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sur 1492 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
A la mort de sa soeur et maîtresse Drusilla, Caligula prend douloureusement conscience que l'homme est mortel et qu'il n'est pas heureux. Et il se met en tête de faire entrer cette leçon à son entourage et à son peuple, afin qu'ils regardent cette vérité en face au lieu de faire comme si elle n'existait pas. Il abuse de son pouvoir juste parce qu'il en a le pouvoir, décide arbitrairement et pour des prétextes futiles qui va vivre et qui va mourir. Et s'amuse à faire tourner son petit monde en bourrique, en particulier les patriciens, si soucieux de leur confort et imbus d'eux-mêmes.

Seuls Caesonia et Hélicon vont lui demeurer fidèles, tandis qu'un complot se met en place pour stopper sa folie.

A la lecture de cette pièce en quatre actes, dans laquelle l'humour de Caligula et son détachement côtoient avec bonheur l'horreur des ses actes et de son cynisme affiché, j'ai ressenti plus de compassion pour la détresse de Caligula que de répulsion pour sa cruauté. Et si les patriciens avaient été moins lâches, peut-être bien qu'il ne serait pas allé si loin, je ne sais pas, mais bon quelle importance, puisqu'il ne peut pas avoir la lune ?
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La pièce reprend l'histoire de l'empereur romain assez fidèlement mais Camus en fait une oeuvre littéraire et philosophique au service de sa théorie de l'absurde.

Je présente ici cette pièce très célèbre à travers quelques citations choisies :

"Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux" I4

" tout, autour de moi est mensonge et moi, je veux qu'on vive dans la vérité. Et justement, j'ai les moyens de les faire vivre dans la vérité." I4

"Je n'ai pas tellement de façons de prouver que je suis libre." II9

"On est coupable parce qu'on est sujet de Caligula." II9

" Et près des femmes que je caresse, quand la nuit se referme sur nous et que je crois, éloigné de ma chair enfin contentée, saisir un peu de moi entre la vie et la mort, ma solitude entière s'emplit de l'aigre odeur du plaisir aux aisselles de la femme qui sombre encore à mes côtés"II 14

"Pour un homme qui aime le pouvoir, la rivalité des dieux a quelque chose d'agaçant. J'ai supprimé cela. J'ai prouvé à ces dieux illusoires qu'un homme, s'il en a la volonté, peut exercer, sans apprentissage, leur métier ridicule." III 2

"On ne comprend pas le destin et c'est pourquoi je me suis fait destin" III 2

" Je sais d'avance ce qui me tuera. Je n'ai pas encore épuisé ce qui peut me faire vivre" III3

" Je crois que toutes [les actions] sont équivalentes" III 6

" Aimer un être, c'est accepter de vieillir avec lui. Je ne suis pas capable de cet amour" IV 13

" On croit qu'un homme souffre parce que l'être qu'il aime meurt en un jour. Mais sa vraie souffrance est moins futile : c'est de s'apercevoir que le chagrin non plus ne dure pas. Même la douleur est privée de sens" IV 13

" Me voilà encore plus libre qu'il y a des années, libéré que je suis du souvenir et de l'illusion." IV 13

"Cette logique implacable qui broie des vies humaines pour parfaire enfin la solitude éternelle." IV 13

" Je n'ai pas pris la voie qu'il fallait" IV 14

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Il semblerait bien que le théâtre soit presque absent des critiques que je partage depuis des années sur le Net. Pourquoi ? Déjà parce que le théâtre me paraît exister d'abord et avant tout pour la scène. Ensuite, j'ai beaucoup plus de mal à donner mon avis sur une pièce, car son texte n'est qu'une partie de l'oeuvre, importante, mais pas moins que la mise en scène ou le jeu d'acteur.

Caligula sera donc la troisième pièce de théâtre à laquelle j'ose m'attaquer. Et comment aborder une oeuvre qui, dans le projet de son auteur, s'accompagne d'un roman, L'Étranger, et d'un essai, Sisyphe ? Trois oeuvres, trois genres pour un même thème, celui du héros face à l'absurdité du monde et du destin. Je ne vais pas évoquer les deux autres ouvrages... Après tout, je ne suis pas professeure de littérature, donc pas vraiment légitime dans ce genre d'exercice. du coup, et comme toujours, je vais en rester à mes impressions et mes réflexions sur le texte lui-même, Caligula.

