Qui ne connaît la vérité n'est qu'un imbécile. Mais qui, la connaissant, la nomme mensonge, celui-là est un criminel!
J'apprécie les consolations de la chair. Je n'ai aucune patience envers les âmes lâches qui nomment cela faiblesse. Je dis : jouir est une prouesse.
LE MATHEMATICIEN .
- Pourquoi continuer à marcher sur des oeufs ? Tôt ou tard monsieur Galilée devra bien se réconcilier avec la vérité. Ses planètes de Jupiter perceraient l'enveloppe de la sphère. C'est tout simple.
FEDERZONI.
- Vous serez étonné : il n'y a pas d'enveloppe des sphères.
LE PHILOSOPHE.
- Tous les manuels vous diront qu'il y en a , mon bon monsieur.
FEDERZONI.
- Alors qu'on nous donne de nouveaux manuels
LE PHILOSOPHE.
- Votre altesse, mon vénéré collègue et moi-même, nous nous appuyons sur rien moins que sur l'autorité du divin Aristote en personne.
GALILEE, presque humblement.
- Messieurs, la croyance en l'autorité d'Aristote est une chose, les faits qu'on peut toucher du doigt en sont une autre. Vous dites que, d'après Aristote, il y a là-haut des sphères de cristal, et qu'ainsi, certains mouvements ne peuvent avoir lieu parce que les astres perceraient les sphères. Mais que se passerait-il si vous pouviez constater ces mouvements ?
Peut-être cela vous suggérerait-il que ces sphères de cristal n'existent pas ?
Messieurs je vous demande en toute humilité d'en croire vos yeux....
(extrait de l'acte 4 "Galilée a troqué la république de Venise contre la cour de Florence. Ses découvertes dues à la lunette se heurtent à l'incrédulité des savants florentins")
Galilée, je te vois sur une route qui m'épouvante. C'est une nuit de malheur, celle où l'homme voit la vérité. Et une heure d'aveuglement, celle où il croit à la raison de l'espèce humaine.
Penser est un des plus grands divertissements de l'âme humaine.
« On ne peut rien apprendre aux gens.
On peut seulement les aider à découvrir qu’ils possèdent en eux tout ce qui est à apprendre »
J'apprécie les consolations de la chair. Je n'ai aucune patience envers les âmes lâches qui nomment cela faiblesse. Je dis : jouir est une prouesse.
LE PHILOSOPHE — L'argument perdra de son éclat, mais nous sommes chez vous. Le monde tel que se le représente le divin Aristote, avec ses sphères et leurs musiques mystiques, ses voûtes de cristal et les cycles de ses corps célestes et l'inclinaison de l'orbe solaire et les secrets des tables des satellites et la profusion d'étoiles au catalogue de l'hémisphère austral et l'architecture illuminée du globe céleste, est une construction d'un tel ordre et d'une telle beauté que nous devrions certainement hésiter à détruire cette harmonie.
GALILEE — Et si Votre Altesse apercevait maintenant par la lunette ces étoiles impossibles autant qu'inutiles ?
SAGREDO. Et où donc est Dieu ?
GALILÉE. Suis-je théologien ? Je suis mathématicien.
SAGREDO. Avant tout tu es un homme. Et je te demande où est Dieu dans ton système du monde ?
GALILÉE. En nous ou nulle part !
GALILÉE. Si j'avais résisté, les physiciens auraient pu développer quelque chose comme le serment d'Hippocrate des médecins, la promesse d'utiliser leur science uniquement pour le bien de l'humanité! Au point où en sont les choses, le mieux que l'on puisse espérer est une lignée de nains inventifs qui loueront leur service à n'importe quelle cause.
Scène 14