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EAN : 9782882506658
112 pages
Noir sur blanc (22/10/2020)
4.03/5   72 notes
Résumé :

Îlot de lumière dans l'obscurité de la nuit de Noël, un tramway part du centre de Rome pour rejoindre sa périphérie éloignée. Un mystère, fragile, y a été abandonné. Au fil des arrêts montent progressivement des travailleurs pauvres, précaires, qui ont à peine fini leur journée. Une prostituée déportée d'Afrique et son client malheureux ; un sans-papiers et sa camelote ; une infirmière assiégée par la solitude ; Un père incapable d'offrir un dîner de fête à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Vous, transis de froid, sous un épais manteau de neige, à l'orée de réverbères éclairant d'une demi lune la nuit noire de noël, vous ne rêvez pas, c'est le tram de Noël qui arrive. Qui tel une comète poursuit sa destinée jusqu'au berceau où tout prend naissance.

Dans ce tram, il y a un nourrisson, qui babille, qui somnole au rythme du tram, ouvrant un oeil quand un réverbère illumine furtivement sa couchette de fortune. Autour de ce bébé surgissent les passagers de la nuit qui embarquent dans cette révérence de noël.

Autant d'êtres qu'il y a de solitude, d'injustice, de misère, de manque d'amour et pourtant parce qu'à noël on peut se laisser à rêver, l'espoir veille et se balance aux cous de ces miséreux de la nuit. Autant d'êtres accroupis devant cet enfant béni des dieux qui éveillera en chacun une envie, une excuse, une promesse.

Une prostituée, un domestique, un vendeur de parapluies, une infirmière, chaque chapitre est un rendez-vous intime où Giosuè Calaciura nous emmène au coeur de l'humain.

C'est beau.
Ce train qui comme une comète embarque les oubliés de la vie, pour une balade près des étoiles de noël.
C'est un peu magique.
C'est un peu d'espace et de temps dans la nuit de noël pour ceux dont on ne parle pas.
Il n'y en a pas plus ni moins pour chacun d'eux. Car chaque être a une histoire à raconter.

C'est l'heure du conte.
Toi, parent, adulte, tu y verras combien une poche vide est chaude, combien la misère appelle ces petits riens. À ton enfant, tu pourras alors lui expliquer qu'à noël, il y a un tram qui accueille ceux qui n'ont rien sauf un coeur assez grand pour saisir les petits riens. La misère n'est pas à cacher. Elle est à embrasser pour qu'elle se fasse toute petite. Elle est à éclairer pour que la foule vide ses poches pleines. Elle est à écrire pour que les contes racontent et comptent encore.

Un très beau livre qui se lit doucement pour en savourer chaque ligne, en prenant le temps de regarder les illustrations qui accompagnent ce récit.

À Noël, il y a des gens heureux.
Mais il y a aussi tous les autres.
Giosuè Calaciura leur laisse place dans ce tram de noël.

🌟🌟🌟🌟🌟
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C'est le couverture de ce livre qui m'a attirée: sobre, sombre mais poétique avec les lumières de la ville et des fenêtres éclairées se mêlant aux étoiles. le titre ensuite, qui m'a rappelée Dickens et ses contes de Noël que je chéris.
Un coup d'oeil, aussi, jeté aux illustrations intérieures de Gérard Dubois qui subliment ce petit roman qui frôle la grâce.

"Le Tram de Noël" est un court roman qui compte autant de chapitres que de personnages et qui s'ouvre comme un conte par un tram lancé dans la nuit de Noël d'une grande ville.
C'est peut-être Rome, Naples ou Milan. Peu importe au fond…

Au gré de sa dernière course, le tramway ramasse ses passagers.
Ce sont des anonymes, des déshérités, des malheureux, ces gens qu'on fait semblant de ne pas voir quand on les croise parce que leur misère nous met mal à l'aise et qu'on en a honte.
Des invisibles qui n'ont plus d'illusions et des rêves depuis longtemps piétinés. Des êtres qui n'ont plus pour les réchauffer que leurs souvenirs.

Il y a cette jeune fille prête à se vendre à ce veuf malade de solitude pour un repas, ce vendeur de parapluie qui arpente la ville toute la journée dans des chaussures trop petites, ce domestique dont le prénom ne plaît pas à la patronne qui le tyrannise, ce magicien aux tours devenus pathétiques parce qu'il perd la mémoire, cet adolescent qui serre un lapin fort contre lui le soir pour s'endormir dans le froid…

J'ai été touchée aux larmes par chacun d'eux, par leur destin, par le récit -par bribes- de leurs vies, autant que par le style de l'auteur qui raconte sans fard la misère, la solitude et la cruauté du monde mais avec beaucoup de sensibilité et de poésie aussi.

