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4,12

sur 318 notes
En chroniquant les coulisses de la guerre d'Algérie, Thomas Cantaloube, reporter d'investigation qui travaille actuellement à Médiapart s'attaque pour son premier roman à un projet aussi ambitieux que complexe.

Il installe son intrigue au tout début de la Ve République, entre 1959 et 1962, pendant la période particulièrement sombre des dernières années de la fin de la guerre d'Algérie et en toile de fond, on y découvre tous ces événements qu'on apprend que trop peu dans les manuels d'histoire, tels quele massacre de la station de Charonne ,en 1962 ou les attentats de l'observatoire qui avait pris pour cible un certain François Mitterrand.


Car c'est tout l'intérêt de l'excellent roman de Thomas Cantaloube: partant d'un point de départ fictif, l'enquête d' un meurtre commandité d'un avocat proche du FLN, commandité par un certain Maurice Papon, Canteloube met en scène des personnages réels - Papon, Mitterrand, le Pen, et même un certain jean Pierre Melville non cité nommément, mais qu'on reconnait aisément- qu'il mélange à plusieurs personnages fictifs parmi lesquels Luc, jeune policier idéaliste qui va essayer de résoudre cette affaire criminelle particulièrement sordide.

Avec un titre un peu ironique (comme on assiste au début de la Ve république, le requiem n'étant pas forcément la musique des plus adaptés ) qui laisserait entendre que ce régime était vicié dès ses origines, l'auteur ne nous cache rien des manoeuvres les moins glorieuses gaullisme, avec une répression policière violente dont le parallèle avec des faits actuels pourrait sembler assez évidente à faire..


Si le primo romancier s'appuie sur un vrai travail journaliste de documentation et d'analyse des faits, il réussit également avec une belle maestria à tricoter le réel et la fiction, à inventer des personnages parfois très proche de la réalité et réussit avec une belle fluidité à maintenir un suspense constant avec un sens du dialogue et de la formule qui fait très souvent mouche.

"Ces politicards qui nous gouvernent n'ont pas de principes ! De Gaulle est revenu aux affaires, porté par des médiocres et des minables. Il a choisi de les garder à ses côtés, il s'est entouré de requins au nom de la raison d'Etat !

Un vrai plaisir de lecture à vous conseiller illico parmi les bons polars de cette année 2019, et un auteur qui frappe un grand coup dès son entrée en force dans la si prestigieuse collection « Série noire »!!

