Devolution

p.130.
« Le besoin, a-t-elle dit. Voilà ce qui scelle un village. Nous sommes un village, maintenant, et ce qui nous maintient ensemble, c’est le besoin. Je ne vous aiderai pas si vous ne m’aidez pas. Ça, c’est un contrat social. »

p.121.
« Elle a raison. » Enfin. Mostar m’a accordé un signe de tête morose. « Une blessure fait de toi un preneur, et non un donneur. Tu deviendrais un fardeau, on perdrait du temps à s’occuper de toi. Voilà pourquoi la plupart des armes de guerre sont conçues pour blesser la victime, et non la tuer. Les blessés sont plus problématiques que les morts. »

p.95.
« Un mensonge a le temps de faire deux fois le tour de la Terre avant que la vérité ait le temps de se rhabiller. »
Cordell Hull, secrétaire d’État du président Franklin Delano Roosevelt

p.33.
Dans Les Enfants de Rousseau, Reinhardt avait démontré la justesse des théories de Rousseau en étudiant la tribu de chasseurs-cueilleurs San, dans le désert du Kalahari. « Ils ne souffrent pas des problèmes de nos sociétés prétendument avancées, a-t-il dit. Criminalité, addiction, guerre, rien du tout. Ils sont l’incarnation même des thèses de Rousseau.
- Et contrairement à l’idéal de Rousseau, les femmes ne sont nullement des esclaves sexuelles vertueuses d’une société dominée par les hommes. » Ça, c’était Carmen. Elle l’a dit gentiment, en souriant, avant de lever les yeux au ciel d’un air sarcastique.

p.21.
Pauvres bêtes. Elles semblaient effrayées, en colère. Et pourquoi s’en étonner ? Qu’avaient-elles ressenti quand une horrible personne les avait relâchées dans un environnement inadapté ? Et leurs petits ? Élevés dans un inconfort permanent, en contradiction avec leurs gènes. Chacune de leurs cellules vouée à un mode de vie qui ne lui conviendrait jamais. Ces oiseaux n’avaient rien à faire ici ! Rien n’avait rien à faire ici ! Difficile de saisir l’anormal quand on n’a jamais rencontré la normalité. Cet endroit, ces arbres immenses et ces joyeux colibris qui s’échangeaient des baisers... ici tout était à sa place.

Pourquoi auraient-ils eu besoin d’un téléphone satellite ou d’une radio bidirectionnelle ? Ce genre de technologie, c’est utile quan on est entièrement coupé du monde, mais ce n’était pas du tout le cas ici. L’intérêt de Greenloop était que ses résidents avaient le même accès internet que n’importe qui dans l’Upper East Side de Manhattan. Mieux, même. En tant que communauté de télétravailleurs, il fallait justement avoir la connexion la plus rapide, la plus sûre possible, surtout quand on connait les conditions météo dans le Nord-Ouest Pacifique. Les données de toute la communauté passaient par de solides câbles en fibre optique. Et pourquoi, comment, ce câble pouvait-il tomber en panne ?