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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Où se trouve le siège de l'âme ? L'âme est-elle liée au langage ? le langage est-il inné ou acquis ? On sait que la parole (les mots, la langue, la grammaire) s'acquiert, mais n'existerait-il pas une sorte de pré-langage inné, universel, commun à toute l'humanité, qui nous aurait permis de communiquer dès la naissance, si, paradoxalement, l'apprentissage de la parole (la langue, les mots,...) ne nous l'avait pas fait oublier peu à peu ?

Des questions vertigineuses, et sans réponse, dès lors qu'il faudrait être dénué de toute éthique scientifique, de toute morale, de toute humanité enfin, pour se livrer à des expérimentations (forcément sur des cobayes humains tout juste nés) qui permettraient d'y répondre.

Mais ce que la science et la morale n'autorisent pas (en principe), la littérature le permet.

Ainsi donc, "La maison muette" raconte l'histoire d'un homme, depuis son enfance entre un père transparent et une mère dominatrice, jusqu'à sa tentative d'expérience pseudo-scientifique consistant à élever des jumeaux nouveau-nés sans aucun contact avec la parole humaine. Enfant intelligent et curieux, il a grandi avec l'idée que lui a inculquée sa mère : "une créature sans langage était une créature sans âme". Bientôt, la question de la définition de l'âme, de sa situation, voire de sa matérialisation physique, l'obsède. Autodidacte, il n'a de cesse de compulser ouvrages d'anatomie et encyclopédies médicales, tout ce qui pourrait le mettre sur la piste. "Pour connaître l'âme, il fallait que je connaisse le langage. [...] A présent, je tenais ma véritable vocation". Et en effet, c'est avec l'acharnement d'un Prix Nobel qu'il se consacre désormais à ses recherches, puis à l'expérimentation in vivo, lorsque le hasard (ou le destin) lui offre deux jumeaux nouveau-nés. Avec acharnement, certes, mais sans aucune méthode ni rigueur scientifique, et surtout sans le moindre état d'âme, dépourvu qu'il est de la moindre empathie et de toute morale ; un sociopathe, dont les actions apparaissent cruelles et perverses, et dont je ne suis pas tout à fait certaine qu'il soit capable de distinguer le Bien du Mal.

Quoi qu'il en soit, cet homme est glacial, glaçant, et ce roman nous emmène dans son cerveau tortueux et torturé, nous le dissèque avec la précision, la froideur et la dureté métallique d'un scalpel. On se laisse emporter dans ces méandres pourtant étrangement envoûtants. C'est cela qui fait surgir le malaise, parce qu'on ne peut s'empêcher d'être fasciné par cet être atteint d'incommunicabilité pathologique avec ses semblables et qui tente de percer le secret de l'origine du langage, cet outil de communication par excellence. On comprend d'emblée que son expérience est scientifiquement absurde et fantaisiste en plus d'être d'une cruauté sans nom, et pourtant on est curieux d'en connaître le résultat. Malsain, donc, parce que si le narrateur est dépourvu d'empathie et qu'il est enfermé dans sa logique purement expérimentale, le lecteur, lui (en principe), sait que "c'est mal". John Burnside nous révélerait-il notre part de perversité ?

Une lecture un peu éprouvante d'un texte puissant et froidement violent, qui pousse à s'interroger sur l'âme et l'humanité.

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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La maison muette en question est celle d'un homme aussi froid et glaçant que ce roman, qui va se livrer à une expérience terrifiante sur ses propres enfants - des jumeaux - qu'il a décidé de priver de l'apprentissage du langage. Ce livre est froid et glaçant car déshumanisé. La description des étapes de l'expérience est calme et clinique. Cet homme est fou, et pourtant l'écriture - remarquable - le fait ressembler à monsieur tout le monde. Quelqu'un qui pourrait être un voisin, un frère, un ami…

Il a été marqué par une mère au caractère très fort, et on pourrait regretter qu'une fois encore le personnage de la mère soit celui qui amène un homme vers la folie. Mais on ne le regrette pas car le roman est admirablement construit et tout colle parfaitement. A ce propos, la chronologie peut sembler déroutante au début, mais pas d'inquiétude, tout se met en place à la fin.

Bref c'est un livre qui fait froid dans le dos mais qui se lit comme un thriller. La situation décrite devrait le rendre insupportable et pourtant il est impossible de le lâcher. Je ne le déconseillerais peut-être qu'aux âmes les plus sensibles.
Lien : http://tassedethe.unblog.fr
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John Burnside nous propose un texte taillé au cordeau. Des auteurs de polars il en existe beaucoup mais avec un tel talent c'est (très) rare. Si vous aimez la bonne littérature et l'intrigue psychologique ce livre est pour vous.
Idem avec son dernier opus "Scintillation".
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