Les zombis.
Il y a la tendance dure et largement majoritaire : le demeuré à l'électroencéphalogramme plat, très plat, plus plat que plat, en mode Sarkolâtre acharné.
Le mort vivant qui erre en beuglant des gnééééé (quand sa mâchoire et toute la boutique attenante sont en état de marche), qui ne bouge encore que pour dévorer du vivant en sushi, en tartare, sans cuisson.
Dans ce cas de figure, le zombi n'est qu'un élément du décors, certes important mais il n'est là que pour ajouter de la tension à la panique et expliquer le merdum ambiant. C'est le cas de WALKING DEAD, les films de Roméro (bien que pour ces derniers on peut en faire une lecture bien plus politique) et autre WORLD WAR Z.
Mais ces derniers temps une autre école, plus douce, se fait jour. le zombie est une être pensant, conscient. IN THE FLESH, épatante et sensible série anglaise en est un excellent exemple.
Le mort vivant est au centre de l'intrigue et est l'acteur (du moins il essaye) de son propre destin. le zombi dans cette optique est de fait une minorité exécrée et victime d'un préjugé largement défavorable.
Comme dans ce livre génial de l'écrivain SG Browne. Ce bouquin m'a heureusement surpris. je m'attendais à une grosse poilade et je me retrouve avec un bouquin sensible, intelligent et drôle, très drôle.
Andy Warner est le héros de cette épopée, il se réveille d'entre les morts et se retrouve dans l'état de sa mort, un accident de voiture. une cheville en vrac, une épaule luxée, le corps en capilotade et impossible de parler. le parfait candidat pour le casting du zombi hollywoodien. Cependant, Andy est un un être pensant, conscient.
COMMENT J'AI CUISINÉ est tout d'abord un roman d'apprentissage, de lutte et d'amour.
D'apprentissage car se réveiller zombi est un combat, on doit penser à gérer un corps qui se décompose inexorablement (enfin il y a bien une solution radicale mais nous y reviendrons). Les zombis se gavent ainsi de tout le formol qu'il preuve trouver dans les shampoings, lotions etc.
Le "vous ne pouvez pas comprendre" revient tel un mantra dans l'oeuvre de SG Browne et la force de SG c'est que, bien au contraire, il nous fait comprendre, il nous donne à voir une lutte pour les droits civiques des zombis, un véritable combat que va mener Andy envers et contre tous, contre les respirants...
SG est un quadra sémillant, biberonné au rock, et son écriture s'en ressent, c'est fin, drôle, carré et sans fioriture. Il pratique un humour à froid, noir (vraiment noir) et parfois hilarant.
La culpabilité d'Andy d'avoir démembré ses parents se mêle ainsi à sa fierté d'avoir impeccablement calé les différentes parties des corps parentaux dans le frigo...
C'est aussi un livre d'amour, la romance d'Andy avec Rita autre cadavre pensant est, et bien disons le, émouvante et crédible. Ils s'aiment ces deux là et nous sommes clairement de leurs côtés. Même quand ils se livrent au cannibalisme ! Cet ingestion de chair humaine améliore en effet grandement leur condition et les guérit des fractures des sutures etc. Andy retrouve également son élocution :
"C'est encore rudimentaire, mais tout ressemble à une amélioration quand votre vocabulaire n'a consisté qu'en grognements et autres cris qui élèveraient Leatherface - le tueur attardé de Massacre à la tronçonneuse - au statut d'universitaire renommé."
Non vraiment une foutue trouvaille que ce bouquin, un délice de lecture.
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