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3,74

sur 121 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Oui c'est un roman d'espionnage, mais pas que... Lecteurs rebutés par le genre, ne passez pas votre chemin. Vous perdriez l'occasion de découvrir le brillant talent de conteur d'un romancier et scénariste ("Homeland") aujourd'hui disparu.
Imaginez un état imaginaire du Moyen-Orient proche de la Syrie et du Liban à la fin des années cinquante. A sa tête, un jeune roi (22 ans à l'époque de l'histoire), contraint de succéder à son père assassiné (comme son grand-père d'ailleurs), alors que, taiseux et timide, il ne semble guère taillé pour le rôle.
Face à lui, l'ambassade américaine, au sein de laquelle la CIA avance ses pions pour manipuler cette proie toute désignée. le panarabisme mis sur orbite par Nasser, plus agressif que jamais, est également à l'action pour circonvenir le souverain inexpérimenté.
Voilà pour le contexte. Mais la trame sous-jacente, c'est la recherche obstinée d'un universitaire, 40 ans après, pour découvrir ce qui s'est passé réellement à la fin 1958 lorsque la lutte entre la CIA et les services secrets égyptiens ont conduit d'abord à un coup d'état, puis après que le jeune roi a repris le pouvoir, à son élimination.
Pourquoi cet acharnement du chercheur-narrateur autour de cet épisode somme toute mineur de l'histoire dramatique du Moyen-Orient ? Simplement parce que son père, chef de la mission locale de la CIA au Korach, fut l'un des protagonistes majeurs de la tragique destinée de cet état-confetti, sacrifié sur l'autel de la lutte hégémonique entre grandes puissances.
L'enquête minutieuse de ce fils, frustré d'avoir vécu au coeur du volcan sans rien y comprendre (il avait 10 ans), participe au caractère original de ce roman de haute tenue qui dénonce certes les errements de la politique étrangère américaine durant la guerre froide, mais met aussi en lumière la volonté d'un fils de mettre au jour son histoire familiale étouffée par le secret.
Bromell tisse sa toile avec ingéniosité. Ses portraits finement ciselés -notamment celui du roi et son évolution psychologique- sont la marque d'un véritable écrivain doublé d'un fin connaisseur de l'âme humaine.
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Un agent de la CIA débarque en 1957 avec sa femme et son fils au Korach, petit état du Moyen Orient coincé entre la Jordanie, la Syrie et l'Irak. Sa mission est d'établir des liens étroit avec le jeune roi, afin de rallier celui-ci à la cause américaine. Quarante ans plus tard, le fils, désormais historien, cherche à comprendre les circonstances entourant l'assassinat du roi fin 1958...et le rôle joué par son père dans ce meurtre.

Voilà un roman d'espionnage dense, captivant, qui nous replonge dans un contexte d'évolution du monde arabe et de guerre froide, lorsque soviétiques et américains se battaient pour le contrôle de chaque petite parcelle du monde. L'auteur, par ailleurs créateur de la série télévisée Homeland, sait de quoi il parle, son propre père ayant été agent de la CIA dans les années 50, et il l'a ainsi suivi dans ses différentes affectations. C'est l'une des originalités du roman, qui est de nous parler de la famille des espions, du rôle joué par leurs femmes, du ressenti de leurs enfants. On est loin des individus solitaires habituellement décrits dans les romans. Son autre originalité est de passer sans cesse, et de façon parfois assez abrupte, du passé au présent, et vice versa. C'est néanmoins très fluide, et cela rend l'histoire particulièrement vivante, dynamique. Ce roman met aussi en lumière les excès de l'impérialisme américain, obsédé par l'idée de contrer l'expansion communiste, considérant les dirigeants des autres pays comme des pions que l'on peut acheter (le roi du Korach est ainsi considéré de façon méprisante comme "notre petit roi" par les hautes sphères US).

