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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Giulia Caminito nous emmène dans les Marches : c'est-à-dire dans l'Est de l'Italie, dans un village isolé au pied des montagnes. Et c'est toute l'Histoire italienne, de la fin du 19ème au début du 20ème siècle, qu'elle retrace, mais en lui donnant chair, une chair souffrante et vibrante. C'est magnifique.
Cette histoire est faite d'injustices : l'injustice qui prive le métayer du fruit de son labeur ; l'injustice qui enferme au couvent la fille violée ; l'injustice qui maintient dans la sujétion les êtres les plus exceptionnels, à l'image de la Moretta, ancienne esclave soudanaise devenue abbesse.
C'est l'injustice du pouvoir religieux tout-puissant et intouchable : "cet homme qui avait gravi les échelons ecclésiastiques non en vertu de sa foi mais de son sexe, parce qu'il était un homme il était à la place qu'elle aurait mérité d'occuper et tous deux, incontestablement, le savaient."
C'est l'injustice qui jette dans les tranchées toute une génération de jeunes hommes qui ne seront, s'ils reviennent, plus jamais les mêmes.
C'est l'injustice de la grippe espagnole qui frappe brutalement les organismes affaiblis par la guerre et les privations, qui décime des familles entières, des villages entiers. "La guerre était en train de finir mais, comme disaient les prêtres, Dieu n'en avait pas encore fini avec eux."
Et puis il y a les voix lumineuses qui s'élèvent contre l'injustice, comme Giuseppe, l'inoubliable grand-père anarchiste qui transmet son idéal à ses petits-enfants, comme Lupo prêt à se battre de toute son âme pour que la vie, la vie cruelle, épargne son petit frère bien-aimé.
L'amour que se portent les deux frères est, tout du long, la lumière qui éclaire cette histoire si sombre.
"Il n'était pas vrai que les habitants de Serra avaient seulement été pauvres, ils avaient aussi été heureux."
Traduction parfaite de Laura Brignon.
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Le monde tournant autour de cette famille des Marches italiennes m'a tout d'abord paru aussi lointain que celui du sud de Faulkner et c'est avec un entrain très mesuré que j'ai entamé cette lecture. Et puis, l'histoire familiale s'est imbriquée dans celle du pays , les secrets familiaux se sont petits à petit dévoilés et le texte est devenu passionnant, servi par une écriture expressive et une construction réussie nous laissant deviner la vérité par petites touches. Une agréable surprise d'une autrice que je ne connaissais pas.
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Giulia Carminito semble avoir pris un malin plaisir à éveiller la curiosité de ses lecteurs et exiger d'eux une attention soutenue par la construction originale de son roman. Elle sème,en effet,un joli désordre chronologique,change de lieu et de personnage sans transition et donne des informations dont on ne comprend le sens que plus tard. Ceci m'a tout d'abord déroutée,mais quel régal ensuite! Sa plume est à la fois concise,réaliste et poétique. Un peu à la façon de C.Martinez avec un zeste de M.Malte lorsqu'il écrit le Garçon.
Comme toute conteuse qui se respecte,G.Caminito a pris des libertés avec la réalité mais elle s'est cependant sérieusement documentée pour faire évoluer ses personnages dans un contexte historique et social bien réel tout en puisant également dans sa propre histoire familiale. Quelle force de dégage de ce roman ! L'histoire se déroule en Italie dans les Marches et débute avec la naissance de Lupo en 1897 dans une famille qui est marquée par le sceau du malheur. le père boulanger est un homme lâche et violent,la mère subit sa vie plus qu'elle ne l'a mène. Les enfants décèdent les uns après les autres. Mais il y Giuseppe,le magnifique grand père,anarchiste et humaniste,Nella la mystérieuse soeur devenue nonne, et puis Lupo et Nicola. Ces deux personnages sont splendides tout comme le lien qui les unit. Ils sont différents en tout point,du moins en apparence mais sont deux coeurs purs. L'auteure nous offre une histoire passionnante dont le sujet principal est peut-être la force de la foi, quelque soit la forme qu'elle peut prendre, et bien sûr la force de l'amour unique que se vouent Lupo et Nicola. Tous les personnages de ce roman sont poignants,aucun n'est fade. Leurs portraits sont subtils,pleins de psychologie. Les évènements qui ont secoués l'Italie jusqu'à la première guerre mondiale apportent un souffle historique et politique puissant à cette histoire déjà riche de par ses intrigues intra familiales.
C'est un coup de coeur que je dois à Diablotino et j'espère vivement que d'autres romans de cette auteure seront traduits en français.
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"Un jour viendra" est un éblouissement, de son incipit en forme de déflagration à sa fin, chute solaire.

