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3,47

sur 194 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Scintillation », un titre paradoxal pour ce roman qui se déroule dans l'Intraville, bled côtier indéterminé de Grande-Bretagne, autrefois prospère grâce à l'usine chimique qui employait à peu près tous les habitants des environs. Aujourd'hui, l'usine est désaffectée depuis longtemps, la faune et la flore sont empoisonnées, les habitants au chômage et parfois gravement malades. Comme si cela ne suffisait pas à la noirceur du tableau, en quelques années, cinq jeunes adolescents ont disparu chacun à leur tour, sans qu'on s'en préoccupe plus que cela. « Partis chercher un avenir meilleur », dit-on le plus souvent. Léonard, 14 ans, n'en croit pas un mot et vit dans l'attente angoissante d'une autre « victime », lui, peut-être. Mais il essaie de garder espoir, entre ses deux passions : la littérature et les jolies filles.
Cette histoire a des airs de roman post-apocalyptique, dans lequel la Nature est morte, les adultes lâches ou cupides, l'agent de police inutile et corrompu et les enfants sauvages et livrés à eux-mêmes. Réunissant peurs et angoisses universelles (maladie, mort, disparitions d'enfants, chômage, violence, catastrophe écologique), le tableau est sinistre, glauque, malsain et comporte quelques scènes poignantes. le style est à la fois lyrique et cru, magnifique, et les réflexions pertinentes. Il ne faut pas se laisser rebuter par les premières pages, introspectives et obscures, mais se laisser guider ensuite par les différentes voix qui apportent chacune son point de vue, laissant au lecteur le soin d'assembler le puzzle. J'avoue que je n'ai pas bien saisi la scène finale, quasiment messianique, inquiétante et littéralement aveuglante: rédemptrice ou infernale, elle annonce la fin certaine d'un monde, sans qu'on sache s'il en adviendra un autre, ni s'il sera meilleur…

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John Burnside délivre un thriller qui n'est pas un thriller. Un roman initiatique qui n'est pas un roman initiatique. Une fable écologique qui n'est pas une fable écologique. Un univers post-industriel délabré rempli de poésie glauque.

Il le fait dans un style très personnel, qui m'a plusieurs fois ramené l'image de l'oreille dans l'herbe de Blue Velvet.

Il donne dans l'Urbex, et lorgne vers le croquemitaine.

On est dans un thriller où on se moque de savoir qui est "très très méchant" et "pourquoi il fait du mal, le monsieur". Ce n'est pas là que se situe l'intérêt. C'est un peu comme quand on se moque de l'endroit où on va mais que seul la manière d'y aller a de l'importance.