"Il descendit les escaliers calmement et prit à rebours le chemin par lequel il était venu. Il jurea intérieurement : putain de Lemaire, putain de Deogratias, putain d'arabes trucidés!"
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J'ai adoré ce livre.
Ma libraire me l'avait recommandé un peu avant l'annulation de Quais du Polar, l'année dernière, peu après sa parution. « Vous allez voir, c'est du lourd, un ancien journaliste de Mediapart, on y croise Mitterrand,Papon,Le Pen,Pasqua etc..L'intrigue est bien ficelée, la petite histoire croise la grande Histoire ...vous allez adorer »
Exact.
Mais , je dois vous l'avouer, cela m'avait fait un peu peur, et il a fallu un peu plus d'un an,3 confinements et la parution en livre de poche pour m'intéresser à Thomas Cantaloube
Alors oui j'ai vraiment aimé ce livre qui a tout pour plaire. Coup d'essai, coup de maître.
L'écriture est incroyable, on est parachuté entre septembre 59 et avril 62, dans le Paris ( et un tout petit peu Marseille) des remugles de la guerre d'Algérie.
On saute de Dauphine à 404, on entend le « tacatacatac » des motrices de train, on empeste l'anisette, on vibre avec le gentil, on adore détester le méchant, on louvoie en pleine zone grise.
C'est époustouflant de maîtrise, c'est virtuose, c'est passionnant.
Bon, vous connaissez l'histoire : on suit 3 hommes lors de courts chapitres datés.
Le désagréable Sirius, l'intriguant Antoine et notre jeune héros : l'inspecteur Luc Blanchard, un bleu de la Crim qui doit son affectation au pedigree de son héros de père.
Au fil de l'intrigue tout ce petit monde prend de l'épaisseur et se complexifie. Flic idéaliste, truand madré et psychopathe collabo se croisent et se recroissent, au fil d'un destin qui leur échappe et auquel l'auteur ne croit guère.
Alors bien sûr Thomas Cantaloube a ses sympathies et mine de rien développe habilement sa thèse , voir son engagement.
C'est très enlevé et en même temps profond.
Et c'est plein d'humour, c'est même carrément tordant.
Morale de l'histoire : écouter votre libraire.
De mon côté j'attaque Frakas, la suite paraît il, qui vient de sortir.....et qui serait du même...calibre !!
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Un premier roman et c'est une réussite.
Un polar historique qui se passe en France sur fond de guerre d'Algérie, d'OAS, de FLN.
On y croise Papon, Debré, Mitterrand, le Pen, Delon.
Les chapitres s'enchainent facilement. Il n'y a pas de temps morts.
On s'attache aux 3 protagonistes qui ne sont pourtant pas des enfants de coeur et qui sont parfois détestables.
C'est bien écrit et les dialogues sont fluides.
Bref un roman efficace et agréable à lire.
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Roman policier, roman historique, roman politique, roman à clés aussi, le premier roman de Thomas Cantaloube est une vraie réussite. Il nous plonge dans une période extrêmement troublée, dans les débuts de la Ve République, comme le titre ne l'indique pas puisqu'il semble en annoncer la fin, en plein pendant les « zévénements » d'Algérie… L'intrigue se déroule essentiellement sur trois années, de 1959 à 1961, en trois parties flanquées d'un prologue (le meurtre d'un avocat algérien et de sa toute famille) et d'un épilogue (la rencontre de deux des protagonistes en 1962, six mois après les terribles événements qui vont, pour des raisons différentes, bouleverser leur vie à tous les deux). On croise de nombreux personnages réels qui se mêlent aux trois principaux personnages dont on adoptera tour à tour le point de vue : Sirius Volkstorm, l'exécuteur des basses oeuvres, l'ancien collabo, le nervi au service de qui le paie ; Luc Blanchard, le bleu, inspecteur de police débutant, qui se fait encore une haute idée de son métier malgré son désastreux binôme et la corruption de ses chefs ; Antoine Carrega, truand de moyenne envergure, ancien résistant, opportuniste mais fidèle en amitié et doté d'un certain code l'honneur. On croisera nombre de personnages clairement identifiés : Papon, préfet de police corrompu et magouilleur, le Pen à ses débuts, partisan de l'OAS, Mitterrand et l'attentat raté de l'Observatoire, Debré, etc., et brièvement le très réel et très engagé photographe Georges Azenstarck, le seul personnage solaire de cette terrible histoire. D'autres personnages sont vaguement camouflés. J'ai dû en rater plusieurs, mais je crois que j'aurais reconnu Delon même sans l'anagramme (Lionel Adan), comme j'ai reconnu Jean-Pierre Melville au Stetson et aux lunettes noires bien qu'il ne soit pas nommé. Quant à un certain Monsieur Charles qui travaille chez Ricard, il n'avait déjà pas les mains très propres…
