"On passe son enfance à être nourri, protégé, aimé sans condition, et on passe sa vie d'adulte à chercher en vain des substituts. Le couple, le gouvernement, Dieu ..."
D'après ce que j'entends, l'armée et les flics sont redéployés» à Seattle pour « rétablir l'ordre». On rappelle nos soldats du Venezuela, mais il semble que cela prenne du temps, plus que prévu. Certains journalistes spéculent sur le retard que cela entraînera pour l'arrivée des secours dans la zone sinistrée et sur le nombre de personnes qui mourront en attendant leur aide.
Je me sens tellement mal pour tous ces gens, et coupable que ma première pensée ne soit pas pour eux. Nous allons vraiment rester là tout l'hiver. Ça ne fait plus aucun doute, désormais. Ma boussole interne - dont j'ai déjà parlé - pointe à 100 % vers Mostar. Nous sommes coincés. Voilà. Nos actes, nos pensées, tout doit s'orienter vers la survie.
Au moins, nous n'avons pas à nous soucier des blessures et du froid. La radio dit que ce sera les deux premières causes de décès, là-bas. Mais pour nous, le problème principal reste la nourriture.
p.261-2.
En passant devant la cuisine, j’ai entendu maman ranger la vaisselle. Difficile de lui en vouloir de ne pas avoir pris ma défense. Elle ne l’a jamais fait. Elle n’a jamais su qu’elle pouvait. Entre le claquement de la porcelaine et les bruits sourds des portes des placards, je l’entendais murmurer pour elle-même. Des paroles douces, régulières, musicales. Une prière.
p.188.
Vous connaissez ce vieux dicton : « Si tu ne peux pas vivre avec celui que tu aimes, aime celui avec qui tu vis ? » Dans le monde animal, ça s’appelle la « commutation des proies ». Un prédateur finit par développer une préférence pour une autre source de nourriture, uniquement parce qu’elle est plus abondante que sa nourriture habituelle.
p.36.
Le déni est le rejet irrationnel du danger.
La phobie est la peur irrationnelle du danger.
But is it so wrong to want to be watched over ? When you’re feeling small and scared — which, let’s be honest, is pretty much how i feel all the time — isn’t it okay, just for a moment, to want someone, something bigger than you to have all the answers, to have everything under control ?
It’s great to live free of the other sheep until you hear the wolves howl.
Adversity introduces us to ourselves
A l’aide de notre couteau à pain, Dan avait coupé la plus longue tige de bambou qu’il avait pu trouver, avant d’en éliminer les branches et de la fixer au balai de Mostar avec du gros ruban adhésif. Ça marchait très bien.
p.169.
« Les gens ne voient le présent qu’à travers la lentille de leur passé personnel. » Ses lèvres se sont froissées dans un sourire amer. « C’est aussi mon problème je crois. »
Elle s’est assise sur les marches, concentrée sur la cendre. « La violence. Le danger. La voilà ma zone de confort. »
Elle nous a regardés à nouveau. « Vous m’avez probablement prise pour une folle, cette première nuit. » Elle a hoché la tête vers chez nous. Vers le potager, je suppose. « Mais je savais ce que je faisais. Je sais avec quelle rapidité une société peut s’évaporer. J’y ai déjà assisté. Je l’ai vécu. Mais ça... »