Le roman s'ouvre sur un prologue insoutenable qui nous plonge directement dans les ténèbres de Cendrelune et de la Cité d'Acier. A l'âge de treize ans, Céphise perd ses parents qui finissent empalés sur l'Arbre des suppliciés pour une simple « pensée » déplacée, pour une « idée » n'ayant même pas encore pris le temps de germer. Son frère, lui, est envoyé auprès de l'armée de la Cathédrale d'Eternité afin d'y perdre son âme et d'être transformé en parfait petit soldat. Elle, paie le tribu des insultes de son père envers l'Ombre et devient une Rapiécée. Une personne dont on a coupé certains membres qui se sont vus remplacés par d'autres, mécaniques ceux-là. Terreur, horreur, sang, un brin de steampunk, et une vengeance qui se prépare dans l'esprit de Céphise à l'encontre de celui qui lui a tout pris : l'Ombre. Pourtant dès le début je commençais à tiquer. Pourquoi Céphise, treize ans, semble s'exprimer comme une adulte ?
Qu'à cela ne tienne, on continue l'aventure ! D'ailleurs c'est le gros point positif de ce roman : on ne voit pas les pages défiler. On a envie d'en découvrir davantage à chaque petite révélation. D'un côté nous avons un aspect mythologique qui m'a particulièrement séduite. Les hommes ont mis le bazar et les dieux sont descendus sur terre régler le problème. Orion, père des dieux, semble particulièrement bien contrôler sa population. Il faut dire qu'en lisant dans les pensées de ses sujets et en exécutant n'importe qui dès que quelqu'un tente d'avoir une petite opinion c'est pratique pour maîtriser les foules. Une petit coup de colère a annihilé la plupart des créatures vivantes et personne n'a jamais aperçu le moindre petit animal, les arbres se sont faits d'acier. Un univers triste et morne où tous évoluent sans perspective d'avenirs depuis des années.
L'histoire de
Georgia Caldera est peuplé de personnages que nous allons suivre au fil des pages, oscillant entre les narrateurs ce qui m'a déstabilisée. Non pas que je ne sois pas habituée aux romans choral (fantasy obligeant souvent) mais d'ordinaire les points de vue sont abordés à la même personne. Là aussi vous me direz, dans Je suis fille de rage, on a également différentes formes de narration, donc où est le problème ? Je vous répondrai que tous les personnages se ressemblent. Mêmes pensées, mêmes façons de réfléchir, mêmes manières de parler que l'on soit un dieu, un demi-dieu, une simple Rapiécée, ou un enfant de dix ans. C'est frustrant et parfois même un peu trop répétitif. D'ailleurs j'ai trouvé globalement les personnages assez peu approfondis et c'est super dommage !
Parce que l'univers est vraiment sympa avec un mélange de fantasy, de pouvoirs et de steampunk, oscillant vers la dystopie. Pas trop de romance pour commencer, une histoire de vengeance, et en fond, l'éveil d'une déesse. Il y a des Vestales, des Rapiécées et les dieux. Il y a Héphaistos aussi et son
amour suspendue par des câbles, contrainte de délivrer des prophéties à l'aide d'une harpe. Et puis
Verlaine, le demi-dieu, l'avorton, le dernier enfant d'Orion, dont le sang est empoisonné et oblige ceux qui inhalent son gaz à se suicider dans une agonie sans nom.
Verlaine qui récupère les âmes des morts.
Verlaine à qui Céphise voue une haine sans nom. C'est le personnage qui m'a le plus intéressé sans pour autant parvenir totalement à me fasciner.
Globalement, même si je n'ai pas été conquise, je ne peux m'empêcher de souligner qu'il y a des belles images cachées dans ce roman. Comme celle de
Verlaine jouant du piano et accompagnant, sans le savoir, Céphise et son violon dans sa forêt de fer. C'était très beau et poétique. Ou celle de Lorrien, l'orphelin, qui fait le choix de taguer les murs des maisons d'un dessin, défiant les dieux, avec la sensation de faire quelque chose de grand. Ou bien des images tristes, bouleversantes, comme celle de Céphise dans l'antre de l'Ombre, démunie et démembrée. Oui il y a de belles choses.
Peut-être me serais-je laissée séduire, finalement, si la fin ne m'avait pas laissée à ce point déroutée, presque choquée : un cliffhanger. Résultat, une fois le livre refermé (la tablette éteinte ici), j'ai juste eu l'impression d'avoir la moitié de l'histoire, purement et simplement, comme si cela avait été coupé tout à fait au mauvais moment. Ça aura sans doute fonctionné pour d'autres, mais pour ma part, je n'achèterai pas la suite.
EN RESUME
Malgré un univers intéressant, mêlant mythologie et dystopie dans un scénario qui se veut original, Les Brumes de Cendrelune n'aura pas su me convaincre. Si l'autrice maîtrise parfaitement les codes d'une excellente histoire, elle n'aura pas su me faire aimer ses personnages qui, sous leurs sentiments de haine et de vengeance, m'ont semblé parfois bien creux et très similaires.
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