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Deux nouvelles extraites de " L'exil et le royaume" qui m'ont bien plu et m'incitent à lire le recueil complet...

La première est ma préférée. Quel singulier personnage, cet artiste, Jonas! Depuis toujours, il s'en remet à sa bonne étoile et laisse passer le temps, dans une sorte d'indifférence heureuse, de fatalisme déconcertant. Les réflexions faites sur le monde artistique, avec ses disciples en tous genres, qui savent mieux que vous juger de vos oeuvres, ses faux amis qui viennent vous voir ou plutot vous déranger tant que vous avez du succès, est fort bien rendu, sur un ton cruel et léger qui m'a personnellement ravie. La fin est assez inattendue...

La deuxième se déroule au Brésil et on pourrait la présenter en disant simplement que la rationalité peut parfois s'imprégner de superstitions... J'y ai surtout goûté les descriptions puissantes et poétiques du fleuve et les portraits hauts en couleurs des personnages.

Une intrusion rapide mais intéressante dans les nouvelles de l'auteur, où il se révèle également brillant. A découvrir!
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J'ai toujours autant de difficulté à me laisser séduire par les nouvelles. Même le merveilleux Albert Camus peine à me convaincre dans cette exercice. Jonas montre l'ascension, le succès puis le déclin d'un artiste peintre. J'ai eût l'impression d'assister à la reproduction de la théorie du cycle de vie des produits ! D'abord Jonas se découvre un talent facile pour la peinture, phase de développement, puis sans grand effort il parvient à se faire une place, phase de pénétration du marché et avec le bouche à oreille son atelier devient une référence qui compte, phase de croissance, alors tout le monde se précipite à cet atelier pour faire parti du cercle de l'artiste, phase de maturité, puis toute cet agitation va finir par le perturber notre artiste, l'inspiration sera brisée par toutes les sollicitations auxquelles il doit faire face, phase de déclin.
On peut aussi voir ce texte comme une critique de l'excès de travail, Jonas est tellement absorbé par sa tache qu'il délaisse sa femme et il finira par s'enfermer dans un espace minuscule jusqu'à l'épuisement...

La pierre qui pousse évoque le thème des traditions, de l'intégration à d'autres cultures. Ce texte m'a fait ni chaud ni froid, de toute façon tout ce qui touche de près ou de loin à une religion me passe par dessus la tête !

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Ce sont deux nouvelles à lire absolument:
D'abord "Jonas ou l'artiste au travail" ; l'histoire d'un peintre talentueux mais qui croit un peu "beaucoup" à sa bonne étoile, mais cela ne durera pas!!!!
Ensuite, il y a "la pierre qui pousse"; qui raconte l'histoire d'un ingénieur français en mission en Brésil et qui plonge en plein uses et coutumes (trop bizarre à son goût).
Ma préférée reste de loin la première nouvelle (qui parle de sentiments et de relations compliquées d'amour et de loyauté), mais la deuxième est aussi riche en découverte. J'ai ADORE.
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Cette nouvelle fait partie du recueil l'Exil et le Royaume publié en 1957, dernier ouvrage publié du vivant d'Albert Camus (prix Nobel de littérature, décédé en 1960).

Dans cette nouvelle il n'est pas à proprement parler d'une oeuvre mais des conditions de travail de création et comment celui-ci évolue dans le temps avec les contingences domestiques et familiales d'un peintre, Gilbert Jonas, qui croyait en sa bonne étoile…. Mais cela suffit-il ?

Incipit :

Gilbert Jonas, artiste peintre, croyait en son étoile. Il ne croyait d'ailleurs qu'en elle (…) Sa propre foi, pourtant, n'était pas sans vertus puisqu'elle consistait à admettre, de façon obscure, qu'il obtiendrait beaucoup sans jamais rien mériter. (p13)

Tout ce qu'il désire il l'obtient : femme, enfants, logement, amis, célébrité et cela sans avoir le sentiment de fournir, tout du moins dans les premiers temps, d'efforts. Mais comme dans tout art, il y a le revers de la médaille : la célébrité amène des parasites en tout genre et pour créer il faut de l'espace, avoir l'esprit libéré de toutes entraves. Peu à peu, après avoir été reconnu, fêté, admiré la source se tarit d'autant qu'il pense que cela lui est arrivé sans effort. Il va tenter de trouver « son lieu à soi », l'endroit où son inspiration ressurgira pense-t-il et peu à peu se replier sur lui même sans travailler pour autant son art. Il va croire jusqu'au bout à sa bonne étoile, dépérissant et se posant se résumant en un mot, impossible à déchiffrer : Solitaire ou solidaire ?

Une nouvelle aux accents de fable sur le thème des choix de la vie : peut-on être artiste et avoir les obligations d'une famille, du relationnel indispensable à la notoriété, un espace pour créer (je retrouve ici le thème du merveilleux texte de Virginia Woolf : Un lieu (ou une chambre) à soi) mais également sur l'artiste qui se croit doter d'un talent inné, se reposant sur celui-ci sans voir que celui-ci, tel un jardin, doit être entretenu. En effet, au fur et à mesure que grandit la notoriété son pouvoir créatif diminue comme diminue son atelier qui finira par devenir un espace sombre, un réduit, une soupente, dans laquelle il se sent protéger de toute intervention extérieure, reportant sur les autres et son environnement son manque de créativité, s'enfonçant peu à peu dans la dépression.

