Il n'est pire aveugle

J'avais adoré Les fureurs invisibles du coeur, un grand roman de l'homosexualité brimée et assumée, dans une Irlande rétrograde et sclérosée… le roman était épique, fort et drôle. Il n'est pire aveugle est sous cet angle une déception. SI le propos est fort et essentiel – la dénonciation de la pédophilie dans l'église catholique irlandaise -, le roman n'est ni épique, ni drôle. L'auteur, mobilisé par sa volonté de dresser un réquisitoire implacable, y perd sa verve, sa drôlerie. Il livre une oeuvre respectable dans laquelle il montre que la responsabilité du pire est collective, qu'elle est celle des prêtres pédophiles, de la plus haute hiérarchie, jusqu'au pape, qui pratique une omerta d'acier et de tous les autres, les « pires aveugles », qui ne veulent ni voir, ni savoir. le roman écrit la vie du narrateur, Odran, précipité par sa mère et un drame familial dans la prêtrise et qui consacre toute une vie à comprendre, se comprendre et se réconcilier avec son neveu, victime de son aveuglement. Cela reste une lecture qui sinue dans l'ennui et qui déçoit.