Que ceux qui aiment l'Antiquité avant tout se le disent, Caligula n'a que peu de rapport avec l'Histoire, même si le personnage de Caligula est l'empereur fantasmé et créé par le mythe. Finalement, la pièce de Camus profite de cette figure pour nous raconter tout un pan de sa propre réflexion sur le monde. Comme dans l'Étranger, c'est la mort d'un proche — dans le roman, la mère du personnage — qui confronte le héros à des vérités difficiles. Dès le début, Caligula dit ce qu'il vient d'apprendre : Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux. Plus que cela, il a conscience de l'absurdité infinie du monde. Et, par conséquent, de la vie. Il décide alors de ne vivre que pour rendre possible l'impossible et, surtout, d'exercer sa liberté de la manière la plus extrême possible. Une liberté sans limite puisqu'il est César.

Cette folie meurtrière ne ressemble pas tout à fait à celle d'un tyran tel qu'on l'imagine. Caligula ne se contente pas de tuer ceux qui le mécontentent ou ne lui obéissent pas… Non, il exécute à l'aveugle, comme pour rivaliser avec ce destin absurde qui défie toute logique. Puisque le fonctionnement du monde se résume à cette absurdité douloureuse, pourquoi ne pas faire de même ?

La violence serait-elle la seule réponse à l'absurdité du monde ? Pas vraiment, puisque Caligula n'est pas le seul à avoir compris cet aspect du destin. Cherea, qui se pose en ennemi, a conscience de cela. Pourtant, il pense aussi que la vie a de la valeur, que l'honneur compte, ainsi que le courage. Un autre homme s'élève contre Caligula — et pas seulement par égoïsme, comme le feront les autres —, c'est le jeune Scipion, un poète partagé entre la haine et l'amour. Un personnage dont l'innocence semble faire contrepoids... Enfin, la pièce de Camus ne se contente pas de nous montrer à voir ces différentes sensibilités face à l'absurdité, elle nous offre aussi une oeuvre à la croisée des genres : philosophie, tragédie, comédie et lyrisme, le texte de Caligula déstabilise sans doute autant que son héros éponyme.

Je ne suis pas professeure de littérature ni ne me prétends une spécialiste, et qu'importe, Caligula m'a troublée, m'a émue, m'a interrogée. Et n'est-ce pas le propre des oeuvres importantes ?
Lien : http://altervorace.canalblog..
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J'ai aimé lire cette pièce de théâtre, courte et qui va crescendo, sans pauses. Est ce l'histoire de la folie d'un empereur ou celle de la lâcheté des hommes? Caligula teste son pouvoir et en cherche les limites. Les limites de la physique, la lune reste inaccessible. Les limites de la vie avec cette échéance inévitable de la mort. Même Empereur à Rome, pas plus que premier Empereur de Chine, il ne peut ni atteindre la lune, ni vaincre la mort.
Non, il n'est pas fou, juste sans grandeur. le premier Empereur de Chine a du se battre pour construire son empire. Il laisse une oeuvre colossale, la grande muraille, un état fort qui garanti la paix, l'ordre et le droit à la prospérité. Caligula est vide. Ce n'est pas l'empereur de l'absurde, non, c'est celui du vide. Et son pouvoir qu'il teste devient vide lui aussi. Ce n'est pas seulement la nature qui a horreur du vide, c'est aussi l'empire, qu'il soit romain ou chinois. L'empereur n'a de pouvoir que s'il va dans le sens de l'histoire de son empire. S'il va contre, il meurt de façon expéditive et laisse la place à un nouvel empereur. Et pour être en haut de cette pyramide du pouvoir, il ne faut pas être aimé mais bien au contraire craint et respecté. Caligula, n'est ni craint, ni aimé, ni respecté, les chiens de Rome pisseront sur sa tombe sur laquelle il est écrit: ci git l'empereur du grand vide.
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De Camus, j'ai lu et aimé L'Étranger, La Peste et Jonas ou l'artiste au travail mais je n'avais pas encore lu de pièce de théâtre. C'est en fouillant une fois de plus dans la malle de mes parents que j'ai découvert un exemplaire jauni de Caligula.