Bref, un roman vraiment passionnant, une page d'histoire. Je remercie sincèrement Babelio et Gallmeister pour l'envoi de cet ouvrage.
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« Little America, en référence au Little Italy de New York ou au Little Saigon de Los Angeles, une version miniature et, dans une certaine mesure, abâtardie, d'un endroit réel, très, très loin. » Cet endroit éloigné c'est le Korach, petit pays imaginaire du Moyen-Orient, au confluent des frontières de la Jordanie, de l'Iraq et de la Syrie, sorte de figure de style permettant à l'auteur d'illustrer son propos. Ce roman, en partie autobiographique, situe l'action en 1958 et les acteurs en sont des agents du renseignement de la CIA dépêchés au Korach afin de prendre, auprès du roi, la place cédée par les Britanniques dont l'empire s'est délité depuis les deux grandes guerres du XXe siècle. On y voit, dans le quotidien, les familles de ces agents secrets, parachutées dans un pays totalement étranger à leurs valeurs; on y voit, à notre grand désarroi, la façon de procéder des pontes de la CIA, bien au chaud dans leurs fauteuils à Washington, D.C., décider de la configuration géopolitique du monde. Ce qui est génial avec ce livre, c'est que l'auteur tente aussi de comprendre ce qui a amené ces hommes et ces femmes à embrasser un environnement rempli de magouilles, de mensonges, de duplicité et de coups fourrés. Par patriotisme, par goût du risque ou simplement par envie de contrôler, à une petite échelle, le monde? Les réponses ne sont pas claires et limpides. Les États-Unis ont voulu réinventer le colonialisme moderne mais par manque de subtilité et de compréhension profonde des pays qu'ils ont investis, les résultats n'ont jamais été grandioses. Un roman qu'il faut lire, encore plus dans le contexte « trumpien » actuel.
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H.Bromell nous emmène sur plusieurs terrains : la géopolitique du moyen orient dans les années cinquante dans le cadre d'un pays imaginaire, l'espionnage façon CIA et le roman familial, son tour de force est de garder équilibre et fluidité entre ces thèmes.
La part des secrets de famille parait envahissante au début mais en réalité l'auteur joue avec les codes surexploités de ce genre pour se concentrer sur le vrai sujet du livre : l'incommunicabilité entre l'Orient et l'Occident et entre les pères et les fils, particulièrement quand on a affaire à des américains, des WASP pleins de certitudes sur eux-mêmes et leur beau pays.
Comme il se doit la CIA accumule les bévues et provoque une catastrophe bien prévisible sur le plan diplomatique mais aussi dans les vies de nos héros.
Le bilan littéraire est lui très positif. le lecteur est emporté, avec ce qu'il faut de fausses pistes et de surprises, Il s'attache à des personnages qui sont crédibles, complexes et secoués par les forces de la politique et les faiblesses humaines.
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La quête d'un père sur fond de politique extérieure US au Proche-Orient dans les années 50.
Cette quête est le moteur de la persévérance d'un fils à vouloir savoir ce qu'il s'est passé dans le royaume de Korach où son père,agent de la CIA, était en poste à l'ambassade des USA.
On est dans une ambiance feutrée,nostalgique et teintée d'un certain romantisme suranné, une sorte de Mad Men chez John le Carré.
Un récit à double lecture,habile dans sa construction et joliment écrit.
Une belle découverte.
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Terry Hopper, fils d'espion.
Devenu historien, il essaie de rassembler les faits sur ce qu'il s'est passé en 1958 à Hamra, capitale du Korach (imaginaire) au Moyen Orient.
Difficile de recueillir des informations de la part d'anciens espions et notamment de son père Mack. Entre ses souvenirs, ceux des protagonistes les moins réticents et la documentation de la CIA ouverte à la consultation, il va reconstruire l'histoire.
Quel a été le rôle de son père dans les évènements de cette fin d'année et la mort du jeune roi ?

Un roman d'espionnage et la quête d'un fils vers son père.
Les enjeux diplomatiques de cette région du monde sont au coeur de ce roman avec les manigances de tous pour prendre le pouvoir d'un petit État.

J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire mais au fil de la lecture, l'intrique devient plus intéressante et l'on attend la fin avec impatience.

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Little America (qui fait référence au little Italy de New York) est une communauté américaine au Moyen-Orient en 1958.

La CIA qui manipule les gens et les pays, décide de ce qui doit être, exécute toujours dans son propre intérêt sans jamais de remord ni mea culpa.

Roman passionnant d'un fils qui recherche qui a bien pu être son espion de père (et surtout ce qu'il a bien pu faire), sur les travers de l'espionnage poussées jusqu'à la bêtise la plus crasse.
Mais on fait aussi un délicieux bond dans le temps, avec moult références au habitudes des années 60.

