Pour clore ou plutôt finir en beauté ma première année sur Babelio, en vitesse, une visite éclair en Sicile, chez
Andrea Camilleri et son commissaire Salvo Montalbano, à Porto Empedocle. Ce port au sud de l'île qui a été le théâtre de 2 sérieux incidents concernant le sauvetage en mer de réfugiés.
Ma dernière lecture sicilienne, il n'y a même pas un mois, fut "
Le contexte" de
Leonardo Sciascia.
Deux grands auteurs, deux styles.
Le seul inconvénient, à mon avis, est la langue tout à fait personnelle et particulière d'
Andrea Camilleri. le traducteur du roman en Français,
Serge Quadruppani, qui a fait un excellent travail, explique dans un avertissement au début de l'ouvrage, que traduire cet écrivain est loin d'être une sinécure. En fait, la langue "camillerienne" n'est ni de l'Italien, ni du Sicilien, mais une langue intermédiaire, celui de "l'italien sicilianisé". Probablement que cette langue a un charme spécifique, mais personnellement, je dois admettre qu'elle ne rende la lecture pas simple et franchement, la transcription française avec des mots précédés d'une lettre "a", ou le "e" remplacé par un "i" , comme dans "pinser" ,me gêne plutôt que cela me plaise.
Notre pauvre commissaire est en congé de rétablissement après avoir reçu une balle dans l'épaule lors d'un épisode précédant "
Le tour de la bouée", lorsqu'un coup de fil lui apprend qu'une belle jeune fille a disparu. Il s'agit de Susanna Mistretta, inscrite à l'université de Palerme et fille de Salvatore, géologue à la retraite, et de Giulia, mourante. En rentrant, comme d'habitude, de chez sa copine, Tina Lofaro, avec qui elle a coutume d' étudier, elle s'est évaporée et sur la route, il ne reste que sa mobylette. Congé de maladie ou pas, Salvo Montalbano ne peut s'empêcher d'aller jeter un coup d'oeil sur place. À la grande consternation de Livia, sa compagne qui le soigne.
L'enquête soulève une multitude de questions, à commencer par cette étrange disparition : Susanna étant une fille sérieuse qui n'a pas l'habitude de vadrouiller et qui a, en plus, un charmant fiancé intelligent, Francesco Lipari, qu'a-t-il bien pu lui arriver ? Un kidnapping pour une rançon est peu probable, car il est de notoriété publique que les Mistretta, par un revers de fortune et les frais de maladie considérables de Giulia, tirent le diable par la queue. L'alternative, enlèvement pour des motifs sexuels, comme Susanna est "di grande bellezza", est trop horrible à envisager ! Et où est l'argent qu'elle a retiré de la banque, et sa serviette, et son casque ? Et puis la mère de quoi souffre-t-elle au juste ?
Tant de questions auxquelles je laisse
Andrea Camilleri répondre avec sa maestria habituelle.
Ce roman se situe au même haut niveau que "
La forme de l'eau" et "
La Voix du violon".