écrivain a trouvé sa voie. La phrase est âpre, en harmonie totale avec l'écosystème du récit.
Ecrasé par le succès de son premier roman, l'Aube noire, oxymore d'une folle gaieté, un écrivain s'isole dans une ferme isolée pour humer l'inspiration. Des terres recouvertes de neige pour vaincre le syndrome de la page blanche, c'est un concept.
Ses contacts avec le réel vont se limiter à des coups de fil à son père malade et à son éditeur plus zen qu'un moine tibétain dans la queue d'une station-service. Il va aussi de temps en temps prendre un café dans le seul commerce du village voisin, tenu par une jeune femme au charme mystérieux mais avare de confidences. Pas le genre à étaler sa vie dans les réseaux sociaux, la demoiselle.
L'écrivain, qui se prénomme Harry, a pour unique voisin Caleb, sauvage propriétaire de la ferme d'à côté. Un vrai filon de célibataires besogneux pour "l'amour est dans le pré" ce coin. Caleb est un peu sourcier et un peu guérisseur aussi mais il réserve son don aux animaux, par animosité pour sa propre espèce. En résumé, pas de fête des voisins en perspective avec taboulé à volonté. Ils se sentent, s'observent, s'épient mais ne se croisent jamais. Chacun son chapitre, à tour de rôle dans une polyphonie de deux solitudes qui labourent les souvenirs.
L'homme vit avec ses fantômes et l'écrivain avec ses personnages. Quand l'homme est écrivain, les deux se mélangent un peu comme des siamois. Franck Bouysse interroge avec virtuosité le processus de création littéraire: fréquentation assidue de démons intérieurs, imprégnation des lieux, poids de la mémoire, accompagnement de certaines musiques et influence des lectures passées.
Dans cet Homme peuplé (par qui ? c'est le mystère), l'auteur ne sert pas l'histoire toute faite au lecteur. Ce dernier est mis à contribution. Il n'y a pas de mode d'emploi et c'est tant mieux. Un roman, ce n'est pas un meuble Ikea. Il m'a fait cogiter le bougre. Sa confiance m'honore et il est agréable de ne pas être pris pour un imbécile mais je suis à peu près certain d'être passé à côté de certaines idées et références. Il me faudra une seconde lecture.
Ce récit hanté de l'intérieur fait vraiment perdre à ses personnages et au lecteur les notions de temps et d'espace. le temps de l'écriture est coincé entre la réalité et la fiction. Et si la quatrième dimension était le territoire de l'imagination ?
Au final, il m'a quand même manqué un peu de romanesque pour prendre le même plaisir de lecture qu'avec « Né d'aucune femme » et « Buveurs de vent » mais j'ai été vraiment impressionné par l'ambition de ce texte.
Je lui tire mon bonnet.

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« Les mots seuls ne fabriquent pas d'émotion sincère, c'est l'émotion qui doit précéder l'apparition des mots ».

Qu'a donc vécu Franck Bouysse pour, dans chacun de ses livres, de manière presque obsessionnelle, nous emporter ainsi et nous faire frémir sur les territoires sauvages d'une ruralité particulièrement âpre ?
La plume de l'auteur est une plume d'oiseau survolant cette étendue, effleurant les bas instincts des hommes dans leurs fatalités familiales, emportant leurs râles, leurs secrets et leurs souffrances. Caressant leur agonie solitaire. Une plume de corbeau, nuit noire, non pas brillante mais mat, voire terne, pensons-nous de prime abord. Elle nous entraine en effet dans un récit sombre et envoutant, mélancolique, mystérieux, une plume angoissante qui pactise avec la crainte, avec le diable semble-t-il par moment. Une plume engourdie de neige et de silence au poids suffocant. Une plume qui cherche son chemin à travers la brume, espérant des trouées de compréhension sur une page vaporeuse aux dimensions sans repères connus, au temps suspendu, une plume qui cherche son fil jusqu'au Minotaure pour en percer les secrets. Et nous de frissonner en entendant la plume croasser sur le papier que l'on devine jauni, humide, peut-être déjà ensemencé de moisissures. Un roman d'atmosphère assurément frôlant le fantastique.

« le silence revient. L'inquiétude se diffuse dans son corps, tenace. Avec le brouillard qui l'enveloppe, le paysage tout entier semble se replier autour de lui, comme pour isoler un parasite, l'enfermer dans une gangue».