Ce roman dont le souffle romanesque nous porte jusqu'aux Marches italiennes, chères à Leopardi, relève à la fois du conte et de la fresque sociale et historique, touche au sublime et à la rage, à la beauté la plus pure et à la colère à grands coups de secrets et de malédictions, d'amour fou, de guerres et de non-dits.

Au coeur du village de Serra de' Conti se dresse la boulangerie de la famille Ceresa, violente et misérable sur laquelle semble planer une malédiction qui ne dit pas son nom. Un à un ou presque les rejetons de Violante, dévote à moitié aveugle et presque complètement folle et de Luigi qui passe plus de temps à cogner les siens qu'à pétrir le pain, meurent, de fièvre et de pâleur. de misère ou de violence. Ne restent aux parents que Lupo et Nicola. le premier est aussi sauvage que le prénom qu'il porte. le second, blond et fragile, est surnommé "l'enfant mie de pain". Aussi faible que son aîné est fort, aussi veule que l'autre est audacieux. Les deux frères s'opposent, se complètent- nuit et jour, noir et blanc, feu et eau- et étrangement semblent incapables de se séparer. Entre eux, c'est les liens du sang et c'est bien plus, c'est instinctif et viscéral.
Et puis, à leur histoire que l'on découvre par fragments à travers une narration morcelée qui passe d'une temporalité à une autre et marquée par de lourds secrets, intimement liés à une religieuse du couvent de Serra de 'Conti, se mêle la grande Histoire, avec ses tumultes et son fracas: lutte anarchiste d'une Italie qui crève de faim tandis que l'autre s'engraisse sur la sueur des métayers, la Grande Guerre, l'échiquier des puissants qui avancent sur le plateau leur chair à canon et puis la grippe espagnole.

Au delà de cette histoire d'une puissance et d'une beauté inouïe, ce qui fait la force de "Un jour viendra", c'est l'écriture absolument magnifique de Giulia Caminito lyrique et poétique qui parvient toutefois à des accents néoréalistes qu'un Rossellini ou un Visconti savaient si bien filmer. L'auteur est aussi convaincante lorsqu'elle décrit les méandres politiques dans lesquels elle précipite ses personnages que lorsqu'elle raconte des scènes plus intimes, psychologiques, poignantes à en pleurer. Quant à ses dialogues, quelle finesse, quelle authenticité! Ils vêtent à merveille des personnages denses, profonds. Charismatiques parfois et toujours complexes.

Roman de la fraternité: Caïn et Abel ne sont pas si éloignés de Castor et Pollux, roman des Marches et d'une histoire si violente que ceux qui la vivent la portent forcement dans leur chair et âpre saga familiale, "Un jour viendra" est aussi traversé par des thématiques comme la foi, la rédemption et l'idéalisme, comme un ciel d'orage traversé par de rares éclaircies à la construction exigeante et morcelée. Virtuose et lumineux.

Oui, c'est bien un éblouissement.









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Le petit Avis de Kris pour Collectif Polar
Un jour viendraGiulia Caminito
Cette fresque italienne mais qui pourrait très bien s'appliquer à bien des pays est relatée d'une écriture fine et délicate qui vous embarque dès les premières pages.
Deux frères, Lupo et Nicola, vivent dans une famille pauvre et sans amour à Serra de' Conti, dans l'Italie du début du XXe siècle. Avec leur loup apprivoisé, le premier s'est donné pour mission de protéger le second, trop fragile. Ils se lient à Zari, dite soeur Clara, née au Soudan et abbesse du couvent du village. Un secret est bientôt révélé par le déclenchement la Grande Guerre.
Combien de familles ont du vivre ces terribles moments de la guerre et cette vie rurale, simple et besogneuse.