***
L'intrigue policière (qui manque un peu de rythme, c'est mon bémol) se déroule sur arrière-plan de racisme violent, de création du SAC de triste mémoire, d'attentats du FLN et de l'OAS, sans qu'on sache trop qui commet lequel, de répression sauvage, et d'essais nucléaires qui semblent aujourd'hui bien oubliés… Un contexte terrible et passionnant, même si, à cause des dates en titre de chapitre, on voit les événements de la fin arriver : 17 octobre 1961. J'avais découvert ces horreurs dans Meurtres pour mémoire, de Didier Daeninckx, que j'avais lu à sa parution (fin 83). Thomas Cantaloube sait lui aussi nous faire partager l'incrédulité et l'indignation ressenties par Blanchard, le jeune inspecteur pour qui cette nuit sera décisive dans la conduite de sa vie. Un très bon roman, une piqûre de rappel nécessaire.
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La République est morte; vive la République !
En refermant ce livre, je me demande si ce requiem vaut pour la IVe tout juste enterrée, ou pour cette jeune Ve dont Thomas Cantaloube fait le décor de son roman.
L'histoire débute en 1959 par le meurtre sauvage d'un jeune avocat d'origine algérienne et de toute sa famille.
Époque fébrile. Ramené au pouvoir par les spadassins de l'Algérie française, voilà que le Général de Gaulle hésite et atermoie, générant une confusion poisseuse et délétère. "Gaullistes et anti-gaullistes se claquaient la bise. Des résistants farouches faisaient bras dessus bras dessous avec des collabos. Fachos, poujadistes et nostalgiques étaient recyclés dans l'administration ou à l'Assemblée nationale avec la bénédiction de leurs anciens adversaires. "
Du côté d'Algérie, on fourbit ses armes tandis que Paris et la France plongent dans une folie ultra-droitière menée par une raison d'État qui s'impose jusque dans la création de milice sauvages et sanglantes.
C'est dans ce climat malmené que l'auteur conduit son enquête d'une main de maître. Lauréat du prix Landerneau en 2019, ce premier roman montre autant d'érudition pour la période que de maestro pour tirer les ficelles d'un suspense prenant.
Trois personnages se croisent entre 1959 et 1961. Antoine, le bandit corse, résistant de la première heure ; Luc, jeune inspecteur à la crim qui sera déniaisé plus vite qu'il ne l'imaginait, et Syrius, barbouze de tous les coups tordus pourvu que la paye soit en ordre.
De l'ordre, il y en a à la fois trop et pas assez en ces jours troublés. Pas assez pour permettre une cohabitation pacifique avec nos cousins d'Algérie appelés en renforts dans les usines de la métropole, et beaucoup trop dans les forces de police menées par le préfet Papon qui ne paiera ses crimes contre l'humanité qu'en 1998!
A l'image de ce sinistre personnage, la Vè se révèle gangrénée dès sa naissance. Thomas Cantaloube excelle à brosser une fresque qui, si elle n'était pas si triste, nous ramènerait au temps des sixties. Mais la Seine se rappelle le 17 octobre 1961, Évian l'assassinat de son maire par L'OAS et Vitry-le-francois n'oublie pas les 28 innocents massacrés dans un attentat que l'État français refusera de reconnaître jusqu'en 1966.
Oui, le charme des années 60 bat de l'aile sous la plume incisive de Thomas Cantaloube.
Arrivée au terme de mon billet, je me questionne encore. Ce requiem vaut -il pour la IVe "née sur les cendres du pétainisme et des combats de la Résistance " ou plutôt sur la Ve qui "démarrait sur les cadavres des algériens et les remugles d'un fascisme en képi"?
Dans cette dernière option, l'agonie est fort longue; la bête aura eu la dent et le poil durs... Sans jamais se départir de ses corrompus ni de ses magouilles, elle flotte encore au fronton de nos mairies. Sans doute ce jeune auteur est-il un peu visionnaire...
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Un véritable coup de coeur pour ce polar très très noir qui nous ramène à la fin des années 50, aux "événements" qui se déroulaient en Algérie, et au côté obscur de la politique de l'époque.
Même si l'auteur a écrit une fiction, il nous donne à ressentir l'atmosphère pesante qui régnait.
L'enquête part d'un meurtre atroce : une famille, les parents et les deux enfants, ainsi que le frère du mari, sont retrouvés assassinés. Mais l'homme est un avocat algérien et sa femme est française. Il ne peut, pour les autorités, que s'agir d'un règlement de comptes entre partisans et opposants de l'Algérie française.
Les intérêts, les points de vue et les ambitions s'opposent. Sur un fonds historique très bien documenté (on y croise entre autres Papon, le Pen et Mitterand), l'enquête est passionnante mais hélas le rappel de ces heures sombres est à vomir.