C'est une plume de mésange bleue en réalité, comprenons-nous peu à peu, la noirceur annonciatrice d'une forme de printemps. Un printemps poétique. Qui chante l'amour malgré tout. Qui transforme en poésie les sortilèges de ces espaces inquiétants. C'est une plume d'une beauté sidérante ciselant chaque ligne, chaque mot, chaque image offerte. Qui met du coeur à l'ouvrage à magnifier les petites gens, à honorer les invisibles, à rendre une certaine dignité à ces personnes que nous considérons comme étant différentes. Quelques lignes suffisent pour reconnaitre la plume de Franck Buysse. Il y a du bleu dans son regard noir.

« Au printemps, les fleurs d'aubépine ennuageaient la combe et les inflorescences de pissenlit formaient des étoiles dans un ciel de verdure ».

« La lune apparait comme une énorme orbite évidée et de minuscules paillettes scintillent sur la peau métissée de la nuit ».


Harry est un écrivain ayant rencontré un grand succès après la parution de son premier livre, « L'aube noire ». Depuis quelques années, comme cela arrive lorsque le public et la critique attendent le fameux deuxième livre, il est en panne d'inspiration et décide, sur un coup de tête, d'acheter une ferme à l'écart dans un village paumé ayant pour seul commerce une petite épicerie tenue par la belle Sofia. La maison, qui a été vidée très rapidement, dont il reste encore tous les meubles, est remplie de souvenirs, d'odeurs rances. Il semble à l'écrivain que c'est le seul moyen de couper, de se retrouver et d'écrire.
Nous sommes en hiver, il fait très froid, la neige et le silence recouvrent tout. Harry se sent cependant épié, voire visité quand il s'absente, et entend constamment du bruit provenant de la ferme voisine habitée par un certain Caleb.
Des événements étranges se produisent. Si Harry les redoute dans un premier temps, il va comprendre peu à peu que les accepter peut être une source d'inspiration précisément. le récit est polyphonique et donne la parole tout à tour à Harry puis à ce fameux voisin, Caleb, jeune homme misanthrope qui a été élevé par une mère particulièrement austère, rigide, qui lui a inculqué le dégout des autres et surtout celle des femmes. La mère et le fils ont des pouvoirs : ils trouvent l'eau, guérissent les animaux…

C'est une histoire vraiment haletante, une trame qui se construit peu à peu, qui interroge également de façon passionnante sur le processus de création littéraire. En revanche, je suis assez étonnée : pourtant peu habituée aux intrigues de thriller ou aux enquêtes policières, je n'ai pas eu l'effet surprise escompté tout à la fin, ayant deviné avant, plus ou moins, la chute finale, chute devinée mais dont il me reste pourtant des zones d'ombre…Comme si quelque chose m'échappait dans l'imbrication des pièces du puzzle. Il m'est d'avis que je suis passée à côté de quelques éléments, il me faudra sans doute revenir un jour sur cette fin, relire sans doute le livre…Franck Bouysse le dit lui-même :

« Les grands livres ont ce pouvoir-là, de modifier la trajectoire du lecteur à chaque lecture, de maitriser le temps en déployant l'espace, de faire en sorte que rien ne s'est véritablement produit, qu'à tout moment peuvent surgir de nouvelles montagnes et de nouveaux abysses. le temps révolu n'est dès lors plus une succession de moments déjà vécus, mais une suite insoupçonné de rapports au monde ».


Cette réserve ne nuit aucunement à l'aura de ce livre, à l'ambiance distillée, à la gageure d'écriture, à la poésie extatique, à la symbolique de cette image d'homme peuplé, merveilleusement bien trouvée… Ce livre est une aube noire, sombre certes mais chargé de la promesse du jour à venir…
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"L'homme peuplé" est le dernier roman de Franck Bouysse à ce jour. Après "Né d'aucune femme", qui m'avait fait découvrir l'auteur et qui avait été un gros coup de coeur, j'ai lu quelques autres de ses romans, dans lesquels je n'ai pas encore retrouvé les mêmes sensations mais dans lesquels j'ai toujours su apprécié la belle plume. Dans "L'homme peuplé", on retrouve bien le style de l'auteur, tant par les thèmes abordés que par la trame de l'histoire. Et si on me demandait de classer ses romans par ordre de préférence, ce dernier irait en seconde position, juste après "Né d'aucune femme".

