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EAN : 978B001CEMTI4
E. Dentu (30/11/-1)
4.75/5   2 notes
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Que lire après Rose, splendeurs et misères de la vie théâtrale, par Édouard CadolVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Récemment célèbre grâce à une seule pièce de théâtre, l'ivresse du succès enivre M. Georges la Trefailles, convaincu qu'il culmine déjà à la vertigineuse hauteur d'un Dumas père ou fils. Son cerveau, tout exalté encore de cette petite gloire, est en pleine « hypertrophie de vanité » comme le dit l'auteur.

Ironie du sort que l'orgueilleux auteur ignore encore à cet instant, on le réclame pour le discours d'un enterrement de l'un de ses confrères, lequel eut en son temps un succès non négligeable et était totalement oublié au jour de son décès. Georges ne sait pas encore qu'il finira exactement de la même manière.
Il feint de le connaître, se montre gauche, énonce des banalités. Tout le monde le sait et s'en moque, on plaisante à en narguer le mort, on pousse dans la foule la famille en deuil dont les membres sont appelés « gêneurs » en ce qu'ils encombrent le premier rang si précieux au « m'as-tu vu ? ».
La présence de célébrités attire les journalistes et les mêmes célébrités réclament la reconnaissance de ces journalistes, tous sont comblés.

Cette éphémère comète brillante de la sphère théâtrale obsède la jeune Rose qui ne cesse de l'admirer, de le suivre. Confusément, elle espère, par son assiduité aux représentations théâtrales où le célèbre Georges se trouve, par quelques regards appuyés, se faire suffisamment remarquer pour obtenir un rôle quelconque au théâtre.
Quand la chance se présenta, elle ne fut acceptée que comme doublure d'une grande actrice alors en vogue. Aucun espoir sérieux ne se dégageait de sa physionomie ou de son attitude, elle n'est que « décente et réservée (…) Le visage avait une expression réfléchie et confiante qui dénotait une sorte de candeur non exempte de dignité ; c'était expressément de la bonne foi. » mais quoi qu'il en soit, elle n'avait « aucun chic » ce visage doux et noble n'excitait pas sa curiosité.

L'angoisse fermente et monte en l'esprit de Georges, s'il ne renouvelle pas son succès, le public et ses rivaux médisants, impitoyables, l'écraseront d'injures, de railleries ; la moindre chute ou déception et il est perdu, on dira que son succès n'était dû qu'au hasard.

La première représentation de sa nouvelle pièce laisse une froide indifférence, tout juste accueillie par quelques acclamations timides et courtoises, sans enthousiasme, si bien que l'on assiste, scène par scène, à la frustration, la désolation, la terreur de l'auteur regardant son public avec l'impuissance de l'échec.

Les autres représentations confirment cette déception, l'actrice majeure du théâtre se retire, se montre de plus en plus irascible et infidèle, Georges persiste à ne pas modifier sa pièce et néglige les judicieux conseils de Flaquinet, le directeur du théâtre.
Les ambitions de Georges n'étaient pas à la hauteur de son talent : il avait la sotte prétention de créer une oeuvre "à thèse" là ou sa précédente pièce n'était qu'une comédie ingénieuse, poignante et amusante mais pas suffisamment profonde pour mériter une gloire durable.

Par un coup de génie, Flaquinet place Rose subitement en tête d'affiche comme une curiosité et la nouvelle actrice enflamme immédiatement le public à elle seule, la révélation de son talent est l'évènement du jour et son nom est rapidement connu dans la presse.
Ce qui était une excellente nouvelle pour les caisses du théâtre était concurremment une humiliation pour Georges : « Les artistes l'accablèrent d'éloges malignement perfides, pleins d'une raillerie détournée qui aggravait la blessure de sa vanité. »

De l'avis unanime du public, tous les mérites revenaient à Rose et Georges amplifiait les échos du monde en s'affichant dorénavant publiquement à ses côtés alors qu'il l'avait délaissé peu de temps avant, par de basses réflexions de la sorte : « Pouvait-il se montrer avec elle à une première, par exemple ? Pas de notoriété ; toilette suffisante, mais sans éclat ! Et puis Rose n'était pas d'un caractère à le suivre au café Anglais, aux courses, aux diners des confrères qui donnent à jouer. »

Rose est au contraire sollicitée de toute part au même instant où l'on refuse sèchement un manuscrit de Georges qui n'est plus joué nulle part.

Honteux de se voir rétrécir et réduire à néant aux côtés d'une étoile montante du théâtre, il l'a délaisse lâchement par orgueil et complexe.

Retranché de toute vie publique, la presse ne l'oublie pas si vite et se délecte d'apprendre qu'il va se marier avec une inconnue, choisie pour sa platitude d'esprit reposant son égo tourmenté.
Une succession de scènettes passionne alors le petit monde parisien : Georges s'insurge contre le rédacteur en chef d'un journal ayant relayé des railleries sur son compte, le provoque en duel et perd en étant lourdement blessé. L'auteur, à cet instant, nous montre à quel point « ce monde est extrême en toutes choses » : avant le duel, Georges était vilipendé, mais suite à sa blessure, une soudaine compassion le rehaussa malgré sa grossière attitude : « d'un seul coup, toutes les sympathies lui étaient revenues ardentes et passionnées. Par opposition, on manifesta quelque froideur à Rose. N'était-elle pas pour quelque chose dans le malheur qui frappait Georges ? »

Rose peine à se détacher de l'admiration, de la gratitude qu'elle a pour Georges mais le directeur du théâtre, Flaquinet, homme bienveillant et protecteur, l'aide à s'éveiller, lui fait prendre pleinement conscience de son mérite tout en lui faisant reconnaître le médiocre et hasardeux talent du jeune et arrogant auteur.

Elle n'eut cependant pas la force de résister aux avances de Georges qui, nostalgique de ses lumières, consent finalement à se greffer à elle, à la parasiter… Elle entretient ses illusions sans l'aimer puis le rejette définitivement de façon à emporter Georges dans une longue dégradation et une mort précoce.

Le cycle de la vie théâtrale s'est refermé, revenant à son origine : Georges est enterré et ses funérailles sont honteusement exploitées par un nouvel auteur à la mode qui déshonore sa mémoire par un banal discours sans âme, ne recherchant qu'à accaparer l'attention de la presse.

L'intrigue plutôt simple est nouée autour de mille détails subtils : des médiocrités haineuses, de petites lâchetés qui se commettent dans l'ombre, de petites trahisons pour faire tomber celui qu'on croit être un rival... Les peintures sont vivantes et reflètent sans doute assez fidèlement ce qu'à vécu ou vu l'auteur.
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