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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
La jeune Ida, orpheline, est placée dans une exploitation agricole, c'est une pratique qui était courante en Suisse après-guerre pour éviter le placement en institut et fournir aux agriculteurs une main d'oeuvre gratuite.
Aucun accompagnement, aucune tendresse pour cette jeune fille qui doit accomplir les tâches les plus difficiles d'une ferme pour les propriétaires, Arthur et Greta.
Aucun lien non plus avec ce village où tout le monde se connaît, où les secrets sont chuchotés et les vieilles histoires cachées sous le tapis.
Pourquoi Emil a-t-il fui et abandonné femme et enfant, Arthur a-t-il des intentions malhonnêtes envers Ida, pourquoi Greta se montre-t-elle aussi haineuse avec la jeune fille, chaque famille a son lot de secrets...
Seul le jeune Noah, qui rêve de quitter le village, lui apporte un peu d'amitié et même d'espoir.

Dans la veine « polar rural », Luca Brunoni brosse un tableau très noir et sans espérance de ce village et de ses habitants.
La construction, avec la seconde partie qui reprend exactement le déroulé de la première mais vues par d'autres narrateurs, est intéressante.
Le style, sobre, et la traduction, excellente, de Joseph Incardona, sont irréprochables.
Pourtant, contrairement à d'autres lecteurs sur Babelio, je n'ai pas trop accroché à ce récit (pourtant je suis une fan des polars noirs ruraux de Franck Bouysse ou Ron Rash).
Trop de personnages, trop d'insinuations sans réponses, trop de secrets, trop d'invraisemblances (le secret de Greta !), trop de tout alors que ce sujet des enfants placés dans les fermes, leur exploitation et leur difficile intégration dans des villages était un sujet idéal pour un huis-clos dramatique.

Ce livre sélectionné fait partie du Prix Cézam 2024.
Je vous laisse lire le billet très élogieux de Berni29 qui trouve quand même que « la tension se perd parmi ces voix multiples ».
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N°1803– Décembre 2023.

Les silencesLuca Brunoni – Finitude.
Traduit de l'italien par Joseph Incardonna

Au milieu eu siècle dernier, dans la montagne suisse rurale, Ida Bülher, une jeune orpheline de treize ans, se trouve placée dans une famille d'accueil qui n'a jamais eu d'enfant, les Hauser. Malgré ce qu'elle a, un toit et de la nourriture, l'ambiance y est malsaine pour elle, entre le travail, l'obéissance et les coups, dans la chaleur de l'été et la froidure de l'hiver. Elle vit avec la culpabilité d'avoir provoqué la mort de sa mère et même si son sort n'est pas enviable, elle le supporte puisque les autres enfants sans famille sont en orphelinat. La perspective d'y être enfermée l'obsède. Dans cette famille un peu fruste, elle est considérée comme une domestique, malgré l'argent de l'État versée à la famille d'accueil. Sa vie est dure, tout entière vouée au travail de la ferme, sans grandes distractions, dans un village où on se méfie de l'étranger. La femme , Greta, la déteste et Arthur, son mari, pose sur elle des regards lubriques. Son seul rayon de soleil, c'est Noah, le fils du maire avec qui elle veut seulement parler, mais la règle ici, dans ce village perdu des montagnes, ce sont les secrets et les non-dits, les jalousies, les silences. Noah veut partir de cet enfer, avoir une autre vie comme d'autres l'ont fait avant lui et le mystère enveloppe chaque disparition, entre suicide et fuite, et il veut emmener Ida avec lui pour échapper à ce microcosme rural..
Après avoir énoncé, dans une première partie tous les sévices que la pauvre Ida doit endurer de la part de Greta, le roman se penche ensuite sur certains des habitants de ce village où tout le monde se connaît, s'observe et se juge. On apprend à connaître leur vie, leur culpabilité, leurs secrets, leurs histoires, leurs querelles, leurs préjugés dans un contexte chrétien de la présence de Dieu, du respect de la parole donnée, du pardon toujours possible.
Ce livre évoque ces enfants de filles-mères, comme on disait à l'époque, des orphelins ou de parents incapables de s'occuper de leur progéniture et qu'on plaçait un peu au hasard dans des familles où, surtout à la campagne, ils étaient regardés comme de la main-d'oeuvre gratuite. Un roman à plusieurs voix, avec cependant des longueurs dans une ambiance rurale pesante et mystérieuse. L'écriture épurée rend ce roman facile à lire et attachant.

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Les deux parties qui composent le roman sont assez inégales je trouve : le récit d'Ida d'abord est prenant puis on passe à la seconde partie plus générale qui part un peu dans tous les sens. J'ai retrouvé l'atmosphère du "terroir sombre" comme dans Une bête au paradis de Cécile Coulon ou Né d'aucune femme de Franck Bouysse.
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Le sujet de départ parle des enfants placés dans des familles d'accueil en Suisse, au siècle dernier.
Donc j'ai commencé à découvrir la vie d'Ida, à m'attacher à elle, à espérer des lendemains meilleurs.
Mais tout à coup au milieu du roman, ce n'est plus ça.
Le point de vue n'est plus du tout le même et cette seconde histoire m'intéressait beaucoup moins.
Et en même j'ai trouvé que c'était beaucoup trop court. j'aurais aimé des personnages un peu plus détaillés. J'ai trop eu l'impression de survoler, de les regarder de très loin.
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Le livre commence avec Ida, une jeune fille orpheline qui se voit envoyée dans une ferme pour travailler avec un couple. La première partie du livre est construite sur le point de vue de ce personnage, de sa culpabilité et des maltraitances qui vont avec. Par ses yeux, on découvre la vie (et les histoires) du village.

