Ender Wiggin est un enfant, mais il n'est pas comme les autres. Il est le troisième de la fratrie et cela ne sera que le premier fardeau de son enfance. Difficile, en effet, d'être le troisième enfant d'une famille quand la loi ne vous en autorise que deux. Certes, c'est l'hégémon lui-même qui a demandé aux parents de Ender de le concevoir, mais la restriction a 2 enfants par ménage est tellement ancrée dans les esprits qu'il sera toujours méprisé par les autres enfants. Peter et Valentine (les deux premiers) ont échoués aux tests d'entrée à l'école militaire, mais leur potentiel intellectuel étaient tellement prometteurs que Ender a été autorisé à venir au monde. le but de cette transgression est de trouver et former le seul être sur Terre capable de contrer la troisième invasion des doryphores. Par deux fois ces extra-terrestres aux formes insectoide ont tentés d'éliminer la race humaine et tout le monde redoute la prochaine qui ne devrait plus tarder.
Toute son enfance, Ender sera donc manipule afin d'en faire un stratège hors pair. Mais afin d'obtenir ce résultat le plus rapidement possible, il sera confronté à des situations très délicates à gérer pour un enfant de seulement 6 ans. Il devra affronter son frère Peter qui ne supporte pas son propre échec a l'entrée de l'école militaire et qui voue une haine quasi meurtrière envers Ender. Il devra se faire une place parmi les grands qui voient d'un mauvais oeil l'arrivée du petit génie dans l'école militaire. Et il devra également déjouer les mensonges et les tricheries des adultes qui le poussent toujours plus loin afin d'être sur que c'est le bon.
Il est parfois difficile de croire que Ender est un enfant. Même un petit génie, reste un enfant lorsqu'il a six ans. Les paroles ou les réflexions de Ender sont souvent trop travaillées pour que l'on puisse facilement les attribuer à un gamin qui est encore loin d'avoir atteint la puberté.
Et pourtant, on se laisse prendre au jeu. On commence par se dire que la vision que l'on a de l'enfance (étroitement liée à notre propre enfance) est déjà trop vieillotte. Et puis on relativise, les enfants d'aujourd'hui ne sont-ils pas plus éveillés que par le passe grâce entre autre a l'accès a l'information. Alors pourquoi les petits génies du futur ne pourraient ils pas avoir des réflexions d'adultes d'aujourd'hui.
Une fois que l'on a donc dépassé ça on plonge dans ce livre et on ne peut plus relever la tête. La tension, les rebondissements et le rythme sont si bien maîtrisés qu'il est difficile de ne pas le lire d'une traite. Mais ce n'est pas tout,
Orson Scott Card nous invite également a partager les sentiments de son personnage principal. Même si Ender est un petit génie capable de remporter toutes les victoires dans le jeu imagine par les adultes, c'est aussi un enfant qui a besoin de se sentir aime et qui se pose des questions sur son existence et le monde qui l'entoure. Il sait pertinemment qu'il est manipule, mais il veut aller au bout, sans doute pour découvrir ses propres limites.
On oubliera vite les quelques clichés (le Français arrogant et prétentieux, ou l'Espagnol si fier qu'il ne peut pas revenir sur ce qu'il a dit) et les mentions faites au Pacte de Varsovie qui comme vous le savez à disparu en 1991. Par contre on se souviendra longtemps de cette oeuvre qui a reçu les deux plus prestigieux prix (Nebula et Hugo) tout comme sa suite « La voix des morts ».
En un mot comme en cent, ce livre fait parti des incontournables du petit monde de la SF.