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Requiem pour une république  est le premier roman policier et politique de Thomas Cantaloube. Il est suivi d'une suite Frakas qui est sorti en avril 2021. Les deux livres peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre bien que les personnages soient récurrents.  Chaque roman à sa propre histoire et se clôt.
Le premier roman Requiem pour une république se situe entre 1959 et 1961 à Paris..
A l'automne 1959 un avocat algérien  lié au FLN est assassiné à Paris. Mais cet assassinat tourne à la tragédie car toute la famille sera décimée soit 5 personnes.
Trois personnages principaux et récurrents sur les deux romans sont à la recherche du meurtrier.
Tout d'abord Luc Blanchard, jeune flic du Quai des Orfévres, puis Antoine Carrega , ancien résistant, corse , en accointance avec le Milieu,  enfin Sirius Volkstrom, ancien collabo et réalisateur des basses oeuvres de la Préfecture de police et de Maurice Papon.
A partir de ces trois personnages principaux, Thomas Cantaloube va nous immerger dans ces années 1960 marquées par la guerre d'Algérie.
Tout le talent de Thomas Cantaloube réside entautre dans sa faculté à interagir entre la fiction et la réalité.  L'une ne prenant pas le pas sur l'autre. Et de passer du bureau de Maurice Papon à celui de François Mitterand, tout en n'oubliant pas d'aller à un meeting de Michel Debré et de saluer Charles Pasqua.
L'écriture est cinématographique,  les décors nous rappellent les noirs et blancs des films des années 50 . ( d'ailleurs Alfred Hitchcock saura se rappeler à votre bon souvenir )
Toutes les arrières salles de bar sont louches à souhait, les arrondissements de Paris quittent de pluie et de nuits.
En plus de ce talent d'ecriture, Thomas Cantaloube nous rappelle qu' il est un ancien journaliste de Mediapart. Tout est documenté et sourcé.  Et au delà du roman policier, apparaît le roman politique.
Ces années 1960 sont les premières années de cette cinquième république  qui nous régit toujours.  Ces années soixante qui sont  peut-être les germes du racisme et de l'immigration des années actuelles.
En synthèse,  un grand plaisir de lecture policière et en même temps un regard acéré sur ce monde politique qui nous gouverne,.
Nous retrouverons les mêmes protagonistes dans Frakas.  Nous sommes 1 mois plus tard et l'Afrique et le Cameroun les attendent : guerre du Cameroun  , naissance de la Françafrique , meurtre.....
Policier, politique le même cocktail, le même plaisir.
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En 1959, la France est en pleine guerre d'indépendance algérienne et le gouvernement de de Gaule décrié par beaucoup. En quoi l'assassinat de Abderhamane Bentoui, un avocat du FLN, et de toute sa famille pourrait changer quelque chose ? Ce doit être un simple règlement de compte, suggère le préfet, Maurice Papon… Oui mais voilà pas pour trois hommes. Trois hommes aux idées radicalement opposées. Trois hommes qui vont bien être obligés se rencontrer car s'ils ont une seule chose en commun, c'est bien le désir de retrouver l'assassin.
Et nous les suivons, chapitre après chapitre, toujours dans le même ordre :
- Sirius Volkstrom, homme perdu, ancien collabo, magouillant pour des hommes politiques véreux ;
- Luc Blanchard, jeune policier naïf de la police criminel, à qui on a confié « l'affaire Bentoui » ;
- Antoine Carrega, ancien résistant qui trempe maintenant dans quelques affaires de trafics pour garder la forme ;
~
Ce roman historique était vraiment très intéressant, j'ai appris plein de choses ! Au niveau des repères historiques, mais aussi sur les personnages réels présents ici : Papon, Mitterrand, de Gaule, etc. La dimension politique est également très intéressante ! Les personnages nés de l'imagination de l'auteur étaient aussi bien travaillés.
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Cependant, j'ai trouvé quelques longueurs... J'ai mis un mois à le lire, en changeant de livre souvent entre temps, et ça, c'est pas bon signe… (ou alors c'est ce qui a malheureusement fait que je n'étais pas entièrement dedans…) Bref, je n'ai pas réussi à être prise dans l'action, que je trouve assez plate… mais de ce fait, on ne peut pas reprocher à l'auteur de ne pas développer son récit ! Puis il faut tout de même nuancer avec le fait que je ne suis pas une grande habituée de ce genre de roman.
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Enfin, je trouve que la patte de Thomas Cantaloube est vraiment agréable : vive et net, ça colle assez bien à son statut de journaliste finalement !
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Bref, c'était agréable et intéressant, mais pas forcément captivant !
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Lorsque je me suis inscrite aux explorateurs des polars sur lecteurs.com, j'ai fait ma petite sélection de 4 livres, des auteurs que je connaissais, des valeurs sûres pour moi. Requiem pour une République n'en faisait pas partie.... honnêtement c'est un livre vers lequel je ne me serais pas tournée ...
Quelle n'a pas été ma surprise de le recevoir ! Après un premier temps de déception, j'ai décidé de m'y plonger et bien m'en a pris parce que ce livre est fabuleux ! Un véritable coup de coeur !