Harry, romancier atteint du syndrome de la page blanche, quitte la ville pour s'installer dans un petit village campagnard, perdu au milieu de rien. Assez vite, il se sent mal accueilli, épié. Quelques phénomènes étranges se produisent, chez lui et alentours. Ses relations sociales se limitent à son épicière et à ce chien errant qui ne le quitte pas d'une semelle, le maire également à l'occasion. Même son seul voisin, Caleb, à qui appartient la ferme d'à côté, il n'a pas encore eu l'occasion de le rencontrer, et pour cause... ce dernier voit d'un très mauvais oeil l'arrivée de cet étranger...

Dans ce roman, on reconnaît bien les thèmes de prédilection de l'auteur : des événements qui se déroulent en milieu rural, dans lesquels on fait connaissance avec des protagonistes vivant isolés et dans la solitude. Ici, il y a en plus un côté pourrait-on dire mystique, grâce au personnage de Caleb, guérisseur et sourcier, que chacun nomme "le sorcier", puisque sa mère "la sorcière", si l'on se fie aux rumeurs, l'aurait engendré toute seule, sans homme...

On perçoit instantanément l'ambiance générale, sinon angoissante, au moins des plus étranges, dans laquelle le froid hivernal, la neige et le silence se veulent oppressants, suffocants. C'est une sacrée réussite. On se rend assez rapidement compte qu'il ne se passe et ne se passera pas grand-chose, mais nous sommes tellement imprégnés par cette atmosphère qu'elle se suffit à elle-même et qu'on aime à suivre Harry et Caleb dans cet isolement campagnard et hivernal, entre retranchements intérieurs et souvenirs. Elle nous enveloppe, nous emprisonne, nous immobilise, à tel point qu'on apprécie voir tout se déroulait avec lenteur.

Harry et Caleb, qui ne se croiseront pas une seule fois d'ailleurs, sont deux êtres diamétralement opposés, mais tout aussi intéressants l'un que l'autre, forts, énigmatiques. le premier nous emmène dans ses souvenirs, seul avec sa mère qui refusait tout contact avec les autres, puis seul tout court après son décès, et enfin dans le drame qui s'est ensuivi. le second cherche désespérément à comprendre ce qu'il se passe autour de chez lui, cherchant des explications auprès du peu de personnes qu'il côtoie mais se heurtant à un mur.

Entre le silence de l'hiver et le brouillard omniprésent, entre réalité et fausses apparences, entre personnages taiseux et fantômes du passé, l'auteur nous balade à son gré dans cette campagne peu accueillante, où les secrets sont tus et le silence assourdissant.

Les chapitres, qui se relaient les points de vue de Caleb et Harry, qui alternent entre passé et présent, sont assez courts. Peu d'action au final, mais la lecture n'en est pas moins rythmée. Les pages se tournent d'elles-mêmes et on a tôt fait d'arriver au dénouement.

Dénouement que j'ai d'ailleurs apprécié ! En général, les fins que Franck Bouysse me propose me dérangent, me plaisent moyennement. Ici, il me faut reconnaître que j'ai été agréablement surprise : le dénouement et, par conséquent, le devenir des personnages, sont remarquablement bien tournés, bien amenés.

J'ai donc passé un très bon moment de lecture, tout comme j'ai pris plaisir à retrouver cette plume qui me charme tant à chaque fois : convaincante, élégante, qui se veut aussi bien incisive que poétique.
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Cela faisait un petit moment déjà que je voulais lire cet ouvrage, trônant sur les étagères de ma médiathèque et que j'ai souvent recommandé à mes lecteurs. Certains m'ont fait des retours enthousiasmes tandis que d'autre se sont montrés plus mitigés, plus sur la réserve. Aussi, voulais-je absolument me faire ma propre opinion et voilà qui est chose faite et je sais dorénavant que je ne recommanderai cette lecture qu'à certains lecteurs, prêts à s'engager dans une voie où le fantastique vient se mêler à l'histoire, bien que le lecteur ne le découvre qu'à la toute fin.