Je ne m'attendais pas à prendre autant de plaisir. Cette pièce est une petite merveille.
Les dialogues sont ciselés et souvent drôles (c'est de l'humour noir, c'est vrai), le rythme est soutenu et les thèmes abordés donnent à réfléchir.


Par contre, j'ai moins aimé la seconde pièce, le Malentendu. C'est fort bien écrit, les personnages sont bien dessinés mais c'est terriblement anxiogène ! Je n'arrivais plus à respirer et j'en suis ressortie démoralisée.

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« Caligula » est une pièce d'Albert Camus initiée en 1938 ; mainte fois remodelée et dont le texte définitif fut figé en 1944 et acté lors de la première le 26 septembre 1945 (mise en scène de Paul OErly, avec Gérard Philipe dans le rôle-titre, et Margo Lion dans celui de Cesonia).
S'inspirant de Suétone (« Vie des douze Césars »), Albert Camus insère sa pièce dans son « cycle de l'absurde », où figurent un roman « L'Etranger », (1942), un essai « le Mythe de Sisyphe » (1942) et donc deux pièces de théâtre « Caligula » et « le Malentendu » (toutes deux de 1944). Pour autant, il récuse le caractère philosophique de la pièce : « Est-ce à dire que l'on doive considérer le théâtre d'Albert Camus comme un « théâtre philosophique » ? Non – si l'on veut continuer à désigner ainsi cette forme périmée de l'art dramatique où l'action s'alanguissait sous le poids des théories. Rien n'est moins « pièce à thèse » que « le Malentendu » qui, se plaçant seulement sur le plan tragique, répugne à toute théorie. Rien n'est plus « dramatique » que « Caligula » qui semble n'emprunter ses prestiges qu'à l'histoire ». (Prière d'insérer de l'édition 1944)
« Caligula » est donc avant tout une pièce de théâtre. La « Préface à l'édition américaine », donnent le canevas de toute la pièce – et en même temps sa justification :
« Caligula, prince relativement aimable jusque-là, s'aperçoit à la mort de Drusilla, sa soeur et sa maîtresse, que le monde tel qu'il va n'est pas satisfaisant. Dès lors, obsédé d'impossible, empoisonné de mépris et d'horreur, il tente d'exercer, par le meurtre et la perversion systématique de toutes les valeurs, une liberté dont il découvrira pour finir qu'elle n'est pas la bonne. Il récuse l'amitié et l'amour, la simple solidarité humaine, le bien et le mal. Il prend au mot ceux qui l'entourent, il les force à la logique, il nivelle tout autour de lui par la force de son refus et par la rage de destruction où l'entraîne sa passion de vivre.
Mais, si sa vérité est de se révolter contre le destin, son erreur est de nier les hommes. On ne peut tout détruire sans se détruire soi-même. C'est pourquoi Caligula dépeuple le monde autour de lui et, fidèle à sa logique, fait ce qu'il faut pour armer contre lui ceux qui finiront par le tuer. Caligula est l'histoire d'un suicide supérieur. C'est l'histoire de la plus humaine et de la plus tragique des erreurs. Infidèle à l'homme, par fidélité à lui-même, Caligula consent à mourir pour avoir compris qu'aucun être ne peut se sauver tout seul et qu'on ne peut être libre contre les autres hommes.
Il s'agit donc d'une tragédie de l'intelligence. D'où l'on a conclu naturellement que ce drame était intellectuel… Mais je cherche en vain la philosophie dans ces quatre actes. Ou si elle existe, elle se trouve au niveau de cette affirmation du héros : « Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux » . .. La passion de l'impossible est, pour le dramaturge, un objet d'études aussi valable que la cupidité ou l'adultère. La montrer dans sa fureur, en illustrer les ravages, en faire éclater l'échec, voilà quel était mon projet. Et c'est sur lui qu'il faut juger cette oeuvre ».

Albert Camus, on le voit n'était pas seulement un penseur lucide, c'était un homme de théâtre visionnaire. En lisant ces lignes on pense à beaucoup de dramaturges ou de cinéastes qui sont partis du même constat.

