GALILÉE : Pourquoi travaillez-vous ? Je tiens que le but unique de la science consiste à diminuer les misères de la vie humaine. Si des hommes de science, intimidés par des maîtres égoïstes, se contentent d'accumuler du savoir pour le savoir, la science risque d'être rendue infirme et vos nouvelles machines peuvent ne représenter que de nouvelles tribulations. Il se peut qu'avec le temps vous découvriez tout ce qu'il y a à découvrir, et pourtant votre progrès ne sera qu'une progression loin de l'humanité. Le gouffre entre vous et elle peut un jour devenir si profond qu'à votre cri d'allégresse devant quelque nouvelle conquête pourrait répondre un universel cri d'épouvante.
Scène 14.
GALILÉE : Notre ignorance est infinie, entamons-la d'un millimètre cube ! À quoi bon vouloir encore être si intelligents, quand nous pouvons être enfin un tout petit peu moins bêtes !
Scène 4.
Andréa. Avec l'homme de la rue nous disions : Il mourra mais il ne se rétractera jamais. -Vous êtes revenu : je me suis rétracté mais je vais vivre. -Vos mains sont souillées avons-nous dit. Vous avez dit : mieux vaux souillées que vides.
Sagredo. As-tu perdu tout bon sens ? Oublierais-tu vraiment dans quelle affaire tu t'engages si ce que tu vois est vrai? Et si tu vas crier sur toutes les places publiques que la terre est une étoile, et non le centre de l'univers?
Galilée. Oui et que ce n'est pas tout le gigantesque univers, avec tous ses astres, qui tourne autour de notre terre minuscule, comme chacun pouvait se le dire!
Galilée. Suis théologien ? Je suis mathématicien.
Sagredo. Avant tout tu es un homme. Et je te demande : où est Dieu dans ton système ?
Galilée. En nous ou nulle part.
SAGREDO.
Galilée, je te vois engagé sur un chemin terrible. C'est la nuit du malheur, celle où l'homme voit la vérité. Et l'heure de l'aveuglement, celle où il croit en la raison humaine De qui dit-on qu'il a les yeux ouverts ? De qui qui va à sa perte. Comment les puissants pourraient-ils laisser courir en liberté quelqu'un qui sait la vérité, ne serait-ce qu'une vérité touchant les astres les plus éloignés !
Acte I, scène 3.
Federzoni, nous allons peut-être finir par vivre un temps où nous n'auron plus à regarder autour de nous comme des criminels pour dire que deux et deux font quatre.
C'est mon masque qui me permet aujourd'hui quelques libertés. Dans un tel costume, vous pourriez m'entendre murmurer : si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer. p.74
- Tout le monde aujourd'hui met de la science dans son vin. p.16
On avait toujours dit que les astres étaient fixés sur une voûte de cristal pour qu'ils ne puissent pas tomber. Maintenant nous avons pris courage et nous les laissons en suspens dans l'espace, sans soutien, et ils gagnent le large comme nos bateaux, sans soutien, au grand large. Et la terre roule joyeusement autour du soleil, et les poissonières, les marchands, les princes, les cardinaux et même le pape roulent avec elle.