Dès les premières lignes on est embarqué dans une histoire sordide mais haletante, ancrée dans une réalité de l'époque, les débuts de la Ve République dont l'auteur sonne déjà le glas avec un titre très orienté.

Paris, 1959, la France est en pleine guerre avec l'Algérie, De Gaulle est à la tête de l'Etat et Maurice Papon est le préfet de police de Paris. Ce dernier commandite l'assassinat d'un avocat algérien que l'on soupçonne d'être proche de FLN. Mais cette exécution ne passe pas comme prévue... le crime est odieux et on tente de l'étouffer.

S'en suit une enquête absolument passionnante que l'on suit à travers trois personnages totalement disparates, chacun poursuit ses propres intérêts à savoir ce qui s'est réellement passé, à retrouver l'exécuteur qui s'est envolé...
Sirius Volkstrom, ancien collabo, l'homme de main de Maurice Papon, manchot mais redoutable, dont la mission n'a pu aboutir, est maintenant considéré comme suspect.
Antoine Carrega, ancien résistant corse devenu truand, les mains pas tout à fait propres mais avec un code d'honneur chevillé au corps, se retrouve mêlé à l'histoire par amitié.
Quant au jeune flic bourré d'illusions en charge de l'affaire, il va se révéler d'une grande ténacité.

Trois forts personnages dont la qualité première est d'être troubles, à la fois admirables par certains côtés mais aussi capables du pire. Aucun manichéisme chez eux, ils s'adaptent aux circonstances et tentent de s'en sortir.

Un réalisme, une maîtrise du propos et de l'intrigue, une histoire ancrée dans la réalité d'une époque, le racisme, la violence, les manigances politiques, la corruption, des dialogues criants de vérité... l'enquête est passionnante jusqu'à la toute fin.

Et puis il y a la découverte d'un épisode épouvantable de notre passé : La Nuit Oubliée - 17 octobre 1961, une répression policière d'une violence insoupçonnée sous la houlette d'hommes dont le nom résonne encore de nos jours... c'est profondément troublant...
J'avais découvert le métro Charonne à 15 ans avec les chansons de Renaud, Thierry Cantaloube m'aura ouvert les yeux sur un autre épisode peu glorieux dont on ne parle jamais.... mais sur lequel on peut entendre le témoignage du photographe Georges Azenstarck...

Je remercie Lecteurs.com et Les Editions Gallimard pour cette formidable lecture, un livre que je relirai assurément !

Lien : https://chezbookinette.blogs..
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Une claque.
En pleine guerre d'Algérie, un avocat et sa famille sont assassinés dans un immeuble cossu parisien. L'homme était algérien et défendait la cause du FLN. Sa femme était issue d'une grande famille française. Leurs deux enfants en bas âge et le petit frère de l'avocat n'ont également eu aucune chance de s'en sortir.
Trois hommes aux parcours et aux profils différents vont partir à la recherche du meurtrier. Un jeune policier un peu naïf qui comprend très vite (grâce à son mentor et binôme) que cette enquête est explosive, notamment avec l'intervention de Papon et son secrétaire dès la première heure. Un corse appartenant à la pègre, à la demande du père de la femme assassinée, liés entre eux par leur appartenance passée dans la Résistance. Un ancien collabo, un mercenaire manchot qui devait éliminer l'assassin dès sa sortie de l'appartement. Mais le meurtrier ne devait tuer que l'avocat et a disparu des écrans radar. Une course poursuite haletante où les trois hommes vont parfois se rencontrer et collaborer malgré les réticences et les défiances de chacun.
Une enquête où nous verrons passer un certain nombre de personnalités réelles (dont Papon, Mitterrand, le Pen, Debré et quelques autres politiques avec qui l'auteur n'est pas tendre), d'autres sous pseudonymes (un jeune acteur célèbre ressemblant beaucoup à Alain Delon et un réalisateur sosie de Jean-Pierre Melville).
Au-delà de cette enquête, l'auteur nous décrit à la fois la fin de la guerre d'Algérie mais surtout les débuts de la Ve République. Quand le pouvoir gaulliste va frayer avec les survivants de la collaboration, une extrême-droite puissante et un racisme endémique au sein de la police et des autorités. Une compromission qui aura des conséquences pour la suite des événements et une tâche indélébile pour la République française, dite nation des Droits de l'homme.
Le portrait sans concession d'un pays qui n'a pas encore accepté de se séparer de ses colonies, encore imbu d'une grandeur qu'il n'a plus depuis longtemps.
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