Les 2 frères Lupo et Nicola, très attachants et attachés, forcent l'admiration par l'amour qu'ils se portent.

Merci à Marin Ledun pour cette belle découverte.
Lien : https://collectifpolar.fr/20..
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Fin du 19ème, Serra de'Conti dans les Marches en Italie, la famille de Luigi Ceresa, boulanger, dont les enfants meurent un à un et ou l'épouse devient aveugle : voilà comment commence cette histoire. Un prologue puissant, où l'on sent que ce roman va nous emmener loin.

Luop et Nicola, le premier fier et combatif, le second fragile et intelligent sont liés. Lupo a deux raisons de vivre, celle de lutter contre l'injustice social selon les grands principes de son grand-père anarchiste, et celle de protéger Nicola on frère.

Les événements qui se déroulent dans la famille Ceresa sont liés de près comme de loin a une certaine Soeur Clara, une religieuse qui enfant a été enlevée au Soudan et convertit au christianisme. Dans ce monastère, Soeur Clara protège Nella, la fille du boulanger, qui trouve en ce lieu un refuge après une bien triste histoire..

Mais le vent de l'histoire s'emmêle, les idées socialiste, anarchiques, la semaine rouge, la Grande Guerre, l'épidémie espagnole..Pour Lupo et Nicola, il ne sera pas facile de résister et de découvrir le secret qui gardé leur vie liée à jamais !

Giulia Caminito est une jeune écrivaine, mais surtout une prodigieuse écrivaine italienne. Ce roman est absolument complet, intense, où les personnages sont définis à merveille. Dans la plume de l'auteur, il y a la foi, l'anarchie, la poésie, le passé et l'histoire.

Une plongée en apnée dans la grande Histoire de l'Italie, avec des âmes plus vrai que nature. Bref, il y a tant à dire sur ce beau roman. Coup de coeur pour "Un jour viendra", on n'a surement pas fini d'entendre parler de Giulia Caminito.
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Revoilà un roman qui m'emporte, qui m'ensorcèle et que je dévore passionnée! Sa force est indéniablement son écriture, outil très bien maitrisé par l' auteure. Elle nous rend captif, elle nous tient et nous montre à voir.

La trame solide du roman nous montre à comprendre, sans perdre en saveur, des tranches de vies italiennes de la fin des années 1890 pour arriver à la fin de la première guerre mondiale. Tournant de l'histoire ecclésiastique, insurrection politique, drame familiale. Les deux pôles (religion et politique) sont servis par quelques personnages bien vivants entre les lignes, qui s'agitent dans le chaos de leur condition, agitent leur monde.
C'est beau à lire et déchirant.
C'est passionnant.
Chaque personnage tient sa place, ses détails, sa force et sa faiblesse, ils nous laissent à penser que oui, ça a du se passer comme ça, c'est dramatique mais chacun a essayé de faire avec son destin, se démener avec les démons de cette époque.

Lecture marquante, auteure inoubliable.
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Ce roman est magnifique !
L'écriture de Giulia Caminito est empreinte de lyrisme et de poésie. Ses personnages sont intenses et décrits avec finesse et subtilité. L'auteure brosse de profonds portraits d'une famille, et d'hommes et de femmes, happés par leur destin et par la grande Histoire de l'Italie.
*

Le roman se situe avant la première guerre mondiale, dans une période trouble et révoltée, où les agitateurs « Anarchistes » secouent le pays.
Nous sommes dans les Marches Italiennes et nous découvrirons bientôt la famille Cesera, celle de Lupo, de Nicola, de Nella, par des événements qui vont s'enchainer, parfois qui vont se déchainer et par de terribles secrets de famille qui vont finir par être révélés.
*