J'avoue avoir décroché, m'être interrogé sur le sens de tout cela. Et puis, j'ai tout envoyé promener et me suis concentré sur les mots. C'est là que Burnside met le paquet. Le style. La poésie glauque, malsaine pour décrire les choses que l'on voit venir de loin, mais que l'on ne peut éviter quand même. Comme ces animaux qui s'arrêtent au milieu de la route, fascinés, captés par les phares. C'est cela la Scintillation.
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Scintillation est un roman brillant, inventif, déconcertant, etc. C'est le type de livre que l'on admire, pour son style, pour l'intelligence de sa narration polyphonique et omnisciente, pour son mélange des genres, pourtant si complexe à maîtriser. Thriller, roman initiatique, fantastique, poétique, politique, Scintillation est tout cela à la fois. Mais c'est aussi le type de livre que, peut-être même pour les raisons énoncées plus haut, on peut avoir du mal à aimer réellement. Impressionnant, sans l'ombre d'un doute ; mais bouleversant ? Moins que d'autres romans qui n'ont pas cette espèce de perfection formelle, mais dont on sent davantage la chair et la sueur (avis personnel et revendiqué comme tel). le plus réussi dans Scintillation est la description du lieu de l'action, cet Intraville qui, comme l'Alphaville de Godard (sans lui ressembler du tout), pourrait préfigurer notre monde futur, avec son contrepoint, Extraville. Un décor en voie de pourrissement, qui ne corrompt pas que les paysages, mais aussi les âmes et les comportements. En donnant la parole à Leonard, dans de nombreux chapitres, Burnside joue le contrepied : dans cet univers putride et sordide, ce garçon de 15 ans apporte une innocence (relative), une envie de vivre et un humour décapant dans un récit qui, du coup perd de sa noirceur et se teinte de nuances nouvelles. Sans parler de son amour immodéré pour la littérature dans une société où la culture n'a plus guère droit de citer. Certains retiendront de Scintillation ses échappées oniriques et ses visions mystiques. C'est leur droit. Mais le livre ne pourrait-il pas, avant tout, représenter une sorte de manifeste écologique, un avertissement sans frais de ce que notre bonne vieille planète est en train de devenir ? Il y a presque autant de lectures possibles du roman que de lecteurs. Alors, autant s'arrêter là dans une tentative d'interprétation qui n'engage que celui qui la donne.
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J'aime beaucoup le style de John Burnside et ce roman ne fait pas exception à la règle. Il y a tous les ingrédients pour en faire un très bon thriller : des disparitions mystérieuses d'adolescents, une ville-usine qui se meurt, des habitants malades de la pollution chimique de l'usine ou alcooliques, une bande de jeunes déjantés et violents et un jeune homme qui voudrait bien être un héros mais qui se noie, englué dans le marasme local. Noirceur, ennui, peur, il n'y a ni rédemption, ni morale dans ce livre. C'est constat amer des villes sans avenir où le chômage règne en maître. Un roman admirable si ce n'était une fin opaque et incompréhensible. Ce livre me fait songer à « Il était une ville » de Thomas Reverdy écrit plus récemment.
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Une presqu'île empoisonnée, des ados qui voient leurs amis successivement disparaitre. Pour la police locale ils sont partis, ont fugué mais eux n'y croient pas. Ils voient aussi leurs parents, leurs connaissances être atteint de maladies graves. Pour certaines les autorités ne savent pas grand chose et font surtout des constats et des examens. Ces ados rêvent de partir mais pour aller où? Alors certains chassent en bande avec des armes rudimentaires des rats, des chats juste pour le plaisir, l'envie d'être enfin les plus forts. Ils rêvent de partir mais tout les blase. Ils ne se préparent pas de sortie. Aussi restent-ils dans cette île, qu'ils finissent par trouver intéressante et qu'ils défendent. Léonard s'évade de sa vie quotidienne, obligé depuis le départ de sa mère qui n'en pouvait plus de ce monde, de s'occuper de son père gravement malade. Par la lecture il voit son avenir moins terne, moins noir et empoisonné d'autant qu'il rencontre le nouveau bibliothécaire. Il fait aussi par sa culture, son ouverture la connaissance d'un homme, certainement un scientifique qu'il nomme "L'homme Papillon" qui lui fait découvrir l'île sous un autre jour encore. Mais il doit être sociable pour ne pas être la cible de la bande de jeunes voyous violents capables de tout pour s'occuper.
Alors son enfer commence lui qui cherchait à en sortir.
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Quand : de nos jours où à peu près (je dis à peu près parce qu'il n'y a pas de date tangible, il y a la télé mais ni internet ni des téléphones portables à tout bout de champs ;-); d'après quelques films cités, je dirais 1993-1995)

Où : Dans un pays qui n'est pas nommé mais vraisemblablement l'Ecosse- l'action est racontée par un jeune homme de quinze ans, Léonard. Il habite dans une ville, Intraville, très polluée, où l'unique usine a fermé et où tout le monde, ou presque, est au chômage ou gravement malade (prolifération de cancers et de maladies inconnues, accès de folie). Les riches ne vivent pas à Intraville mais à Extraville.