Et l'absurde dans tout ça ? Il réside dans la quête même de Caligula : il perd sa vie (au propre et au figuré) parce qu'en voulant changer son destin il l'a accéléré : il a cherché désespérément une liberté qui n'était pas la bonne. Et qui peut dire où est la bonne liberté ?
Le théâtre de Camus passe souvent après ses oeuvres romanesques et ses essais. C'est un tort, Camus était aussi un grand monsieur du théâtre, comme auteur, mais aussi sur la scène et en coulisses.
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Assez peu emballée par mes lectures de Camus jusque là (l'étranger et la peste), je préfère définitivement son théâtre à sa prose ! Cette courte pièce porte sur l'empereur romain Caligula, qui devint fou à la mort de sa soeur et amante.

Loin de conter le récit d'un empereur romain qui se perd dans la folie, Camus présente un personnage diablement attachant par sa cohérence et sa logique mortelles, qui repoussent toute hypocrisie au profit de la seule vérité brute. Décidant de régner en véritable tyran pour "libérer" ses citoyens, Caligula applique ses lois avec une impartialité parfaite, exécute au hasard parmi ses hommes, et tente par tous les moyens de trouver une personne qui comprendra réellement le sens de ses actes.

Théâtre de l'absurde mêlé à la violence de l'empereur sur ses sujets, cette pièce ne laisse pas indifférent et traite de la question de la tyrannie avec une approche révoltante, mais qui pose finalement de nombreuses questions quant à la tyrannie devant lesquelles l'on se retrouve hésitant et désarçonné.

A lire de toute urgence !!
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Pièce magnifique qui m'a fait une forte impression lors de ma première lecture étant jeune adulte. Chaque réplique dénonce la folie de l'empereur romain Caligula. J'ai été subjuguée par la plume de Camus. Sa maîtrise de la langue est frappante, ses tournures de phrases sont splendides, les mots choisis sont évocateurs et puissants.Le personnage de Caligula est extrêmement bien rendu et le lecteur passe par toute une gamme d'émotions au cours de sa lecture. Je conseille ce véritable chef-d'oeuvre à tout amateur de théâtre.
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Je n'ai pas ''Le malentendu'' dans mon livre, seulement la pièce de théâtre ''Caligula'', ma critique se portera donc sur cette dernière uniquement. J'ai beaucoup aimé cette pièce qui prend pour centre l'un des plus grands despotes de l'antiquité, bien que son règne ait été court. À travers le personnage de Caligula, Camus clôt (par la dernière version de la pièce) son cycle de l'absurde, une philosophie (bien que Camus se défende de l'appellation de philosophie) que j'avais un peu étudiée et que je trouve très attirante. J'ai lu ''L'étranger'' il y a quelques années, et j'attaquerai ''Le mythe de Sisyphe'' dans l'année. Pour en revenir à la pièce elle-même, elle nous fait découvrir un Caligula cynique, cruel et dépressif, mais presque attachant sous certains aspects, notamment par la façon dont il traite les sénateurs tous plus hypocrites les uns que les autres. Camus s'est également très peu détaché de la vérité historique collant autant que possible à la vie que Suétone a fait de l'empereur dans ''La vie des douze Césars''. Court et rempli de répliques percutantes, un plaisir de lecture.
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Étant fan déjà des pièces de théâtre, la lecture de cette oeuvre de Camus est juste superbe. Dans Caligula, l'empereur traverse un terrible chagrin après la mort de la femme qu'il aimait ce qui l'amène à subir un changement profond de personnalité ce qui le rend dangereux à cause de son pouvoir. La peur de répand parmi sa cour sauf chez Scipion son poète et Cherea qui lance une révolte contre Caligula. Dans cette pièce, l'auteur nous offre une passionnante intrigue avec les thèmes tant appréciés par Camus à savoir le pouvoir, la douleur et le désespoir. de même que dans la seconde pièce, le malentendu, nous suivons le jeune Jan qui désespère de retrouver sa mère et sa patrie.
L'écriture d'Albert Camus est absolument magnifique mais je pense que dans ses pièces de théâtre il est encore meilleur et nous offre plus de réflexion pour nous inciter à toujours creuser plus loin dans la psychologie de ses différents personnages.
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