Sublime, histoire magnifique et texte bien écrit.
Moi qui commençais à en avoir marre de ces livres de Fantasy mal écrits ou mal traduits, c'est un régal de pouvoir à nouveau me faire plaisir en lisant ce roman agréable. J'ai envie d'images belles à imaginer - donc oui c'est bien fait je commence - mais les premières pages m'ont accroché - ce qui n'est pas le cas de tous les livres -
Le début est un peu long à démarrer. Mais le style narratif est très agréable et on refuse de quitter trop vite cet univers. À partir du moment où le héros quitte le chateau, l'histoire se met réellement en place, des personnages très particuliers entrent en scène. le scénario prend de l'ampleur, en fait il n'y a pas un, mais plusieurs héros qui gravitent autour du personnage central.
Et à partir de là, on ne décroche plus tellement l'histoire est prenante et les héros attachants.
J'attaque derechef le deuxième tome
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À ce moment, dans le vrombissement et le battement des ailes de milliers d’insectes qui finissaient de s’abreuver et rentraient en virevoltant avant le crépuscule, un chant s’éleva. Fuíndis chantait, doucement, et on aurait dit le murmure d’un vent de nuit. Ses paroles étaient à peines audibles, mais elle chantait un de ces lais mélancoliques qui troublent le cœur des hommes quand il leur semble en percevoir les échos dans les forêts d’Aïrenor.
(...)
Le chant avait accompagné le soleil dans son passage vers la nuit, et Nulonen lui avait fait face dans sa lente chute en pleurant. À présent brillaient les premières étoiles, et le lai n’était pas achevé.
Nulonen fut la première à renoncer au charme qui avait endormi sa vigilance dans le chant de Fuíndis. Elle traversa les buissons pour arriver dans l’abri, et brisa l’air en chuchotant délicatement un son qui demandait le retour au silence. Mais l’Elfe n’en tint aucun compte et poursuivit son lai. Elle chantait à la mémoire d’Arehuir, et rien, pas même une armée dressée face à elle, n’aurait pu la faire taire avant d’avoir achevé.
Il l’observait ainsi avec inquiétude quand il ressentit très brièvement un pic qui troubla sa conscience, un choc bref et soudain qui s’appesantit sur lui un très court moment. Ce fut en vérité un frisson que perçurent presque au même moment tous les membres de l’équipe, comme un éclair qui rebondissait sur chacun, parcourant tout le groupe. Seul Eldeflar l’éprouva clairement, et l’instant suivant il crut voir une vibration de l’air autour de Yamaar, brève et dense ! Mais le vieil homme n’avait pas bougé et personne autour de lui ne semblait avoir remarqué le phénomène.
Yamaar ouvrit les yeux et se tourna vers Anno.
— Il est venu pour nous compter, expliqua-t-il. Je l’ai saisi quand il est passé sur moi. Le voyez-vous ?
Anno regarda vers le Sujéteur et le vit immobile sur son cheval.
— Ne me dites pas que le sort de ce petit fief perdu dans les collines vous émeut ?
— Aurais-je fait un tel voyage dans le cas contraire ? se moqua la première voix. Je m’interroge sur ces nouvelles fortifications et les projets de Dafur. Mais vous ? Qu’est-ce que ce petit fief peut avoir de si important pour vous ? Il y a deux jours encore, vous me demandiez d’écourter ce séjour et d’aller directement à notre prochaine étape !
— Jusqu’à hier, j’ignorais encore qui vivait entre ces murs. Les choses viennent de changer. Nous allons faire venir les forces qui conviennent. Tout ce qu’on vous demande est de ne pas interférer. Nous ne toucherons à aucune autre terre !
— Hum, et… bref, celui-ci est le rustre Ménor,
qui manque tous ses rendez-vous avec la mort.
L’approcher, c’est reculer ; le combattre, mourir !
Il ne laissera personne – dit-il – lui nuire.
Puis il s’inclina comme devant un roi, et déclara :
— Quant à moi, je suis Arehuir, pour vous servir.
J’ai le vice d’apporter feu gai et sourire
quand d’autres ruminent ténèbres et chagrin.
Mais gardez-vous bien des lames du baladin !
Nulonen passa sa main sur la fine cicatrice qui ornait sa gorge, et félicita celui qui venait de si bien parler pour présenter ses amis.
Elle s’approcha de la porte et menaça l’homme qui travaillait à l’enfoncer :
— Éloignez-vous de cette porte, si vous ne voulez pas y mourir cloué !!
L’assaillant s’arrêta un instant, posant sa main et une oreille contre la porte pour tenter de savoir ce que manigançaient ces femmes. Feriane sans attendre leva le coude et, d’un geste précis, planta sa lame dans le bois. À la surprise d’Ethiel, l’épée s’y enfonça sans effort. Elle traversa la porte comme une simple toile, et transperça la main de l’homme quelques pouces au-dessus de son oreille attentive.