Parfois un peu fastidieux mais j'ai adoré.
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On dirait un John le Carré qui se serait pris d'empathie pour ses personnages.
Little America de Henry Bromell, c'est une sorte d'autofiction, de vraie-fausse autobiographie : l'auteur se met lui-même en scène, écrivain/historien, à la recherche du passé de son père, espion de la CIA au Moyen-Orient dans les années 50 (le véritable père de Bromell fut effectivement un agent de la CIA au Moyen-Orient).
❤️ L'une des réussites du bouquin est l'entrelacement finement tissé entre les questions présentes du fils au père retraité à Boston et les tentatives de reconstitution du passé des fifties dans un petit pays arabe imaginaire, entre Irak et Syrie.
Phrase après phrase, tout cela s'entremêle de façon subtile sans que le lecteur s'y perde. Remarquable.
L'autre intérêt bien sûr, c'est de se voir expliquer la naissance des profonds courants qui façonneront le monde jusqu'à aujourd'hui : le socialisme du parti Baas, le panarabisme des frères musulmans, l'ascension égyptienne de Nasser, et la paranoïa des américains apeurés de voir s'étendre au Moyen-Orient l'effet domino déjà en oeuvre en Asie du Sud-Est, craignant que les communistes parviennent à conquérir le Monde.
Et puis il y a ce ton ironique et désabusé, so british, même si l'on a affaire à une famille 100% US (qui, certes, avait pris le relais des anglais dévastés par la seconde guerre).
De l'espionnage et de l'Histoire, de la famille et de la nostalgie, de la belle écriture, un assassinat et même peut-être une histoire d'amour comme ténu fil rouge : savoureux cocktail.
Henry Bromell est récemment décédé en 2013 : il commençait tout juste à être reconnu, avec ce roman et sa contribution au scénario de la série Homeland.
Pour celles et ceux qui aiment les espions.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.com/..
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L'histoire d'un enfant de parents espions, quelque par dans une royaume (imaginaire) du moyen-Orient dans les années 1960, qui souhaite retracer précisément ce qui s'est passé.
J'ai beaucoup aimé l'enchainement des évènements et la description des lieux. Chaque personnage a une forte personnalité, et détient une part du puzzle qui se reconstitue progressivement.
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1958. le jeune roi du Korach, petit royaume fictif coincé entre la Jordanie, l'Irak et la Syrie, est assassiné sous les yeux de Mack Hooper, agent de la CIA avec qui il entretenait des liens d'amitié. Une amitié sujette à caution dans la mesure où la mission de l'espion n'était autre que se rapprocher du roi, le façonner et l'influencer pour qu'il préfère les Américains à d'autres possibles influences...comme les Soviétiques. Pour se faire il s'était installé sur place avec sa femme et leur fils Terry, petit garçon de 10 ans qui réalise au cours de ces mois passés au Korach que le travail ne son père n'est pas ce qu'il semble être. 40 ans plus tard, devenu historien, et intrigué par ce passé dont il ne comprenait pas tout à l'époque, il se lance, sous prétexte d'écrire un livre sur la politique étrangère au Moyen-Orient, dans une minutieuse enquête sur la mort suspecte de ce roi dont il garde qu'une bribe de souvenir. Interrogeant ses parents, archives historiques et autres témoins de l'époque, par ailleurs animé par la volonté de retrouver la mystérieuse auteure lettre romantique (son père avait-il trompé sa mère?) Terry reconstitue les faits et événements ayant abouti à la disparation du roi et de son pays.

Guerre froide, politique étrangère américaine, espionnage...il m'en faut peu pour me tenter. Little America ne pouvait que susciter ma curiosité. Bilan? Cela n'était pas ce à quoi je m'attendais mais une bonne surprise tout de même. Henry Bromell nous embarque dans une histoire, à la limite de l'autobiographie, dense, riche et passionnante. le fil peut parfois être difficile à suivre, étant donné les allers-retours entre le passé et le présent sans pour autant rendre la lecture laborieuse. Au contraire voilà un roman rempli d'informations, aux descriptions minutieuses (on pourrait parfaitement se représenter paysages, personnages et faits dans les moindres détails) qui n'en reste pas moins d'une lecture fluide et rapide. Il faut dire que, alors que Terry à travers cette reconstitution cherche à cerner et comprendre son père, le lecteur pour sa part n'a qu'une envie, connaître le fin mot de l'histoire.
Ici point d'espion à la James Bond. Tout est dans la subtilité du recrutement des sources et dans l'art et la manière de les manier et de les manipuler, au nom du serment fait, du secret à garder et du pays pour lequel on travaille.
Passionnant et probablement criant de vérité, un roman à lire et qui suscite la réflexion.
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