Thème : Dans cette ville sans avenir, les personnes ne vivent pas mais survivent et étrangement ne cherchent pas à s'enfuir (pour aller où?). Les adolescents sont livrés à eux mêmes, et même s'ils vont au lycée, ils manquent de repères dans ce monde très sombre de l'usine fantôme. le langage est plutôt cru et on suit Léonard, son amie Elspeth, et la bande très inquiétante de Jimmy avec une angoisse de plus en plus grande. D'autant plus que des jeunes garçons disparaissent, le policier local laisse croire à des fugues….alors que le lecteur ne peut qu'imaginer le pire.
L'usine abandonnée sert de terrain de "jeux" à des adolescents sans repères, sans avenir, sans espoir

C'est un roman très étrange que celui-ci avec une écriture très sombre. Léonard, le personnage principal est émouvant, d'autant plus que Liam, son meilleur ami, est un des cinq garçons disparus, et que son père meurt lentement d'un cancer…la mère a fuit le foyer quand il avait dix ans. Ce personnage m'a paru très vrai entre les sentiments qu'ils dévoile sur son ami disparu, son père à l'agonie, son amitié avec un étrange homme-papillon, ses amours tourmentées….ses références au cinéma avec notamment un film de 1993 "les soldats de l'espérance" qui l'a marqué et de la littérature aussi …On croise au détour d'un paragraphe, Conrad, Hemingway, Twain Virginia Wolff Fitzgerald et ….bien d'autres…
Léonard se cherche, se sent coupable …..

Un livre très sombre qui m'a captivée même si je dois avouer ne pas avoir compris la fin (un livre à réserver quand même quand on a le moral)
Premier livre que je lis de cet auteur, et même si je suis un peu passée à côté de la fin, je le relirai.
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Difficile exercice de parler de ce livre atypique, à la fin de ma lecture, je ne sais toujours pas dans quel genre le classer : suspense, thriller, dystopie... Probablement le plus dans la dernière catégorie.

En tout cas c'est une écriture de qualité, imagée, belle, quasi poétique dans certaines de ce ses métaphores. L'histoire est difficile à expliquer, on suit les destins de plusieurs personnages, le principal étant Léonard, dans une ville cauchemardesque, marquée par la disparition de jeunes garçons dont personne ne sait ou ne veut savoir ce qu'ils sont devenus. Ville poubelle car profondément et définitivement oubliée de tous, devenue un no man's land par son niveau de très grave pollution chimique d'où personne ne peut sortir ou rentrer.
Ville dont les dirigeants sont corrompus; la police choisie par ses membres corrompus, les adultes y sont peu présents (malades ou mourant pour la plupart= laissant leurs enfants libres et livrés à eux -mêmes. Un destin va être plus particulièrement mis en avant : Léonard, jeune homme passionné de lecture, intelligent, en pleine découverte amoureuse et qui va sombrer dans une histoire singulière.

Le suspense est constant, les énigmes se multiplient et le dénouement (en est-ce vraiment un d'ailleurs, le langage est de qualité et Léonard , dans une certaine mesure, attachant.

Auteur et livre à découvrir donc.
Lien : http://passiondelecteur.over..
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L'Intraville : une presqu'île abandonnée de tous, où les usines chimiques désaffectées ont empoisonné le corps de ses habitants mais aussi la faune et la flore. Les ouvriers sont tous atteints de maladies graves, condamnés à mourir jeunes, les arbres de la forêt semblent suinter d'une sève noire et toxique, les animaux sont déformés par les maladies. Les adolescents errent dans les tas d'ordures à la recherche de créature à tuer à l'aide d'armes rouillées, confectionnées à la main. Cinq gamins ont disparu, et personne n'arrive à détourner les yeux de la télévision suffisamment longtemps pour s'en inquiéter.

L'écriture de John Burnside est belle, imagée, profondément glauque, aussi -- ce qu'il décrit est putride et malade, illuminé de références bibliques & littéraires, inattendues mais gracieuses & salutaires comme des scintillements dans l'obscurité. Elle nous guide jusqu'à un dénouement, qui n'est pas tout à fait un dénouement, mais plutôt un glissement implacable vers le vide & le sordide, quelque chose de terrible et d'incompréhensible dans lequel il faut se laisser guider docilement, sans résistance.
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"Scintillation", roman de l'écossais John Burnside, a d'emblée quelque chose de poignant.