Ici, deux hommes et les chapitres se succèdent afin de leur donner la parole à chacun d'entre eux. D'un côté, Caleb, un paysan qui vit seul dans une grande ferme avec son chien, qui s'est longtemps occupé de sa vieille mère et qui, il faut le dire, a toujours été rejeté par les gens du village ! Pourquoi ? Parce qu'il est différent et préfère la compagnie des bêtes à celle des hommes ? Parfois, je me dis qu'il a bien raison car au moins, les animaux ne peuvent pas nous trahir ni nous faire souffrir si ce n'est au moment de leur disparition.
Le deuxième homme : Harry, un écrivain qui a eu son heure de gloire avec son seul et unique livre et qui est venu s'éloigner de l'agitation de la ville et tenter de retrouver la force d'écrire.
Avec eux, bien sûr il y aura des femmes, comme toujours et celles-ci l(Surtout Sofia, la gérante du seul commerce du village pour laquelle Harry se prendra d'affection) es aideront peut-être à réveiller un lourd passé qu'il aurait probablement mieux valu ne jamais le faire mais en même temps, il n'est jamais bon, de laisser nos vieux démons tranquilles trop longtemps !

Un ouvrage extrêmement bien écrit, certes déstabilisant mais une lecture et un auteur que je ne regrette absolument pas d'avoir découverts et même si la fin m'a laissé un peu sur ma faim (mauvais jeu de mots, je le conçois mais je n'ai rien trouvé de mieux pour exprimer mon ressenti) et déboussolée, c'est une lecture que je ne peux que vous recommander !
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Deux vies, deux hommes, Caleb et Harry.
Rien ne les prédestinait à se rencontrer, pourtant ils sont voisins, maintenant que Harry, écrivain d'un premier roman adoubé par le ghota parisien, décide de tout plaquer pour venir s'installer en plein hiver dans une veille maison branlante, encore dans le jus de la précédente propriétaire, en plein coeur de la campagne française. Harry a acheté cette maison sur un coup de tête, sans la visiter. Harry fuit Paris, à la recherche désespérée de son inspiration, aux abonnés absents depuis plus de cinq ans, date de la publication de l'Aube noire.
Caleb, lui, est un personnage étrange, jeune homme solitaire soumis à sa mère, dont il a hérité les pouvoirs de guérisseur, un sorcier-sourcier.
D'ailleurs, Harry et Caleb vont-ils vraiment se rencontrer ? Ils ne cessent de jouer au chat et à la souris et Harry a du mal à cerner ce voisin qu'il ne voit jamais, et dont les autres habitants du village rechignent à parler. Alors Harry va mener sa petite enquête parmi ses maigres connaissances et tenter d'en savoir plus sur Caleb.
Franck Bouysse plante un décor cotonneux autour de Harry, qui peine à y voir clair au milieu du brouillard, de la neige. Harry se cherche comme il cherche Caleb. En revanche, son cher voisin, dès qu'il a le dos tourné, surtout en pleine nuit en profite pour visiter sa maison, déplace, subtilise des objets, se réjouit de laisser ses traces dans la neige et de coller de belles frayeurs à Harry à l'aide bruits sourds et de hurlements inhumains.
Je suis passée par plusieurs sentiments lors de cette lecture. Après l'enchantement des premières pages, j'ai été vite assez agacée par les chassés-croisés des deux personnages. L'auteur nous les dévoile chacun peu à peu, et j'avoue qu'au bout d'un moment j'ai commencé à m'ennuyer ferme, puis à trouver le temps de plus en plus long dans cette partie de ping-pong. Mais ça valait le coup d'attendre, ensuite tout s'imbrique (ou presque) vers la fin du roman, et trouve sa signification (même si une grande partie du puzzle se devine bien avant).
Après un dénouement qui m'a séduite, j'ai finalement plus apprécié ma lecture a posteriori que sur le moment. Je pense que certains auront d'ailleurs plaisir à relire l'ouvrage afin de remettre en perspective tous les éléments, qui, forcément, échappent d'emblée. J'ai retrouvé là le même plaisir à me remémorer ma lecture qu'avec Né d'aucune femme (cependant sans retrouver la claque ni le coup de/au coeur ressentis à l'époque).
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A quelques chapitres de la fin, j'hésitais encore sur la note, 2,5 ou 3. Et puis cette fin, qui vient tout expliquer... Elle m'a conquise. Expliquer n'est d'ailleurs pas le bon mot, puisque le surnaturel y est bien présent. Disons qu'elle vient mettre les liens là où il en manquait.

Deux hommes, deux femmes, deux époques. Tout s'entremêle dans des chapitres qui alternent entre les deux hommes, avec parfois un supplémentaire qui vient dire quelques mots.