C'est une évocation qui pourrait avoir comme toile de fond tous les domaines de notoriété créatrice, comment celle-ci vous contraint à des choix Jonas étant partagé entre sa famille (sa femme et ses 3 enfants) et son art, son atelier se situant dans l'appartement familial. Prend-il ce prétexte comme alibi à sa perte d'inspiration ? Faut-il choisir entre vie créatrice et vie familiale ? Faut-il vivre en ermite pour créer ? Et n'est-il pas dangereux que le succès arrive trop vite, trop facilement sans avoir d'efforts à fournir ?

Une lecture qui soulève bien des questions dont nous n'obtenons pas forcément les réponses, laissant le lecteur à sa propre interprétation avec le dernier message de Gilbert Jonas : « Solitaire ou Solidaire ». Croire en sa bonne étoile et se laisser porter par les événements, la réussite est-elle suffisante pour réussir ou faut-il travailler, sacrifier sa vie personnelle pour se vouer corps et âme à son oeuvre ? Dans bien des domaines artistiques la question s'est posée à bon nombre d'artistes !

J'ai aimé mais j'ai préféré mes précédentes lectures de cet auteur comme La peste lu avant la création du blog), L'étranger ou le premier homme . Ici Albert Camus explore l'homme dans sa créativité et il réussit à bien planter le décor de ce foyer (très bohème), le caractère de Jonas, qui accepte et se plie à toutes les concessions nécessaires à sa vie familiale mais également à ses besoins artistiques, à l'abnégation de son épouse, Louise, se dévouant corps et âme à son talentueux mari et à ses enfants, acceptant toutes les concessions pour que celui-ci puisse créer.

Ce texte est suivi de la pierre qui pousse qui figure également dans L'Exil et le Royaume contant les aventures d'un ingénieur, d'Arrast, intervenant au Brésil pour l'édification d'une digue (encore une création) qui se lie avec une communauté villageoise et assiste à une procession vaudou consistant à porter une énorme pierre, procession à laquelle il acceptera de participer et même d'en être le héros, ensorceler par l'ambiance, l'environnement et se fondra parmi eux devenant l'un d'eux convaincu qu'il a trouvé un sens à sa vie.

Une deuxième nouvelle contrastant par l'ambiance plus rythmée, presque oppressante mais qui reprend le thème de la solitude d'un être dans sa vie créatrice, dans les choix qu'il doit faire pour y donner un sens même si celui-ci sont loin de ce qu'il avait imaginé.

Comme souvent les nouvelles font partie d'un tout et il faut peut-être lire L'Exil et le Royaume dans sa totalité, celui-ci traitant du sentiment d'insatisfaction et d'échec, pour en apprécier toute la portée…
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Ce petit livre regroupe deux nouvelles de Camus : Jonas ou l'artiste au travail et La pierre qui pousse :

Dans Jonas ou l'artiste au travail, Albert Camus se penche sur la solitude de l'artiste. "Ses" disciples, qui flattent d'abord son ego et l'obligent à donner le meilleur de lui-même finissent par envahir son espace et l'empêchent de travailler. Jonas devient un artiste stérile et terriblement seul qui se questionne à perdre la raison.

Dans La pierre qui pousse, un ingénieur en mission au Brésil fait naufrage et tente de retrouver un sens à son existence. Il se retrouve confronté aux croyances des Indigènes qui le choquent et le bousculent dans son scepticisme.

Ces deux nouvelles qui s'achèvent sur l'incertitude reprennent les thèmes chers à Albert Camus. Il questionne le lecteur sur le sens qu'un individu peut donner à sa vie et développe sa réflexion dans un style solaire très agréable à lire.
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Deux nouvelles composent ce court livre.

La première, Jonas ou l'artiste au travail, m'a fait penser à l'Ecume des jours : un amour dans un appartement qui rétrécit (là, c'est parce qu'il se remplit de gens, la famille qui s'agrandit et les nombreux visiteurs), des notations vachardes sur la petite société artistique parisienne... En faisant de son protagoniste un peintre plutôt qu'un écrivain, Camus a pu se lâcher sur ce que lui inspirait le petit monde (éventuellement germanopratin, d'où encore Vian) qui gravitait autour des artistes ayant réussi et qu'il décrit comme une nuée de parasites. Au point de contribuer largement à assécher lesdits artistes, situation apparemment plutôt autobiographique pour Camus au moment où il écrit ses nouvelles. A dire vrai, à part cet aspect, je n'ai pas bien compris où allait cette nouvelle.

