Sa nature ne diffère pas de celle des autres femmes, parce qu'il lui arrive d'être née de l'autre côté des mers occidentales. Vous êtes toutes les deux des femmes qui vous ressemblez dans vos âmes et dans vos désirs.
Je disposais les chrysanthèmes dans le salon avec le plus grand soin. Je cherchai la meilleure manière de les placer, voulant lui faire une surprise. Mais lorsque j'eus tout installé, aussi bien que possible, je fus déçue. Autant les plantes, dans la vieille cour, brillaient, splendides, contre les boiseries noires et sculptées des couloirs, autant ici, devant les murs blanchis et les peintures jaunes, elles perdaient leur éclat, devenaient simplement jolies, prenaient un air artificiel. Hélas, il en était ainsi de moi! (p.78)
Au milieu de quels déchirements l’enfant de notre frère et de notre sœur n’a-t-il pas pris vie : sa mère quitte son pays et sa race ; la mère de son père renonce dans la douleur à son fils unique ; son père malheureux abandonne sa demeure, ses ancêtres et le passé sacré !
Ton père ne passe-t-il pas pour un homme honorable ? Cependant j’ai dû me résigner depuis longtemps à ce qu’il devienne fou, chaque fois que la beauté d’une femme s’empare de lui, éveille sa convoitise. Il est incapable alors de ne comprendre aucun raisonnement. Il a connu une vingtaine de chanteuses en dehors de ses concubines.
« J’ai demandé dans mes prières de pouvoir contempler ton frère mort plutôt que de le voir partir vers l’Occident », dit la mère, la dernière-née de cette famille antique
Comment saurais-je raconter avec des paroles les premières faveurs que m’accorda mon mari ? À quoi ai-je reconnu l’éveil de son cœur ? Ah ! Comment la froide terre sent-elle l’instant où le soleil printanier vient s’emparer de son âme et la faire fleurir ?’
Qui peut comprendre cette puissance chez un homme et une jeune fille ? Cela commence par hasard : une rencontre des yeux, un regard timide qui s'attarde, et qui, brusquement s'enflamme, devient fixe et brûlant. Les doigts se touche et se retirent hâtivement, puis les cœurs se précipitent l'un vers l'autre.
Chaque jour, je regarde jaunir le riz des champs. Les épis sont pleins et se courbent. Encore un peu de temps sous ce langoureux soleil, et ils éclateront de maturité, prêts pour la moisson. Mon fils naît dans une belle année, une année de plénitude, disent les fermiers.
Les mots sont des moules trop raides pour contenir l’essence spirituelle de l’amour. Autant emprisonner un nuage rose dans un vase de fer, ou chercher à peindre un papillon avec un dur pinceau de bambou.
« Vous ne voulez pas – vous ne pouvez pas – me montrer votre pensée réelle. Vous n’osez pas rompre avec tout ce qu’on vous a appris à dire et à faire à cette heure-ci. Ecoutez-moi sans prononcer un mot, je ne sollicite qu’un léger signe: si vous consentez de suivre avec moi le sentier nouveau, inclinez un peu la tête »
(…) Dans mon désespoir et mon ignorance, je baissai la tête.
« Je vous suis reconnaissant. Reposez tranquillement dans cette chambre. Souvenez-vous que vous n’aurez rien à craindre, ni maintenant, ni jamais. Soyez en paix. Je dormirai cette nuit dans la petite pièce à côté ».