Le ton utilisé par le narrateur, Leonard, qui nous explique qu'il va, avant de l'oublier et de se "détacher du monde", nous raconter une histoire, y est pour beaucoup. Il en émane une immense mélancolie, et on subodore que ce qui va suivre sera terrible.

Et cette impression est rapidement confortée. le monde qui tient lieu de cadre au récit est sinistre, obscur, cauchemardesque. Il s'agit de "l'Intraville", une zone oubliée des pouvoirs publics, contaminée par l'activité d'une mystérieuse usine dorénavant condamnée, qui suscite une sorte de fascination chez Leonard et d'autres jeunes, qui viennent parfois errer dans son espace délétère, à la fois déshumanisé -car déserté-, et curieusement organique, de par les émanations qui se dégagent du sol alentour, et les étranges formes de vie qui y éclosent.

Nombreux sont les habitants de "l'Intraville" qui, ayant travaillé à l'usine, sont atteints de maladies graves. La mort est omniprésente, l'avenir inexistant. Même les disparitions de jeunes garçons, que la police classe sous le fallacieux prétexte qu'il s'agit de fugues, ne semblent guère émouvoir la population... Les parents, infectés, souvent alcooliques, se montrent au mieux indifférents à leur progéniture, et les adolescents, comme englués par l'atmosphère de pourrissement et de désespérance qui imprègne l'endroit, manifeste un vain désoeuvrement.

Toutes les questions que pourrait se poser le lecteur -sur les événements à l'origine de cette désastreuse situation, ou sur ce qu'il est advenu des disparus, notamment- resteront sans réponse, comme on le comprend d'ailleurs assez vite.

L'important, ici, n'est pas d'obtenir des explications ou de résoudre une énigme...

L'important, c'est la puissance d'évocation que déploie John Burnside pour nous immerger dans l'ambiance pesante de son récit, dans cet univers dont on ne sait s'il dépeint une terrifiante réalité ou une fantasmagorie apocalyptique, et pour nous toucher par l'infinie tristesse qui plombe ses personnages.

J'avoue en revanche que la fin m'a laissée dubitative : je l'ai trouvée sans réel lien avec le reste du roman, auquel à mon sens elle n'apporte pas grand-chose. Mais ce n'est après tout qu'un détail tant l'écriture de l'auteur, qui fait de "Scintillation" un chant funeste, mais d'une douloureuse beauté, m'a séduite.
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Un livre prenant aux tripes car il touche à la fois à la mort (les nombreuses disparitions des adolescents) et à la vie (le combat que poursuit Léonard pour se sortir de l'Intraville).
D'ailleurs, on ne sait pas trop ce qu'est l'Intraville, endroit clos et sombre qui semble prendre possession de la vie et de l'espoir de ses habitants et ce fameux "glister" qui permettra à Léonard de passer du côté de la lumière à la fin du roman. Notre héros, lui aussi, n'est ni tout à fait blanc ni tout à fait noir. Il est capable de respirer la poésie par son amour des livres et aussi capable de l'acte le plus affreux...
Tous ces différents éléments sont totalement cohérents avec ce roman qui n'est pas du tout une lecture facile. Entre le thriller, le roman policier, la fable ou le roman d'apprentissage, j'en suis ressorti dans savoir si je l'avais réellement aimé. de plus, on alterne entre le point de vue de Léonard en tant que narrateur- personnage et un narrateur extérieur qui éclaire en parallèle les autres éléments de l'histoire. On trouve de même une galerie de personnages tout aussi importants que le jeune adolescent bibliophile entre l'ange rédempteur, la nymphomane ou le flic ripoux. A l'image de ceux-ci, on balance continuellement entre le sublime et le laid.
En résumé, une lecture intéressante car complexe de part sa construction et ses personnages qui, derrière sa noirceur, recèle une part de poésie et d'onirisme.
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