Giulia Caminito s'est beaucoup documentée sur cette période de l'histoire en Italie, une époque que je connaissais peu.
Elle a su habilement enchevêtrer les chemins de vie de cette fratrie, dont certains seront divisés, déchirés, blessés par cette immense tragédie que sera cette guerre, par des idéaux et des engagements anarchistes des uns, par des gros secrets enfouis dans un couvent pour autres, et par des liens d'amour fraternel. Des liens qui sembleront s'étioler avec le temps et les distances.
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Un roman magnifique, à l'image de la région des Marches où se déroule l'intrigue, cette région faite de mer et de montagnes, de chaleurs sèches et de froids humides.
Chacun des principaux personnages semble d'ailleurs refléter un aspect de ces paysages bruts, sans concession, que l'on retrouve dans les campagnes oubliées de cette région d'Italie.
Lupo a le sang aussi brûlant qu'un après-midi d'août, il est aussi solaire qu'un été méditerranéen, la peau cuite par le grand air et possède le caractère sauvage d'une mer déchaînée.
Nicola est une mie de pain oubliée à l'ombre, tapi au creux d'une montagne menaçante dont il finira par avoir la force, le mouvement l'effraie, l'effort lui fait peur et pourtant il dominera, surplombera son village, d'un aplomb stable, froid et inquiétant.
Entre les Apennins et la Méditerranée, il y a la terre, les campagnes, il y a Clara et Nella, qui donnent tout d'elles-mêmes, qui ne sont que dévouement et charité sans jamais pourtant se soumettre aux hommes et ceux qui pensaient pouvoir les écraser se heurteront à la force de leur domination silencieuse.
Les Marches, en ce début de XXe siècle, c'est aussi un reflet de l'Italie et des guerres paysannes, de l'anarchisme, de la montée silencieuse du fascisme ; c'est un reflet de l'Europe, qui essuie les abominations de la première guerre mondiale, le dépeuplement des campagnes, les jeunes garçons sacrifiés dans les tranchées, massacrés sous les obus puis, une fois la guerre finie et comme si cela n'avait pas suffi, les ravages apocalyptiques de la grippe espagnole.
Ce roman c'est un peu de tout cela à la fois, c'est une famille dans un village coincé entre la mer et la roche, entre la poussière des chemins trop chauds et l'humidité des rivières de montagne.
C'est un loup domestiqué, un animal sauvage qui s'invente métayer, un noble trop délicat pour le grand air que l'on force à nettoyer des restes humains sur un champ de bataille.
C'est une fille aux cheveux libres comme le vent que l'on enferme dans un monastère.
C'est une enfant arrachée de force à son pays lointain qui refusera pourtant de quitter son village d'ancrage et dédiera tous ses regards, jusqu'aux derniers, à la protection des âmes sauvages de ces terres oubliées.
"Un jour viendra", c'est une écriture poignante, concise et lyrique, rude et poétique, qui laisse sur la peau comme une couche de poussière estivale, qui dépose dans nos cheveux un épi de blé et sur la langue, le goût d'une pomme dérobée.
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J'ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman car la trame est assez décousue, on a des difficultés à se repérer avec les changements de temporalités et de point de vue. Par contre, j'ai tout de suite accroché à la plume de l'autrice qui est assez incroyable !
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Au bout d'une cinquantaine de pages, je m'étais totalement imprégnée de l'atmosphère, j'aimais les personnages des deux frères et des deux religieuses, et j'avais envie de savoir la suite. La relation entre Nicola et Lupo est très belle, complexe. On sent une tension, un besoin d'exister à deux, un attachement à la vie à la mort. Rien n'est simple, leur relation est sombre, intense, entourée de non-dits, de secrets. Et au-dessus de tout ça, la guerre, une malédiction familiale, la peste, le combat de religieuses pour leur monastère.
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Arrivée aux dernières pages du roman, je ne voulais plus quitter Nicola et Lupo, je voulais connaître la suite de leur aventure. J'ai beaucoup apprécié en apprendre plus sur l'Italie que je connais très mal, surtout cette période de mouvements révolutionnaires. Et je retiens surtout la très belle plume de Giulia Caminito : brute, rythmée et poétique.
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Un très beau roman.
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