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"Il se retourna avec la sensation diffuse que tous les objets peuplant le salon l'épiaient comme autant de lutteurs immobiles attendaient la moindre faute pour passer à l'attaque".

Paranoïa maximum dans ce roman de Serge Brussolo, qui sait trouver des situations horrifiques tout à fait hors du commun. Dans celui-ci ce sont les objets du quotidien, même les plus triviaux, qui peuvent être, si on les abîme ou on les néglige, la cause d'amendes, de travaux d'intérêt collectifs, de prison voire même plus.

Cette peine maximum David, le personnage principal du roman, l'évite de peu. Parce qu'il a été choisi pour un programme expérimental de la SPO (Société Protectrice des Objets). Il va en effet être "couplé" à un objet ; s'il le néglige ou l'endommage, son corps le sera par effet retour...

Je vous laisse le soin de découvrir les autres cobayes de cette expérimentation, tous aussi déjantés et désespérés.

J'ai choisi ce roman dans le cadre d'un challenge SF. J'avais déjà lu trois romans de cet auteur prolifique, formant "La planète des ouragans", sans avoir eu envie d'aller plus loin. Mon avis a priori négatif s'est peu à peu transformé en "Oui, pourquoi pas ?" avec cette nouvelle lecture. Mais je doute d'y revenir de si tôt...

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En voilà un bon Brussolo ! Après lecture de ce court roman, vous ne verrez plus vos déchets comme avant.

Dans un futur assez indéterminé, la Société Protectrice des Objets est devenue l'organe répressif principal. Erigée en réaction à des décennies de gaspillage outrancier, la SPO traque les "délinquants" qui n'entretiennent pas correctement leurs affaires, voire qui osent se débarrasser d'un objet avant la date légale de péremption. Pour cela, chaque objet est équipé d'une puce et d'un numéro de série qui le relie directement à son propriétaire. Mais un jour, la SPO décide d'aller plus loin, en expérimentant un nouveau procédé qui reproduit, dans le corps même du propriétaire, les usures de ses objets. Ainsi, faire un trou dans son pull, c'est provoquer l'apparition d'une plaie équivalente sur son corps...

Le récit est court, rythmé et s'articule autour d'une idée forte (le lien objet / humain imposé) et illustre parfaitement le fait qu'une logique extrême entraine, en retour, une logique extrême contraire. Néanmoins, même si la société, dépeinte à gros traits par l'auteur, pourrait passer pour être sa vision d'une "dictature écolo", il n'en cautionne pas pour autant le modèle, malheureusement toujours d'actualité, de la consommation outrancière (ne vous laissez pas avoir par le "green washing").

Finalement, ce roman est de la bonne SF, qui, mais c'est la marque de l'auteur, pousse sa logique jusqu'au bout et, ce qui n'est pas toujours le cas avec Brussolo, s'en tient à une idée forte, plutôt que de se perdre dans l'imagination débridée qui est la sienne (ce qui lui arrive parfois, il faut être honnête).

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Roman paru en 1983 dans la célèbre collection "Anticipation", Les lutteurs immobiles est un court roman coup de poing. Serge Brussolo y explore plusieurs de ses thèmes fétiches : les relations de l'individu et de la société. Sous couvert d'une nouvelle norme, d'un respect des objets, un groupe, le SPO (clin d'oeil peu amène à la SPA) établit une dictature sur la population, des villes, mais aussi des campagnes, transformant chaque geste quotidien en torture, en source d'angoisse : abimer, ne serait-ce qu'un peu, un objet et une brigade spéciale viendra vous punir. Et l'auteur de montrer que la peur peut être l'un des plus grands meneurs d'hommes et de femmes. Puisque les rumeurs courent sur la nature des punitions, mais que rien n'est sûr. Tout cela amplifie l'angoisse et renforce la soumission.
Serge Brussolo aborde aussi la mutation des corps, l'association avec l'objet, avec l'autre. Certains personnages vont être liés à des livres, d'autres à des disques, d'autres à des vêtements : si l'objet est abîmé, les dégâts seront répercutés sur l'humain associé. Idée vertigineuse car, si elle semble hors de portée scientifique, je ne peux m'empêcher d'imaginer que certains bien-pensants seraient tout à fait capables de l'utiliser au nom du bien, du respect de l'autre (objet ou animal, ce qui est plus à la mode actuellement).
Ce roman, malgré quelques références datées (les Vandales qui hantent les campagnes, par exemple), est tout à fait d'actualité tant il met en lumière des comportements grégaires bien ancrés dans nos pensées et qui nous menacent encore et toujours. Glaçant.

Challenge Trio d'auteurs SFFF
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Rooooo ! Un roman qui fustige le gaspillage, l'hyperconsumérisme, la "poubelisation" de la planète par négligence ou (et) futilité, mais qu'elle joie pour moi ! J'adore les solutions proposées, certes un peu radicales, mais puisque personne ne veut comprendre…

La planète étouffe sous les déchets, donc on n'a plus le droit de jeter quoi que ce soit tant que les objets sont utilisables. Ils ont d'ailleurs une durée de vie minimum obligatoire en deçà de laquelle on risque la prison ou l'obligation d'effectuer des travaux gratuits le week-end. Il y a des capteurs dans tout, de la tasse ou du couteau jusqu'aux vêtements, pour contrôler le gaspillage et exercer une répression terrible sur le peuple, générant une angoisse et un mal-être profond.