Harry, écrivain en panne d'inspiration qui a acheté une maison dans un village perdu pour tenter d'écrire son deuxième livre.
Caleb le sourcier sorcier.Seul avec peut-être le fantôme de sa mère...
Ils vivent voisins, mais ne se rencontrent pas.

Mais surtout la nature, le temps, l'ambiance hivernale, les habitants méfiants, voire hostiles et tout cela décrit magnifiquement par la plume de Franck Bouysse. Cette plume m'a happée, je m'arrêtais parfois pour relire une phrase. Mais longtemps je n'ai pas accroché avec le fond. Je ne sentais aucune empathie pour ces deux hommes. Mais la fin....

Ce n'était peut-être pas le bon moment pour cette lecture, juste après Padura, ou bien à cause du temps très chaud peu en accord avec le livre. J'aurais aimé être plus vite embarquée, mais une chose est sûre, j'aime toujours autant l'écriture de cet auteur, que je continuerai à lire.
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**Rentrée littéraire 2022**

En partance pour la Bretagne, achat à la Librairie-Relay de la gare Montparnasse- lundi 22 août 2022


Après " Les trois ruches bleues " de Patrick Cloux, voilà mon deuxième texte de cette rentrée littéraire 2022 !

Pépite absolue: sujets, personnages, suspens, poésie et âpreté, style flamboyant,surnaturel et réalisme mêlés, etc. Juste Magique et ensorcelant !

J'ai retrouvé l'univers si singulier de Franck Bouysse avec la même curiosité et impatience...même si au bout du compte...j'ai fait durer le plaisir !

Déjà plus de quarante critiques...que je lirais après avoir rédigé " ma propre copie "!...

J'aimerais éviter de trop rentrer dans L Histoire , même...ou du moins un minimum !

Nous faisons connaissance en premier d'un agriculteur à la vie insolite, Caleb...il vit seul depuis toujours avec sa mère, taiseuse et mystérieuse ...Elle se retrouve hospitalisée, et Caleb, se retrouve brutalement " orphelin"; cette mère qui a gardé ce fils pour elle toute seule, l'a coupé des autres, et lui a affirmé lui avoir transmis de ses dons de guérisseuse et " sourcier " ...Ce qui l'a placé depuis toujours " en marge" des autres et du village !

Non loin de la ferme de Caleb, apparaît un "Étranger" ayant acheté la ferme voisine..sans même l'avoir visitée.Il s'installe et tente de s'adapter à ce coin de campagne isolé et "taiseux" !

Harry, lui, est aux antipodes du monde de Caleb.C'est un écrivain, qui, après le succès d'un premier livre" L'Aube noire" a besoin d'une coupure, pour retrouver inspiration et sens à son travail d'écriture !
Fils unique choyé par un père, enseignant à la retraite, qui lui a communiqué sa passion pour la Littérature...( avec un texte référant originel: " le Loup des Steppes" d' H.Hesse) et une mère aussi bienveillante et compréhensive; c'est un citadin privilégié...qui est comme " un extra-terrestre" débarquant sur une autre planète !!...

La narration va progresser avec un savant suspens, alternant le récit des deux personnages - moteurs, Caleb et Harry...
En marge de la montée de l'angoisse, du mystère de
L Histoire, qui s'épaissit inexorablement, Harry nous déploie ses idées sur le métier d'écrivain-romancier, grandement nourries de celles de son père ....

Une galerie de personnages, un suspens captivant, un style dense et lyrique rendant un univers aussi fascinant qu'inquiétant à souhait !

Je n'en dirais sûrement pas plus, car Franck Bouysse nous met sur les charbons ardents, jusqu'aux toutes dernières pages !
Un coup de maître !...En tout cas, pour ma part, la magie a totalement opéré !!

