Ah! J'aspire à le garder pour nous ! Si nous pouvons avoir notre fils ici, être simplement tous les trois, je me réconcilie avec la petite maison étrangère et les habitudes bizarres.Mais je connais les vraies traditions de notre peuple.Je ne puis envisager que mon premier- né puisse me rester.Il appartient à toute la famille.
( p.97)
-(...)Nous autres Chinois avons vécu tellement à part.Nos femmes sont pleines de réserve et de modestie. Elles ne révèlent rien
( p.125)
Que disait-il?
" On ne peut vous demander d'être attirée vers celui que vous apercevez pour la première fois; il en est de même de mon côté
On nous a obligés, l'un comme l'autre, à ce mariage.jusqu'ici, nous étions sans défense. Mais à présent nous voilà seuls; nous sommes libres de nous créer une vie selon nos désirs. Quant à moi, je veux suivre les voies nouvelles.Je veux vous considérer, en toutes choses, comme mon égale. Je n'userai jamais de la contrainte.Vous n'êtes pas mon bien, un objet en ma possession.Vous pouvez être mon amie, si vous voulez."
Voilà le discours que j'entendis le soir de mes noces!
Tout d'abord j'étais trop étonnée pour comprendre.
Son égale ! Mais comment ? Ne suis-je pas sa femme?
Quel autre que lui pourrait me diriger? N'est-il pas mon maître par la loi ? Personne ne me l'a imposé. Que ferais- je donc si je ne me mariais pas ?
(Livre de poche, 2013 p.44 / 1ère publication 1962)
Je suis comme un pont fragile, reliant à travers l’infini le passé et le présent.
Car, lorsque mes pieds eurent été baignés, et entourés d’une bande plus lâche, la souffrance devint intolérable. En réalité, la détente fut aussi pénible que la compression du début. Mes pieds, habitués à être maintenus, s’allongèrent légèrement, et le sang se reprit à circuler. Dans la journée, par instants, j’arrachais les bandes pour me soulager en les resserrant. Mais à la pensée de mon mari, à l’idée qu’il s’en apercevrait le soir, je les remettais en place d’une main tremblante. Je n’obtenais qu’un peu de répit qu’en m’asseyant sur mes pieds et en me balançant d’un côté et d’autre.
Quant à leur enfant, je suis perplexe. Il devra se créer lui-même sa voie. L'Est et l'Ouest, fondus en lui, le méconnaîtront et le répudieront l'un et l'autre. Je crois cependant que s'il hérite l’énergie de ses parents il saura comprendre ces deux mondes et triomphera.
Mais les mots sont des moules trop raides pour contenir l’essence spirituelle de l’amour.
Je puis vous raconter ces choses, à vous, ma sœur.
Sains d'apparence, et gras, ils avaient les cheveux blancs. Cela confirme ce que j'ai entendu dire: les étrangers ont une nature à l'envers de la nôtre, ils naissent avec des cheveux de neige qui foncent en vieillissant. Leur peau aussi est blanche. Je la supposais passée à l'eau médicinale, mais leur mère me montra une pièce dans laquelle on les lave tous, en entier, chaque jour. C'est ce qui explique leur peau. Les teintes de la nature sont effacées par tant de lavages.
Sa nature ne diffère pas de celle des autres femmes, parce qu'il lui arrive d'être née de l'autre côté des mers occidentales. Vous êtes toutes les deux des femmes qui vous ressemblez dans vos âmes et dans vos désirs.