Le passé que décrit Serge Brussolo dans son roman, c'est notre société actuelle, celle du jetable, de l'éphémère, du gaspillage.
Mais dans ce monde futuriste répressif, chacun est obsédé par ses objets et la terreur de les abîmer au risque de voir débarquer instantanément les vigiles de la Société Protectrice des Objets. C'est un monde sans plaisirs ni joies. En revanche les décharges sont quasiment vides.

Bien évidemment dans ce genre de société il existe toujours des rebelles refusant de vivre à genoux qui ont tôt fait de passer dans la clandestinité pour échapper à la dictature et retrouver des valeurs saines.
Mais avec des idées tordues et une technologie de pointe, on peut faire bien pire comme sanction que la prison ou les travaux gratuits…

J'ai adoré cette fable sur notre façon de gérer le progrès, de manière totalement irresponsable et égoïste et la manière effroyable de régler ça des dirigeants. Cette histoire m'a embarquée immédiatement, j'ai dévoré ce livre (pas comme une vilaine souris Hi Hi) sans pouvoir ni vouloir m'arrêter.

C'était mon premier Brussolo, mais d'autres suivront !
Lien : https://mechantdobby.over-bl..
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Ah celui-là il est bon! Quelle idée géniale au départ que cette lutte anti-gaspi qui rend les consommateurs solidaires des objets de consommation ! J'ébrèche mon assiette , je me casse un doigt! Après comme toujours chez cet auteur tout part en vrille ... mais c'est un feu d'artifice d'invention . Mais on pouurait rêver de se transformer comme David (son personnage poupée-vaudou habituel) en char d'assaut...
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Personnellement, j'adore lire les oeuvres de Serge Brussolo, qui est à mes yeux, un des plus grands maîtres de la science-fiction française. Son univers est riche et ses histoires sont toujours passionnantes comme avec ce roman : les lutteurs immobiles où nous découvrons la Société Protectrices des objets qui veille justement contre le gaspillage.
J'ai plutôt apprécié cette histoire un peu décalée et grâce au style de Brussolo et ses histoires extraordinaires, j'ai vraiment passé un agréable moment de lecture.
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Une fois de plus, Serge Brussolo extrapole les conséquences de nos comportements, ici le gaspillage, pour créer un avenir de cauchemar. Désormais, la Société Protectrice des Objets lutte contre le gâchis… à sa manière. Les objets (y compris les habits) sont munis d'une plaque d'identification avec une date de péremption. Aucun d'entre eux ne doit être détruit, jeté, cassé avant cette date. En cas d'infraction, les contrevenants s'exposent à des corvées pendant quelques week-ends ou pire à un séjour dans un camp de rééducation. Fini l'ère du jetable, de l'éphémère, on est dans le culte de l'objet. Cela n'est pas sans conséquences sur le comportement des citoyens. Ainsi, les mères considèrent leurs progénitures comme des vandales. Elles sont plus inquiètes de l'état des jouets que de leurs enfants. Les voitures ne sont quasiment plus utilisées de peur des accidents. La SPO se radicalise et de nouveaux capteurs apparaissent. Les objets de valeur, jusqu'alors préservés, sont désormais piégés. Ainsi, un homme fortuné est retrouvé sur son balcon, entièrement nu, faisant du feu avec des pierres après avoir déserté son appartement cossu devenu un vrai champ de mines. Il suffit qu'une tasse raffinée soit ébréchée pour que la sanction tombe ; d'autant plus lourde que l'objet est précieux. Les lutteurs immobiles du titre, ce sont les objets.

On suit un artiste doué pour magnifier sur ses toiles les objets les plus banals. Sa vie change le jour où il peint une pomme à côté d'un couteau. La pomme n'est pas un objet manufacturé mais un produit naturel donc subversif. Mais surtout, il approche une tribu d'opposants naturistes pour aider un ami… Devenu un ennemi du système, le département recherche de la SPO l'utilise comme cobaye en expérimentant sur lui un dispositif encore plus répressif que les balises incorporées aux objets. Et là, l'imagination de l'auteur est sans limite.