Je préfère largement la seconde, La pierre qui pousse, une sorte d'Etranger qui finit bien. D'abord, le protagoniste l'est réellement, étranger, puisque c'est un ingénieur français qui va construire un ouvrage au Brésil. Ensuite, il se promène dans l'histoire avec ce même détachement, cette même conscience de l'absurde de l'existence. Mais peu à peu, il se rapproche de la société des hommes (en fait pour parvenir jusqu'à une femme), et finit par s'y faire admettre. Ajoutez à cela des "impressions du Brésil", Sertao et Amazonie, petite société des notables et peuple, candomblé et religion officielle, et le tout fait une nouvelle très dense. Et aussi très prenante pour qui a aimé cette sensation d'absurde et le détachement de l'Etranger.
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J'ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle. Au début le petit personnage Jonas m'était plutôt peu sympathique, mou, risible avec sa croyance en sa bonne étoile, tête vide... se laissant ballotter de ci de là par les circonstances de la vie, jusqu'à consentir à un mariage à la faveur d'une rencontre (encore un cadeau de sa bonne étoile) en la personne de Louise Poulin qui, aubaine, prend en charge tous les petits et grands tracas de sa vie quotidienne.
Mais voilà, Jonas, à qui son père, premier éditeur de France, avait fournit un emploi qui lui laissaient quelques loisirs, se mit à peindre et obtient quelque succès. Repéré par quelques marchands, il reçut une proposition de contrat et, en dépit de l'avis de son bon ami d'enfance, Rateau, qui au vu de la proposition lui recommandait la prudence, accepta et ne plus s'adonna qu'à sa peinture.
Dans la foulée Louise, lui fabrique 2 enfants, un troisième suivra sans tarder (le nombre était prévu) et il faut déménager. L'appartement envisageable se révélera des plus exigus ce qui ne troublera pas notre bonhomme Jonas plus que ça.... il fera avec, nulle doute d'ailleurs que sa bonne étoile trouvera bien les solutions aux désavantages des lieux, qui s'avéreront utiles le cas échéant.
A partir de ce moment, le récit va déployer toute sa saveur et notre Jonas, artiste au travail, nous révéler bien des surprises...

Cette nouvelle soulève des questions fort intéressantes, la première qui me vient est celle de la place des artistes dans notre société, ce n'est pas une question nouvelle certes, Platon déjà en a traité, mais la question ne se pose-t-elle pas encore aujourd'hui....
Autres, celle de la liberté d'expression de l'artiste, son rôle dans la société, celle de l'influence des critiques et des marchés, la question encore de la marginalisation de l'artiste..... et même, la peinture pour qui, pour quoi ? Et une foule d'autres.

Mais ce n'est pas tout loin de là, car au-delà de tout ça, cette nouvelle exprime surtout je crois la difficulté de trouver un sens à sa vie, de trouver le bonheur, et le sentiment d'insatisfaction qui en découle, cette difficulté toujours à trouver la juste place entre le moi et l'autre, la solitude et la noyade.

"Solitaire/solidaire"

Une belle pépite cette nouvelle.
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Ce recueil est composé de deux nouvelles : « Jonas ou l'artiste au travail » suivi de » La pierre qui pousse ».

Dans la première nouvelle, Camus dépeint le travail d'un artiste peintre. Jonas est guidé par sa bonne étoile, elle semble le conduire vers le chemin de la réussite. Toujours à ses côtés elle a fait de lui : un peintre reconnu.

Peu à peu, son atelier devient un lieu propice aux rencontres. Artistes, disciples, amis et connaissances viennent constater son talent et l'avancée de son oeuvre. Cette effervescence va le mener jusqu'à l'asphyxie et vient mettre en péril ses talents artistiques…

Dans la deuxième nouvelle, le lecteur est plongé dans une mission au coeur du Brésil. Un ingénieur français est confronté aux pouvoirs mystiques. Il va se lier d'amitié avec l'un des habitants du village et sera le témoin de transes ancestrales.

Deux nouvelles aux univers bien distincts mais toutes les deux menées par une écriture incroyable. Camus nous enchante à nouveau dans ses deux courts récits.

J'avoue avoir été davantage conquise par « Jonas ou l'artiste au travail » qui révèle avec justesse le milieu artistique et donne à réfléchir sur la place des artistes dans notre société. Même si je préfère largement ses romans, j'ai aimé cette douce pause avec Camus.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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J 'adore cette façon d'écrire ou les mots chantent toujours une nouvelle mélodie .....
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C'est la première fois que je reste avec un avis mitigé sur de l'Albert Camus. Ce livre est composé de deux nouvelles, la première, Jonas ou l'artiste au travail reste la plus intéressante des deux. Ou comment raconter l'histoire d'un artiste super-doué, qui est tellement gentil qu'il n'arrive jamais à dire non à qui que se soit ni à quoi que ce soit; et qui à force de se mettre en retrait, en arrive à se perdre et à perdre son goût et son don pour la peinture.....

Pour La pierre qui pousse, la seconde nouvelle, je vais être honnête, c'est un truc qui m'aura permis de trouver le sommeil à chaque fois que je me plongeais dans ces pages. J'ai fait pas mal d'économie sur le xanax et l'alcool, clairement.

Bon, je deviens peut-être plus exigeant voire chiant avec l'âge....

Conclusion, si vous avez des problèmes de sommeil une fois le soleil disparu, gardez ce livre à porté de lunettes, il vous sera d'un secours précieux si votre bar est vide...

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