Citations sur Venise n'est pas en Italie (252)
Parce que les militaires se lèvent tôt , même en temps de paix , histoire d avoir le maximum de temps À rien faire .
vivre, ça en valait la peine, et parfois, dans des instants comme celui-ci, ça en valait aussi la joie.
Je rêvais que la police vienne nous arrêter un jour pour complicité, paraît que c'est un délit, mais pour moi, ça voudrait dire beaucoup
Ce doit être comme le vin, l'amour entre deux êtres, ça évolue avec le temps, il y en a qui tournent au vinaigre, d'autres qui se bonifient. Et mes parents semblent toujours hésiter entre les deux options.
Entre les garçons et les filles, c’est comme aux autos tamponneuses : on se tourne autour, on fait mine de s’ignorer… On se dévisage dès que l’autre a le dos tourné. Puis, on se rapproche, on se frôle, on s’effleure, et à un moment, on se rentre dedans. D’abord très doucement, pour prendre contact, et puis au fur et à mesure, ça se rentre dedans de plus en plus violemment. Mes parents sont des spécialistes, pas besoin de fête foraine, avec menaces, engueulades et guerre mondiale. Parfois, on va même jusqu’à se percuter de plein fouet, à pleine visite, et comme sur la piste, c’est censé faire du bien quand ça fait mal. Jusqu’à ce que ça devienne trop douloureux et qu’on décide de s’éviter, passer au large, rouler chacun de son côté, avec avocat et garde partagée, je vous fais pas un dessin. Quand la partie est terminée, on recommence avec une autre, faut bien se l’avouer, il n’y a que la couleur de la voiture qui change.
Je l’ai contemplée un instant : elle était encore plus belle que si je l’avis imaginée. Bien qu’elle fût devant moi, à un mètre de distance, j’ai eu envie de lui écrire une lettre d’amour, parce que j’adore écrire, j’exprime souvent mieux les choses en les taisant. Les mots sur du papier, c’est du silence qui parle, c’est le début de la poésie.
Mais faut bien convenir que quand ça va pas à l’intérieur, la plupart du temps, on peut pas le montrer à l’extérieur. Peut-être que dans cent cinquante ans, ce sera différent, mais en attendant dans le monde d’aujourd’hui, personne n’a le droit de crier par exemple, même quand on a très mal, ça se fait pas du tout. Faudrait créer des hurloirs, ça en soulagerait pas mal, des endroits bien calfeutrés où on dérangerait pas les voisins et où on pourrait hurler tant qu’on veut. Ce serait reconnu d’utilité privée. On pourrait faire des pleuroirs pour ceux qui sont tristes, qui ont de gros chagrins, ça aussi ça en soulagerait plus d’un.
On ne parlait pas. Moi je pensais à une fille que je ne connaissais pas, que j’avais entendue dans la cour du lycée raconter qu’elle écrivait un journal intime. Ça l’avait marqué. En mangeant mon escalope, j’ai soudainement lancé à Maman, comme ça, sorti de nulle part, que les gens qui écrivaient des journaux intimes, ils donnaient trop d’importance à leur vie. Ma mère m’a regardé et m’a répondu avec une douceur inhabituelle que si je n’accordais pas d’importance à ma vie, qui le ferait ?
L'air était léger, il faisait vraiment bon, je me suis senti étonnamment bien. J'avais oublié que le bonheur, ça peut vous prendre par surprise, comme ça, sur des marches en pierre délicatement chauffées par le soleil, à regarder passer les touristes, à honorer le plus joli rendez-vous qu'on vous ait jamais donné.
Sur chaque tombe du cimetière, en dessous des noms, il y a avait toujours deux dates, l'année de naissance et celle de mort. Une vie, j'ai pensé, c'est un long cri, de joie ou de douleur, ça dépendait des jours, ou des vies, un cri parfois très intérieur, qui jaillit du cri primal du bébé à la naissance, déchirant l'infini, qui devient, quatre-vingts ans plus tard, un cri tout bas, un murmure, notre dernier souffle, et une vie c'est ça, un cri coincé entre deux dates.