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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une écriture sublime, vraiment phénoménale, rarement lu un texte d'une telle beauté. J'avais déjà adoré Borgo Vecchio, mais là, je trouve qu'il va encore plus loin, avec une langue d'abord féerique, ronde qui s'assèche progressivement avec le coeur de Jésus. Ensuite, en se donnant la liberté d'inventer une adolescence au Christ (adolescence dont on ne sait rien), l'auteur italien nous embarque dans un roman qui est à la fois roman d'aventures dans la Galilée de l'an 0, plein de personnages croustillants, la troupe d'acrobates complètement à côté de la plaque, Barrabas le bandit génial, et ce Jésus adolescent à la fois naïf et plein de fougue, de vie. Un vrai roman épique, complètement prenant, plein de mystères évidemment, avec un petit côté poupée russe ou Mille et une nuits, qui s'accompagne d'une réflexion plus profonde sur une époque troublée, tragique, où la révolution menace, qui ressemble drôlement à la notre. Et Marie!!!! Quel personnage extraordinaire, tout en silences, en sous entendus, Marie qui invente à son fils le mythe de sa naissance pour le calmer dans leur longue fuite à dos d'âne dans le désert de Palestine, qui est convaincue qu'il est extraordinaire, spécial, et qui instille le doute qui transformera toute sa vie. Délia, Anne, tous les personnages féminins sont d'une force incroyable, d'une telle originalité. Pour moi, c'est mon coup de coeur absolu de la rentrée littéraire. Et la fin!!!? de toute beauté!
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Giosuè Calaciura nous avait ravi avec Borgo Vecchio (Notabilia, 2019), formidable portrait d'un quartier populaire de Palerme, à travers le regard de deux enfants et l'histoire, aussi cocasse que fantastique, d'un brigand, sorte de Robin des bois local, impitoyablement traqué par les carabiniers et leurs fusils. Dans Je suis Jésus (Notabilia, août 2022), il entend, cette fois, combler un vide, remplir un territoire inconnu des Evangiles, évoquer l'adolescence et les débuts de l'âge adulte du futur Christ. A trente ans, alors qu'il se trouve à un tournant tragique de son existence, son « Jésus » se penche sur ces années d'apprentissage, racontant sa fuite loin du foyer familial, puis son retour auprès de sa mère. Disons-le d'emblée, on peut être un lecteur athée, malgré tout intéressé par le texte des Évangiles et admirant le message moral et social, plein de bienveillance, du « Messie »… et goûter pleinement toute la saveur du récit de Giosuè Calaciura !
La mémoire de Jésus lui rappelle d'abord les premiers temps de l'enfance, marqués par la tendresse d'une mère et l'angoisse protectrice du père. Si ni Marie, ni Joseph ne semblent particulièrement conscients de l'avenir messianique de leur fils, leur esprit s'est néanmoins trouvé bouleversé à jamais par l'épisode de la crèche, cette naissance dans un cadre misérable, au milieu de nulle part, faute d'avoir pu obtenir hospitalité et confort, une naissance en même temps célébrée étrangement par tout un peuple accouru, et l'évocation de cette scène initiale nourrit les histoires de Marie. Les années passent, les parents emmènent l'enfant au marché et au Temple, lui laissant constater déjà le déplaisant mélange des affaires et de la religion, la pernicieuse dégradation des relations humaines par l'usage de l'argent, mais aussi la tyrannie exercée par le roi Hérode et les armées romaines. Un jour, le père, Joseph, quitte le foyer familial, pour n'y plus revenir…, et très vite, face à la tristesse de sa mère, l'adolescent Jésus choisit de partir à sa recherche, avec l'espoir de le ramener. C'est le début d'une vraie vie d'aventure à travers la Judée, au cours de laquelle l'adolescent, après avoir été pris sous la coupe bienveillante d'un vieux charpentier, un autre Joseph, rejoint une compagnie d'acrobates et de magiciens, dirigée par un certain Barrabas, un escroc fantasque, dont on connait le sort que lui réservera son casier judiciaire ! C'est l'occasion pour lui de découvrir toute la misère du peuple, la violence des rapports humains, mais aussi les heurs et malheurs de l'amour, avec Delia, aussi belle que blessée par la vie. Mais bientôt, une trahison l'oblige à quitter ses compagnons…
Dans une langue particulièrement élégante, révélant une nouvelle fois tout son talent de conteur, Giosuè Calaciura sait trouver les mots et peindre les scènes pour émouvoir le lecteur et donner à son éminent protagoniste un destin d'homme lucide, aussi soucieux d'explorer les mystères qui semblent affecter le noyau familial que d'améliorer la condition humaine, jusqu'à imaginer peut-être, face à l'oppression que font régner les autorités du temps, une révolution possible… dressant le portrait, avec une fin du roman très ouverte, d'un « Jésus avant que d'être Dieu », un homme que l'on accepterait assez facilement de suivre !
