Depuis que j'ai repris ma lecture du cycle d'Avalon de
Marion Zimmer Bradley, Les Dames du Lac était l'un des volumes que j'attendais le plus car il m'avait vraiment marquée dans mon adolescence. Je m'attendais donc à être à nouveau emporté par les drames poétiques de nos chevaliers et leurs dames. Je ressors plutôt dubitative face à une écriture qui, finalement, a bien vieilli.
J'ai tout de même pris un vif plaisir à retrouver l'ambiance mi-antique mi-médiévale et totalement fantastique de cette épopée arthurienne où magie, sentiments et politique se mélangent sous couvert de crises de la foi et de la confiance. L'autrice a parfaitement su faire revivre cette époque encore pleine de mysticisme, où les croyances en la déesse sont encore forte, représentées par ce lieu mystérieux qu'est Avalon et par cette nature pleine de dons qui les entourent. J'ai beaucoup aimé la peinture du décor de l'histoire.
Quant à l'histoire, elle, elle reprend les fondamentaux de la légende arthurienne que nous connaissons tous grâce à
Chrétien de Troyes et ses successeurs, mais elle ajoute également ses petites touches. On retrouve ainsi un mélange entre paganisme et chrétienté qui concrétise à merveille tout le travail entrepris dans les tomes précédents. Et le fait que ce soit les femmes (Morgane, Guenièvre, Ygerne), qui soient les narratrices et points d'orgue de l'histoire, permet de rythmer celle-ci différemment. Ainsi parle-t-on moins de faits guerriers, de quêtes et autre politique, et plus de sentiments, de couples, de place de la femme, mais aussi de rivalités. J'ai aimé ces choix.
Mon problème est venu de la narration. J'ai trouvé celle-ci terriblement froide et extérieure. A aucun moment, je ne me suis sentie réellement impliquée aux côtés des héroïnes dans cette histoire. Pourtant l'histoire de Morgane, fille et soeur de roi, qui va faire un fils avec son frère, tomber amoureuse de son meilleur ami qui ne la voit pas, et qui va se retrouver tiraillée dans sa foi, était une destinée qui aurait dû me saisir le coeur. de même, celle de Guenièvre, mariée pour arranger les affaires de son père, mais amoureuse du meilleur ami de son mari, qui ne parvient pas à donner le jour et à qui on autorise une relation adultère, ce qui la détruit, aurait dû me ravager également. Sauf que l'écriture de ces femmes est ratée, du moins, pour la lectrice que je suis aujourd'hui, qui attend plus qu'un texte froid mais une plume qui réellement m'implique dans leurs états d'âme et détaille tout cela.
L'autrice pose en effet les bases d'un véritable drame romantique comme dans certains
romans de chevalerie mais elle va trop vite, elle aligne trop les faits sans les creuser, elle ne développe pas les situations qui susciterait l'émotion mais les résume. Cela donne un ensemble trop succinct et trop froid. Là où ce roman relate en 400 pages tant d'années de vie, j'en aurais au moins vu deux volumes au lieu d'un pour approfondir tout cela et réellement plonger le lecteur dans tous ces tourments, intimes et personnels que vivent Morgane et Guenièvre dans leurs rivalités dans les coeurs d'Arthur et Lancelot.
Je ressors donc mi-figure mi-raison de ce roman courtois de fantasy où il y a tous les ingrédients pour une belle et poignante histoire mais où la plume, peut-être datée, mais surtout trop froide et concise m'a empêchée de vibrer avec les personnages. Je ne peux pas dire que je me suis ennuyée mais je n'ai pas vibrée comme je l'attendais. Je suis restée simple spectatrice alors que j'aurais aimé vivre ces drames à leurs côtés. C'est donc un peu à reculons que je vais vers le septième et ultime volet de cette histoire.
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