"Harry

Son père lui avait expliqué que l'auteur créait des personnages ayant pour mission d'explorer un espace littéraire, de trouver une nouvelle planète. Cette planète devait alors posséder suffisamment de caractéristiques communes avec notre bonne vieille terre pour être habitable.Cette planète ferait littérature, celle qui place la vérité des personnages plus haut que tout, pas celle qui se raconte, pas celle des idées ou des sujets. La littérature imprégnée de mythes et de légendes,inféodées aux corps qui chutent et aux malheureux qui résistent. Celle qui redistribue les cartes du réel, celle qui triche avec un as dans sa manche.Une littérature universelle, sans frontières rassurantes. Shakespeare, Homère, Proust, Woolf, Faulkner, Virgile, Yourcenar, Sábato, Eliot, Whitman, Hugo, Mallarmé, Dickinson, Dante, Milton, Colette, Yeats, ceux qui viennent en premier à l'esprit de Harry, ceux qui savaient se tenir droits sur la crête, ceux qui ne marchaient pas à l'intérieur des terres en décrivant des paysages déjà décrits et en parlant à des statues de sel."
( p.124)

Cette campagne " corrézienne " ( pas nommée précisément) imprègne si profondément les livres de Franck Bouysse, que je me suis commandé aussitôt, en prolongation, de ce nouveau roman marquant, un texte plus personnel, mélange de prises et de poésies, accompagné de photographies de l'auteur de sa " Terre d'enfance", intitulée magnifiquement " Fenêtre sur terre"....

Il nous reste aussi de ce roman les nombreuses et très
riches réflexions, analyses de l'écrivain ( à travers le personnage de Harry) sur la Littérature...Cette dernière se révélant être une " compagne des plus exigeantes" ainsi qu' un port d'attache, certes, mais avec combien de turbulences et d'états non-rassurants !!

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Harry recherchait certainement la tranquillité pour retrouver l'inspiration dans le but d'écrire un nouveau roman. Cinq ans qu'il est devant sa page blanche. Solitaire, célibataire, il achète, sur un coup de tête, une vieille bâtisse sans même la visiter, en plein hiver, au fin fond d'une campagne, à 4 kilomètres du village. Il arrive avec quelques provisions, récupère les clés auprès de l'agent immobilier qui lui fait visiter sommairement la maison. le voilà seul. Ses premiers gestes sont pour le foyer, il fait très froid. Les jours suivants, il range, nettoie, s'installe. le temps est mauvais, le brouillard l'empêche de voir qu'il a un voisin assez proche : Caleb, un gars du coin qui a toujours vécu dans sa ferme avec sa mère. Cette dernière est décédée il y a quelque temps.

Harry se rend bien compte que les villageois sont hostiles quand il va à l'épicerie. La maison qui n'a subi aucune rénovation, a la mémoire des anciens habitants, une femme et son fils. le brouillard isole Harry. Tout et tous font clairement ressentir à Harry qu'il n'est pas à sa place.

Il entend des bruits la nuit, une veste retrouvée dans la maison change de place et il est persuadé que quelqu'un rentre dans la maison quand il s'absente. Harry se laisse envahir par la tristesse des lieux et des gens, ce pays le fascine.

La vie de Caleb est plus simple en apparence : allumer le feu le matin, l'entretenir et le laisser s'éteindre dans la nuit. Il doit trouver sa pitance, s'occuper des bêtes. Les villageois l'ignorent, l'excluent, lui vit à l'écart depuis toujours avec le sentiment de n'exister pour personne. Seul le fantôme de sa mère le commande et dirige dans sa vie.

Harry et Caleb auraient toutes les raisons du monde de se connaître et pourtant ne se rencontreront jamais, ils vous le raconteront mieux que moi.

J'ai adoré l'ambiance hostile et mystérieuse, le temps, la maison, le village. Un vague souvenir de mon passage au fin fond de la Lozère.

L'écriture est sobre, faisant ressortir la rusticité de chaque geste, chaque parole. Juste une impression de changer de style au dernier quart du roman, comme si un fantôme citadin avait pris les commandes. Peut-être trop de corrections ?.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Un village perdu, ici on parle peu et surtout pas des événements du passé, deux principaux personnages Caleb et Harry que nous suivons alternativement. Deux hommes, deux voisins qui s'observent sans se rencontrer. L'un a reçu de sa mère le don, il sait enlever le feu, disparaître les verrues, trouver de l'eau et tout un tas de choses utiles ; l'autre est un écrivain en panne d'inspiration, cinq ans qu'il n'a pas écrit une seule ligne, en se coupant du monde, loin des sollicitations, il espère trouver la tranquillité propice à l'écriture.
Entre fiction et réalité, passé et présent, un roman à l'atmosphère froide et sombre porté par une plume de qualité comme toujours dans les livres de Franck Bouysse, même si la lecture m'a semblé assez difficile.
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