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Je ne connais rien de Jésus. A part les poncifs bien sûr : sa naissance, sa crucifixion, son charisme et quelques prénoms, par-ci par là, Joseph, Jean, Judas, Barrabas. C'est honteusement superficiel pour quelqu'un qui vit dans une civilisation de culture chrétienne.
Et puis j'ai voulu lire ce Je suis Jésus, certainement pour en savoir un peu plus sur l'homme, peut-être pour comprendre ce qui l'habitait, en tout cas pour palier à une méconnaissance presque militante des fondations de la religion.
Enfant adulé par sa mère qui, « comme toutes les femmes qui ont des enfants, était certaine que son fils changerait le monde», petit garçon admirant son père menuisier, adolescent en fuite dans un cirque où il se découvre des talents d'orateur, jeune homme amoureux trahi par ceux qu'il aime, adulte solitaire mais altruiste jouant de la flûte pour trouver la paix.
Un destin en marche qui se dessine à peine, par petites touches, imperceptibles clins d'oeil pour de brefs sourires parsemant la vie de ce Jésus si simple et si fragile.
Trente ans de vie jusqu'à son départ définitif du village de Nazareth, dans une Galilée minée par la pauvreté, la sécheresse et le brigandage que dominent les romains d'une main de fer.
Avec ce roman tout à fait passionnant de Giosué Calacuira, j'ai découvert un récit de la vie de ce personnage si influent et, qu'il soit proche ou non de la réalité, je me suis régalée.
Mes seuls regrets, quelques longueurs dans la narration, vite dépassées, et mes lacunes historiques sans lesquelles j'aurais certainement saisi maints détails passés inaperçus.
Aujourd'hui, j'ai le sentiment d'en connaitre un peu plus sur l'homme et même si c'est une totale illusion, cela me plaît de l'avoir perçu autrement. Et dans mon esprit avide de compréhension, ça change tout. La légende elle, c'est ce qui vient après et c'est une autre histoire.
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A sa sortie en 2019, je saluais le culot qu'avait eu Amélie Nothomb d'écrire son « Soif » en donnant la première personne à Jésus himself, confronté à l'imminence de sa mort. L'exercice était amusant, plutôt intelligent, même si, comme souvent avec Nothomb, assez expéditif.
Giosué Calaciura a, lui aussi, entrepris de se glisser dans la peau de Jésus en le faisant narrateur de son roman. Mais cette fois, c'est un Jésus trentenaire qui fait le point les quinze-vingt années qui viennent de s'écouler, mettant un coup de projecteur sur ce que la Bible n'évoque quasiment pas : son adolescence. Si les textes canoniques racontent évidemment la naissance de Jésus pour y glisser les symboles d'un avenir messianique, ils passent sous silence toute la période qui va de ses 12 ans à ses 30 ans, âge auquel les textes lui prêtent le début de sa prédication. Calaciura s'empare donc de ce vide biographique pour imaginer la vie d'un Jésus adolescent puis jeune adulte. Et j'ai beaucoup aimé.