Cette nuit de noël ne s'annonce pas différente des autres pour eux et il n'est question ni de magie, ni de festin, ni de retrouvailles ou de cadeaux emballés dans du papier rouge et or, rutilant.
Il y a bien quelque chose pourtant…
Là, au fond du tram, sur un paquet de linges sales et décolorés, vous le voyez? Il respire doucement, il a dû s'endormir après s'être épuisé à appeler sa maman…
C'est à peine un enfant, tout juste un nouveau-né, innocent et abandonné là. Un par un, les passagers du tram s'avancent vers lui, curieux, intimidés aussi et là autour de ce bébé qui leur rappelle à tous une autre nuit de Noël, quelque chose naît comme un lien entre eux, une petite lueur, une rédemption fragile. Comme un espoir.

Et pendant ce temps, le tram file dans les lumières de la ville jusqu'à la chute, surprenante, inattendue et très belle.

Alors, on referme "Le tram de Noël" le coeur gros et les yeux embués, ému et bouleversé, plus riche de cette histoire poignante, déchirante qui donne enfin la parole à ceux qui ne l'ont jamais, à ceux pour qui la misère n'est ni un mot ni un concept et pour qui ni l'Europe ni le Monde n'ont tenu leurs promesses.
Plus riche aussi de la petite lueur qui s'est allumée.
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Sur la ligne 14 du tramway qui emmène ses passagers vers une banlieue éloignée de Rome, la veillée de Noël a comme un petit air de Nativité. Il fait noir, seule la lumière intermittente des réverbères illumine quelques instants l'intérieur du wagon. Mais que font ces gens, penchés au-dessus d'un siège, entourant une forme emmitouflée dans une couverture ?

Giosué Calaciura trouve ici les mots justes, poétiques, pour nous embarquer dans son univers. le tram de Noël est un conte, un peu sombre, un peu triste, ou nostalgie et solitude se mêlent.

Les chapitres courts donnent à entendre la voix de ceux qu'on ne voit pas, qu'on oublie, qu'on efface. Ceux pour qui cette veillée n'est pas plus chaude, plus tendre, plus douce que leurs longues soirées solitaires.

Ces ombres, qui forcent le respect par leur courage et leur combativité, semblent comme unis autour d'un petit miracle, celui de la vie.

Cet enfant, abandonné, se réchauffera de leur amour, et de leurs espoirs…

Un moment de lecture comme suspendu, des mots qu'on murmure, des souvenirs qu'on chérit… Et puis cet éclair de magie, essentiel et indispensable, pour maintenir un souffle vie…
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Observer cette couverture, telle un tableau du Caravage, un tram éclairé uniquement pour son phare et quelques fenêtres au loin.
Monter à bord de ce tram, c'est entrer tout droit dans un conte au clair-obscur, où Giosuè Calaciura raconte sa vision, son regard sur la nativité.

Imaginer maintenant, une ville italienne, Milan, Rome, Naples, peu importe. Une rue, très tard dans la nuit du 24 décembre, la seule lueur pour vous éclairer sont les lampadaires et ce tram qui avance lentement vers vous.

"Le tram de Noël" raconte la dernière course d'un tramway qui va embarquer à chaque arrêt une personne, un visage, une histoire, une vie. Une vie souvent faite de pauvreté, de dilemme. Une jeune femme prête à tout pour manger, un vieux domestique à l'habit blanc, un vendeur de parapluies, un prestidigitateur indien dont les numéros n'amusent plus personne, un jeune noir orphelin ou encore une infirmière.

Tous dans un tram sans lumière, ou juste le reflet des réverbères les éclairs, tous autour d'un bébé oublié dans ce tram de Noël. Un tram qu'on pourrait nommer "précarité" ou "oublier de la société".

Une nouvelle fois, Giosuè Calaciura m'embarque avec lui à travers ce conte et cette plume poétique, magique, envoutante. Une traduction incroyable grâce à Lise Chapuis et les illustrations de Gérard Dubois qui font de ce roman une petite merveille livresque.