Dans un village expérimental, notre artiste fait la connaissance d'autres cobayes dont une femme physiquement en symbiose avec une montagne de vêtements. Elle vit un enfer en luttant contre les plis, le repassage à mauvaise température, les moisissures, les mites et les rongeurs dont les effets se calquent sur son propre corps (arthrite, brûlures, mycoses, morsures). À quel objet est couplé notre héros ? Pourquoi des vandales (les pires ennemis de la SPO) s'attaquent-ils aux cobayes ? Là, Brussolo se surpasse et étonne vraiment le lecteur en explorant de nouvelles pistes…

Voilà encore une histoire insolite comme sait si bien les raconter l'auteur. Bien que ce ne soit pas son roman le mieux écrit, il fait partie comme tous les « Brussolo » du top de la défunte collection « Anticipation » aux éditions Fleuve noir.
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Encore un excellent livre de Serge Brussolo. Quelle imagination débordante!
Attaque en règle de la société de consommation ou fable ambiguë, les Lutteurs immobiles est une réussite de plus à porter au crédit de Serge Brussolo.
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Imaginez que vous soyez tellement relié à vos objets du quotidien que le moindre choc, la moindre éraflure, trace, ou quel que soit l'aléa, commis sur ces derniers aient des répercutions directes sur votre intégrité. Les objets, simples choses inanimées, deviendraient vos alter-ego. On peut comprendre aisément que, dans le but de se préserver, on ait une attitude protectrice envers ceux-ci. Nos rapports avec le monde qui nous entoure serait directement conditionné par la surveillance de chacun sur chacun, et imaginons par un contrat tacite qui inciterait les membres de la société à tout simplement prendre garde à ce qui semble futile. On peut ainsi se dire que le gaspillage, la profanation de la nature, seraient des souvenirs anciens. Si chacun est attentif à autrui, et mathématiquement si chacun est attentif au contexte de vie de l'autre, la condition humaine y gagnerait. Voilà la réflexion que les officiels de la société décrite par Serge Brussolo se sont faits.

David, peintre, vit dans une société pas si lointaine où les objets sont jetables. Aussi s'amoncèlent les détritus dans des décharges qui s'agrandissent. Or, la plupart de ces détritus n'ont rien d'usés. Au contraire, la grande majorité pourrait être réutilisée et remplir pleinement les fonctions qui lui sont attribuées. Aussi les dirigeants se sont dit qu'il fallait inciter les membres de la société à prendre soin de ce qui les entoure. Alors, ils décident de traquer le gaspillage. Chaque objet, même le plus trivial, est ainsi soumis à une période d'utilisation limite qui correspond au laps de temps pendant lequel il peut remplir intégralement ses fonctions. Et attention à ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ne remplissent pas la condition ! Cette surveillance permanente ne manque pas de susciter des ras-le-bol et autres craintes. Comme tout bon roman contre-utopique, un personnage franchit le point de non retour. Après avoir commis l'irréparable, l'artiste est capturé et soumis à une nouvelle manière de contrôler le gaspillage. Dorénavant, dès qu'il commettra une atteinte envers un objet, il subira l'équivalent dans sa chaire.

Il est ainsi envoyé dans une cité pavillonnaire où chaque résident est relié à un objet totem. le protéger, c'est se protéger soi même. Aussi, dès lors que l'objet subit une agression, c'est la personne qui en souffre autant. Il s'agit presque d'une démarche écologique, voire humaniste. Elle est en tout cas très efficace pour que les individus soient plus attentifs aux autres. Plus attentifs, ou plus paranoïaques. Quoi qu'il en soit David doit faire avec. Sous les conseils d'une jeune femme reliée aux vêtements, il part à la recherche de ce qui sera son totem. Et autant dire que la nature de celui ci est assez étrange. En effet, contrairement aux autres membres du quartier, il est pour ainsi dire à l'abri d'une quelconque agression. Pour autant, est-il à l'abri, lui même ? Bien sûr, Serge Brussolo a une idée derrière la tête...

Les lutteurs immobiles, sobriquet qualifiant ces objets que les membres de cette communauté ont littéralement dans la peau, est un roman court et dense. Au rythme élevé, on suit le périple du personnage principal mais aussi, voire surtout, de la guerre qu'il mène contre cette organisation dont on situe pas toujours très bien le poids, contre les autres membres de la communauté mais aussi contre lui même. le style littéraire se rapproche par bien des côté d'un Ray Bradbury à mes yeux. Faussement simple, il fourmille de détails. Comme si tout était normal, Serge Brussolo nous expose des situations périlleuses et complexes, des événements sombres décrits de manière lumineuse. Les lutteurs immobiles est peut être justement trop bref et ne vas pas assez en profondeur de certains thèmes. Même si la fin surprend, et cela est bien, elle est aussi quelque part artificielle. On a l'impression que, une fois la messe dite, l'auteur ne savait pas trop comment clore son roman. Heureusement, il donne envie d'en écrire une soi même. Bref, comme d'habitude avec les Présence du futur (ou en tout cas, les romans que je choisi dans cette collection), la lecture est agréable, récréative et nourrissante.

Note : III

Les Murmures.

Lien : http://les-murmures.blogspot..
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J'ai beaucoup aimé ce livre. On y retrouve un Brussolo imaginatif, comme je l'aime. L'idée de départ est très intéressante, et elle est très bien exploitée. Brussolo nous renvoie à notre propre égoïsme: les objets, on les casse sans remords, mais quand cela peut se répercuter sur notre petite personne, on prend grand soin de ces mêmes objets. Bien sûr, c'est exagéré, ici, car les gens ne gaspillent pas les objets comme dans ce roman. Mais j'en connais certains qui gaspillent la nourriture comme certains personnages du récit gaspillent les objets.
[...]
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