Ce même jour, j'entendis murmurer les servantes, disant que mon fiancé désirait rompre parce que j'étais sans instruction et que j'avais les pieds bandés.Je fondis en larmes, et les servantes eurent peur et
jurèrent qu'il ne sagissait pas de moi, mais d'une des grosses filles de Mme Tao.
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( Livre de poche, 2013, 1ere édition 1962)
On nous a obligés, l'un comme l'autre, à ce mariage. Jusqu'ici, nous étions sans défense. Mais à présent nous voilà seuls ; nous sommes libres de nous créer une vie selon nos désir.s Quant à moi, je veux suivre les voies nouvelles. Je veux vous considérer en toutes choses comme mon égale. Je n'userai jamais de la contrainte. Vous n’êtes pas mon bien, un objet en ma possession. Vous pouvez être mon amie, si vous voulez.
Ton père ne passe-t-il pas pour un homme honorable ? Cependant j’ai dû me résigner depuis longtemps à ce qu’il devienne fou, chaque fois que la beauté d’une femme s’empare de lui, éveille sa convoitise. Il est incapable alors de ne comprendre aucun raisonnement. Il a connu une vingtaine de chanteuses en dehors de ses concubines.
« J’ai demandé dans mes prières de pouvoir contempler ton frère mort plutôt que de le voir partir vers l’Occident », dit la mère, la dernière-née de cette famille antique
Comment saurais-je raconter avec des paroles les premières faveurs que m’accorda mon mari ? À quoi ai-je reconnu l’éveil de son cœur ? Ah ! Comment la froide terre sent-elle l’instant où le soleil printanier vient s’emparer de son âme et la faire fleurir ?’
Je suis comme un pont fragile , reliant à travers l'infini le passé et le présent .
Je serre la main maternelle . Je ne peux pas la laisser échapper , car sans moi
ma mère serait seule . Mais mon mari tient les miennes , il les tient
solidement . Je ne pourrai jamais laisser fuir l'amour .
Et l'avenir alors , ma soeur , que sera-t-il ?
Quant à l’enfant, je suis perplexe. Il devra se créer lui-même sa voie. L’Est et l’Ouest, fondus en lui, le méconnaîtront et le répudieront l’un et l’autre. Je crois cependant que s’il hérite l’énergie de ses parents, il saura comprendre ces deux mondes et triomphera. Mais ce ne sont que des suppositions que je fais en observant mon frère et l’étrangère. Je ne suis qu’une simple femme. Il faut que j’en parle à mon mari, car il est savant et il sait où se trouve la vérité sans qu’on le dise.
(p. 151, Chapitre 20, Partie 2).
Je suis arrachée de-ci, de-là, comme un frêle prunier ballotté par un vent trop violent auquel il ne peut résister.
Quant à moi, je veux suivre les voies nouvelles.