Une énième biographie ? oui mais avec la faconde de
Bill Bryson qui annonce dès le début qu'il va faire court car sur
Shakespeare on ne sait ...rien ou presque rien.
Il se moque allègrement des érudits qui avec ce rien ont réussi à remplir des livres. Car nous dit-il, il est plus rapide de faire la liste de ce qu'on sait de
William Shakespeare que de ce qu'on ignore, par exemple son portrait « Qui pourrait tout aussi bien être le portrait de quelqu'un d'autre ».
Rien : pas une lettre, pas un manuscrit , avouez que c'est rageant pour un homme qui a écrit environ 900 000 mots, on a en tout et pour tout sa signature au bas d'un testament !
On ignore à peu près tout de sa vie, de sa famille, de sa santé, il y a 8 années où on n'ignore où il était et ce qu'il faisait. le peu que l'on sait est incertain « l'équivalent littéraire d'un électron » Alors comparez ça avec les quelques sept mille volumes consacrés au Barde à la Bibliothèque du Congrès !
Des bruits ont courus, des hypothèses ont été posées sur la réalité de l'auteur d'
Hamlet, on a voulu faire porter la paternité de l'oeuvre de
Shakespeare à Bacon, mais attention
Bill Bryson nous dit que là comme sur le reste «personne n'a jamais produit le moindre commencement de preuve ».
Si on ne peut parler de la vie de Will que dire ?
Bill Bryson livre un tableau complet de l'époque « Un monde qui manquait d'habitants et qui avait bien du mal à garder ceux qui y naissaient » époque de turbulences religieuses, de grandes épidémies « La plus grande performance de
Shakespeare ne fut pas d'écrire
Hamlet mais de passer le cap de la première année » écrit-il avec malice.
Il nous introduit dans les moeurs de l'époque, on croise
Ben Jonson et
Christopher Marlowe, on apprend que les théâtres n'avaient ni rideau ni décor.
Mais là ou Bryson s'en donne à coeur joie c'est dès qu'il nous fait sentir sa totale admiration pour l'oeuvre, pour Will le créateur de mots, crédité de plus de 800 nouveaux mots qui sont passés dans la langue anglaise. Qu'une si grande partie de l'oeuvre de
Shakespeare soit arrivée jusqu'à nous relève du miracle.
Shakespeare plagiait à tour de bras comme tous les auteurs de l'époque mais ce qu'il en a fait « personne ne l'a jamais surpassé »
Car dit-il « On dit souvent que ce qui distingue
Shakespeare c'est sa capacité à mettre au jour les rouages de l'âme, et Dieu sait qu'il fait cela de manière éblouissante. Mais ce qui caractérise vraiment son oeuvre, n'importe quelle partie de son oeuvre, les poèmes, les pièces et même les dédicaces, c'est la jubilation évidente, palpable, que lui cause le pouvoir fascinant du langage »
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