Citations sur Jonas ou l'artiste au travail - La pierre qui pousse (17)
Oui. Tout le monde est gentil avec moi. - Non, dit Rateau. Méfie-toi. Ils ne sont pas tous bons. - Qui ? - Tes amis peintres, par exemple. - Je sais, dit Jonas. Mais beaucoup d'artistes sont comme ça. Ils ne sont pas sûrs d'exister, même les plus grands. Alors, ils cherchent des preuves, ils jugent, ils condamnent. ça les fortifie, c'est un commencement d'existence. Ils sont seuls!
L'histoire montre, disait-il, que moins on lit et plus on achète de livres.
Gilbert Jonas, artiste peintre, croyait en son étoile. Il ne croyait d’ailleurs qu’en elle (…) Sa propre foi, pourtant, n’était pas sans vertus puisqu’elle consistait à admettre, de façon obscure, qu’il obtiendrait beaucoup sans jamais rien mériter. (p13)
Premier éditeur de France, le père de Jonas était d'avis que le livre, plus que jamais, et en raison même de la crise de la culture, était l'avenir. "L'histoire montre, disait-il, que moins on lit et plus on achète de livres." Partant, il ne lisait que rarement les manuscrits qu'on lui soumettait, ne se décidait à les publier que sur la personnalité de l'auteur ou l'actualité de son sujet (de ce point de vue, le seul sujet actuel étant le sexe, l'éditeur avait fini par se spécialiser) et s'occupait seulement de trouver des présentations curieuses et de la publicité gratuite.
Là bas, en Europe, c'était la honte et la colère. Ici, l'exil ou la solitude, au milieu de ces fous, languissants et trépidants, qui dansaient pour mourir.
En art. comme dans la nature rien ne se perd .....
"Il avait découvert que l'alcool lui donnait la même exaltation que les journées de grand travail, au temps où il pensait à son tableau avec cette tendresse et cette chaleur qu'il n'avait ressentie que devant ces enfants... il retrouvait en lui cette émotion poignante qui le faisait à la fois maître et serviteur du monde."
Les disciples avaient d'ailleurs un autre mérite : ils obligeaient Jonas à un e plus grande rigueur envers lui-même. Ils le mettaient si haut dans leur discours, et particulièrement en ce qui concernait sa conscience et sa force de travail, qu'après cela aucune faiblesse ne lui était permise.
Oui. Tout le monde est gentil avec moi.
-Non, dit Rateau. Méfie-toi. ils ne sont pas tous bons.
-Qui?
-Tes amis peintres, par exemple.
-Je sais, dit Jonas. Mais beaucoup d'artistes sont comme ça. Ils ne sont pas sûrs d'exister, même les plus grands. Alors, ils cherchent des preuves, ils jugent, ils condamnent. Ça les fortifie, c'est un commencement d'existence. Ils sont seuls !
Les disciples avaient d'ailleurs un autre mérite : ils obligeaient Jonas à une plus grande rigueur envers lui-même. Ils le mettaient si haut dans leurs discours, et particulièrement en ce qui concernait sa conscience et sa force de travail, qu'après cela aucune faiblesse ne lui était plus permise. Il perdit ainsi sa vieille habitude de croquer un bout de sucre ou de chocolat quand il avait terminé un passage difficile, et avant de se remettre au travail. Dans la solitude, malgré tout, il eût cédé clandestinement à cette faiblesse. Mais il fut aidé dans ce progrès moral par la présence presque constante de ses disciples et amis devant lesquels il se trouvait un peu gêné de grignoter du chocolat et dont il ne pouvait d'ailleurs, pour une si petite manie, interrompre l'intéressante conversation.