Ce conte de Noël est une merveille de bonté, rempli de poésie, d'émotion, qui donne la parole à ceux auxquels on ne donne jamais. On entre dans leurs vies, comme on ouvre un calendrier de l'avent, où ne sait jamais sur quoi on va tomber... Une incroyable réussite !

Entrez dans ce mystérieux tram où un nouveau-né abandonné se fait le lien entre femmes et hommes qu'on a l'habitude d'oublier. C'est le miracle de Noël.
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Pour une fois, c'est la couverture de ce livre qui m'a attirée. Bien placé en vitrine de ma librairie, ce tram rouge à peine visible dans la nuit m'a intriguée. Cela fait quelques années que je n'ai plus lu de contes de Noël et ce « Tram de Noël » m'a donné envie de m'y replonger.

Comme dans « Un conte de Noël » de Dickens, on plonge dans un univers sombre, triste, cruel au coeur des laissés pour compte et des déçus de la vie. Les voyageurs de ce tram sont seuls en ce soir où tout le monde réveillonne et fête au sein d'un foyer chaleureux. Eux sont là, dans le froid, la fatigue et la solitude. Rien ne les prédestinait à se rencontrer, ni même à se parler. Mais en cette nuit de Noël, un enfant va les rassembler et faire (re)naitre en eux des émotions oubliées.

Ce court récit de douze chapitres présente, à chaque arrêt, la vie de la personne qui monte dans le tram et la raison de sa présence. On côtoie un homme, veuf, cherchant un peu de chaleur humaine dans les bras d'une jeune prostituée qui ne pense qu'au repas qu'elle pourra faire ; un vieux vendeur de parapluies éreinté par sa marche incessante pour éviter les contrôles policiers ; un jeune garçon squattant une bâtisse loin après le terminus ; un mage d'Orient atteint d'Alzheimer ; une infirmière africaine dont une des patientes vient de mourir…
Le style sensuel et baroque de l'auteur italien est riche en implicite et parvient à renouveler le genre du conte. Dans ce voyage improbable, parmi ces cabossés, on se surprend à retrouver toute la magie de Noël, la vraie, loin des clichés, de la société de consommation et des réjouissances artificielles. En ces temps particulièrement lourds, les mots de Giosué Calaciura résonnent et interpellent plus que jamais.

Chaque chapitre est illustré par une superbe acrylique de Gérard Dubois, l'auteur de la couverture. Peintre et illustrateur, il a publié dans de nombreuses revues comme The New York Times et illustré des albums pour enfants. J'ai été séduite par ses oeuvres, tout en noir et rouge, où se fond le personnage du chapitre. Elles subliment le conte et le rendent réel.
Un conte de Noël tellement d'actualité et ce tramway, tel un phare dans la nuit, qui vient redonner un peu d'espoir ont fait de ce livre un coup de coeur.

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critiques presse (1)
Actualitte
28 décembre 2020
Giosuè Calaciura glisse, dans son texte magnifique, quelques coups de griffes à l'attention de ceux qui, non contents de passer à côté de ce nouveau-né, passent, sans les voir, à côté de tous ces oubliés de la ville et de la vie, ces sans-espoir qui pourtant regardent cet enfant avec des yeux où se mêlent toutes les frustrations de leurs impuissances.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La mort elle-même n’est pas égale pour tous : les riches agonisent dans la ouate de la morphine.
Commenter  J’apprécie          290
Ils avaient appris à fuir les pourvoyeurs de travail de leurs pays, ceux qui avaient ouvert un commerce, un magasin. Ceux-là étaient encore plus avides que les patrons locaux parce qu'ils connaissaient le point de rupture de ces jeunes, la nature de leur patience et de leur tourment. Ils enfonçaient le couteau bien profond, jusqu'au coeur de la solitude, sachant que ces gamins n'avaient personne pour les aider ni pour les consoler: il n'y aurait personne pour les réclamer.
P. 53
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Quand le tramway passa, ces étincelles inattendues et festives apparurent comme la queue lumineuse d'une comète - si basse, si rasante, si peu cosmique, si humaine -, et ils décidèrent que cette nuit-là était celle qu'ils attendaient dans le silence de leurs logements pollué par le bruit blasphémateur des télévisions, les cris des disputes dans l'immeuble, le trouble sans sainteté de toute question, de tout commentaire.
P. 18
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Les vieux savent, par cynisme, à quel point le coeur des jeunes est comme du verre : au premier choc il se brise.
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