Que voilà une pièce drôle, profonde et spirituelle ! Je ne m'y attendais pas à ce point et j'ai été subjuguée. Grand merci monsieur
Bertolt Brecht.
Nous sommes dans la Finlande rurale du milieu du XXème siècle (c'est-à-dire que l'action est tout à fait contemporaine au moment de son écriture). Puntila et Matti forment un couple de contraires assortis à la façon de
Don Quichotte et Sancho Pança ou de Jacques le fataliste et son maître.
Puntila est un gros propriétaire terrien et riche fermier du Tavastland (
Brecht donne presque tous les noms locaux en Suédois, en Finnois on nomme cette province Häme). Matti est son chauffeur (cette fonction incluait aussi, à l'époque et en milieu rural, le maniement intensif du tracteur dans les champs).
Un inévitable choc des classes devrait se produire entre eux deux s'il n'était une petite caractéristique de Puntila. C'est un intarissable ivrogne et, lorsqu'il est saoul comme un cochon, ce qui arrive souvent, l'alcool produit chez lui un éveil des sentiments humains, voire de la philanthropie et de la confraternité envers son personnel qui contrastent fortement avec l'autoritaire, prosaïque et calculateur Puntila qu'il est lorsqu'il est à jeun.
Parmi tous les employés de Puntila, Matti est le seul à lui dire franchement son fait sans chercher à le flatter d'aucune façon. À cause ou grâce à ce caractère, Matti est le protégé de son maître sous l'emprise de l'alcool ou bien sa bête noire en période de sobriété.
Il est aussi question de mariage mais il ne serait pas souhaitable que vous en sachiez plus dès à présent. En revanche, sachez encore que cette pièce est le prétexte pour
Bertolt Brecht à l'évocation de questions très profondes sur l'humanité, les classes ou le modèle social, le tout avec une drôlerie sans pareil.
Le propos politique résolument orienté "à gauche toute" est dans la lignée d'un Gorki, avec l'humour en plus. Si ce point ne vous rebute pas, je vous conseille sans hésitation, des deux mains et des deux pieds, cette mignonne petite comédie sociale, mais ce n'est là que mon avis, un parmi tant d'autres, autant dire, pas grand-chose.