Dans la deuxième partie, le point de vue s'inverse. Ils sont désormais multiples et reprennent l'histoire du début pour donner un nouvel éclairage (et les révélations) sur les zones d'ombres chez Ida. On décroche à ce moment-là. Avant, la fragilité d'Ida donnait au lecteur de quoi nourrir son empathie. Ensuite, c'est beaucoup moins le cas et les problèmes des villageois semblent assez convenus avec une bataille entre rétrogrades et "progressistes". Finalement, tout paraît assez convenu, plein de malheurs partout qui auraient été évités en brisant les silences.
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Je suis un peu perplexe et insatisfait face à ce roman. L'écriture est simple et fluide ce qui rend la lecture aisée. Dommage cependant que l'auteur n'ait pas de style propre. Ce qui me pose problème est la mise en avant de ce livre. On me promet qu'on va parler du placement des enfants suisses à la fin du XIXe, début XXe siècle mais, finalement, on en parle que très peu. C'est plus une histoire assez classique sur les non-dits des villages. Autre souci : la résolution des problèmes. Je viens d'une ville d'un département très rural et campée sur les traditions (bon, ok, on peut dire aux mentalités arriérées). Contrairement à ce que dit l'auteur, l'homosexualité masculine ne sera jamais acceptée aussi facilement, surtout à l'époque où elle est passible de peine de mort. Je ne parle même pas de la fille enceinte qui se marie à l'église ou du poivrot qu'on aide. Pour ces mentalités, un poivrot restera toujours un poivrot et, bien au contraire, on va encore plus l'enfoncer en ne lui tendant jamais la main. Une fille enceinte hors mariage, à l'époque (c'est un peu moins vrai maintenant), n'aurait jamais franchi le seuil d'une église en robe de mariée (il suffit de regarder le refus actuel des diocèses de l'ouest de procéder aux bénédictions nuptiales des couples homosexuels, pourtant désormais acceptées par le pape lui-même). Bref, j'ai l'impression que l'auteur ne maîtrise pas du tout son sujet, que ce soit au niveau historique ou au niveau sociologique. D'où ma note moyenne.
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La Vision de l'histoire de différents points de vue en 2 parties est intéressante. Sinon, assez triste et déprimant.
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Orphelins, enfants de mères célibataires, de parents pauvres ou alcooliques, ils sont des milliers à avoir été placés de force dans des familles d'accueil en Suisse entre le XIXe siècle et 1960, souvent chez des paysans à la recherche d'une main-d'oeuvre bon marché.

L'auteur a voulu créer une expérience de lecture différente en divisant ce roman rural sombre en deux parties : La Ferme & le Village.

"Ma vraie et grande faute. Une faute que je dois payer par le travail harassant, la faim perpétuelle, les regards d'Arthur sur mon corps nu, les coups de Greta, la solitude."
Dans la première partie, nous suivons Ida, une orpheline de 13 ans placée chez les Hauser, Greta et Arthur, un couple sans enfant. A travers ses yeux d'enfant, nous découvrons un village où la vie est austère, rythmée par les ingrats travaux de la ferme. Elle endure la dureté des tâches, le tempérament acerbe de Greta et les regards ambigus d'Arthur. Nous faisons également connaissance avec les habitants de ce village isolé dans les montagnes : Wolfgang, charpentier noyé dans l'alcool depuis le départ de son fils Emil, qui a abandonné mère et enfant (Anne et Nadia), Théodore, le père veuf d'Anne, mais aussi le maire et ses deux garçons Reto et Noah. Elle noue une amitié clandestine avec Noah, qui rêve de quitter le village pour s'installer en ville. Dans cette première partie, nous percevons tous les non-dits et les secrets que les villageois cachent, les tensions sociales entre eux, leurs amours, leurs rancoeurs et leurs jalousies. Ida n'est pas en reste, car elle cache aussi un secret bouleversant. le jeune âge d'Ida fait qu'elle n'a pas tous les outils nécessaires pour tout comprendre. Elle n'a accès qu'à une partie de leur histoire, de son propre point de vue.

Dans la deuxième partie, nous découvrons que la multitude de personnages qui semblaient univoques sont beaucoup plus profonds. Nous avons désormais une vision globale et non plus partielle, et nous devons reconnecter les événements et les personnages. Ce village de montagne devient une véritable "scène" sur laquelle se déroule les événements dramatiques.

"En réalité, nous sommes tous responsables, du premier au dernier. Tout le monde ferme les yeux sur tout, au point que c'est devenu la règle. Voilà ce que font les gens "bien" : ils s'occupent de leurs affaires."
Si la première partie du roman est très réussie, la deuxième partie est un peu en deçà, car la profusion de personnages la rend trop touffue. J'ai également regretté de ne pas en apprendre plus sur Greta, un type de personnage rarement vu dans la littérature, et qui aurait mérité, à mon avis, une plus grande place dans ce roman.

"En 20 ans d'expérience, j'en ai vu beaucoup, et je peux l'affirmer sans le moindre doute : ces villages de montagnes se ressemblent tous."
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