Elevé par une fille-mère taiseuse qui pose un voile de mystère sur la conception de son fils et un (beau-)père charpentier pas moins taciturne mais tout aussi aimant, le jeune Jésus est un garçon espiègle qui se soucie de sa religion juive comme de sa première sandale, et se fait même volontiers blasphémateur envers le Dieu de la Torah. Sous son allure insouciante, Jésus s'interroge tout de même sur l'étrangeté des sous-entendus que glisse parfois sa mère, Marie, quant à un grand destin qu'elle lui prédit, des interrogations qui s'amplifient quand Joseph, son père, prétend partir quelques semaines pour le travail et finalement ne revient jamais. Jésus décide alors de partir à la recherche de son père et commence pour lui un road-trip aux faux airs de Pinocchio, puisque notre fils de charpentier trouve rapidement refuge dans une troupe de cirque, dirigée par un Barrabas intriguant et calculateur, troupe dans laquelle il tombe sous le charme de Délia présentée lors des spectacles comme femme la plus belle du monde. Jésus connait au milieu de ces saltimbanques l'amour, l'art du boniment et de la représentation… mais aussi l'arrogance des riches et la trahison. Et tout cela entre 12 et 16 ans. Son retour auprès de Marie ne lui retire ni les questions qu'il se pose sur l'abandon de son père, ni les tourments liés à l'amour, au désir, à la solitude et au secret de ses racines. Mais en parallèle de ses tempêtes intérieures, Jésus doit faire face à la vie à Nazareth soumise à la dureté des hommes, des bêtes et des éléments.
J'aimerais en raconter davantage tellement ces 350 pages sont riches en rencontres et en péripéties, portées par une écriture enlevée, aussi belle qu'accrocheuse. On savoure la multitude de références qui s'interprètent soit comme les signes annonciateurs de la destinée christique du personnage (notamment dans ses liens avec certains personnages dont le lecteur connait déjà l'importance qu'ils auront dans la « carrière publique » du narrateur) soit comme de simples clins d'oeil au futur et aux paroles rapportées dans les textes canoniques. Il fallait oser inventer une adolescence et une vie de jeune adulte à Jésus, oser lui donner une humanité éloignée du caractère divin que la mythologie chrétienne lui a attribué dans sa conception, sa naissance et sa trajectoire de prophète. le pari était osé, il est, pour moi, réussi, si j'en juge par le grand plaisir que j'ai eu à suivre les traces de ce Jésus qui, loin de n'être qu'un « fils de », est avant tout, et surtout, un homme.
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Dans ce roman de Giosuè Calaciura, Jésus nous parle à la première personne. Âgé de 30 ans, il revient sur ses souvenirs. Nous suivons ses traces et écoutons sa vie intérieure imprégnée par l'absence du père qui quitte un jour le foyer. Jésus part à sa recherche alors qu'il est encore adolescent. Il s'embarque avec une troupe de saltimbanques dirigée par Barabbas, au sein de laquelle il exerce des talents de flûtiste pour accompagner la danseuse mutilée Délia, dont il tombe amoureux. Éconduit, il retourne vivre chez sa mère et reprend le métier de son père: charpentier.
Giosuè Calaciura donne à voir un Jésus dans sa communauté, celle que forment les habitants de Nazareth, village pauvre de Judée confronté à l'hostilité romaine et soumis aux aléas d'un climat difficile. Alors que le rapport à son père était fait de silences et finalement d'absence, le lien de Jésus à sa mère est central dans le roman: une relation complexe, forte. Celle-ci a de hautes espérances pour son fils: elle croit qu'il peut changer le monde. Destin qu'elle pressent pour lui, et que sourdement elle lui transmet. Grâce à son talent de conteur, Giosuè Calaciura dresse un très beau portrait du fils de Marie, plein d'humanité. Dans ce roman d'introspection et d'apprentissage, Jésus se découvre petit à petit pour aller vers sa vérité.
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