Je ne m'attendais absolument pas à lire un bouquin de ce genre .. et c'est une très bonne surprise. Mais commençons par le début.Sur une Terre futuriste, le petit Ender - pardon, Andrew - grandit comme troisième fils dans une famille dont l'aîné a été recalé de l'académie de la flotte internationale. Cette académie forme les officiers pour la guerre contre les Doryphores. Les Doryphores ? Une espèce extra-terrestre vaguement insectoïde qui, par deux fois, a tenté d'envahir la Terre. Alors forcément, la Terre vit dans la peur paranoïaque d'une autre invasion.Heureusement, les penseurs de l'armée ont une stratégie, et ont déjà choisi leur commandant en chef pour l'appliquer : ce sera Ender. Il va donc rejoindre dès ses 6 ans cette académie, pour y devenir le meilleur stratège que la guerre ait connu.Dit comme ça, ça a l'air bien. Sauf que les soldats qui dirigent cette académie ont une vision très ... manipulatrice des choses, et feront donc en sorte qu'Ender soit toujours sur ses gardes, toujours prêt à lutter, même quand les conditions, les règles, et le monde dans son ensemble sont contre lui.L'Ender qui sortira de cette école ne sera évidement pas le même que celui qui y est entré.Pour vous offrir un aussi long résumé, vous vous doutez bien que j'ai beaucoup aimé ce roman. Et c'est vrai qu'il m'a séduit. Pas forcément grâce à Ender, d'ailleurs : il ne s'agit après tout que d'un gamin qui a certes des aptitudes particulières, mais qui ne peut que réagir aux défis qu'on lui propose sans cesse. Il le dit d'ailleurs à un moment : il a tellement été manipulé tout au long de sa vie qu'il ne saurait pas quoi faire si on ne lui en donnait pas l'ordre. Ce qui, avouons-le, est assez ironique pour un commandant en chef qui jouit d'une certaine autonomie dans ses décisions.Non, ce qui m'a plu, c'est le fait que toute l'analyse sur le côté impitoyablement pourri, ignoble, et cruel de sa formation ne soit jamais dit, alors que c'est clairement perceptible. En effet, si on lit ce livre sans y réfléchir, on voit juste Ender se plaindre que c'est pas juste, que les professeurs le harcèlent, que tout le monde le déteste parce qu'il est l'"élu". Mais, dès qu'on y réfléchit un peu, on comprend que cette formation militaire est totalement déshumanisante : ces enfants sont privés de leur famille, mis dans un contexte spécifiquement conçu pour développer leurs capacités militaires seulement. C'en est d'ailleurs cruel au point que les relations amicales, si elles ne sont pas officiellement découragées, sont tout au moins rendues difficiles par les changements d'équipe.Bref, on ne traite ces enfants que comme des soldats prometteurs, et c'est plutôt rude.Ce qui est également rude, c'est que cette manipulation semble ne jamais vouloir s'arrêter. du coup, on se prend naturellement de pitié pour Ender. Parce qu'il en bave à tous points de vue. Et parce que c'est bien écrit. J'ai en effet eu l'impression d'une oeuivre d'une grande clarté : il y a certes des éléments qui ne sont pas décrits, mais on sent bien que ça n'est pas parce que l'auteur n'ose pas s'y mouiller, mais plutôt parce que ça n'est pas son propos.Par exemple, les parents d'Ender sont à peine évoqués, mais c'est à mon avis plus parce qu'ils n'ont aucun rôle affectif ou d'autorité que parce que l'auteur ne sait pas décrire les relations qui les unissent. D'ailleurs, dans l'esprit d'Ender, ils sont "la Mère" et "le Père" quand valentine et Peter ont droit à un prénom et à un rôle fort dans l'histoire d'Ender.Pour revenir à peter, d'ailleurs, je trouve la description des relations entre ces deux personnages très Castor et Pollux d'une ambivalence absolument parfaite : si Ender est le gentil qui devient méchant parce qu'il est mis face à la cruauté, Peter apparaît plus comme un monstre qui se civilise et en prend la tête sans problème. Et le fait que, contrairement à Valentine, Peter ne soit vu que de l'extérieur n'est sans doute pas anodin : il est, de toutes les façons possibles, la tâche aveugle d'Ender, l'endroit qu'il ne peut pas voir en lui. C'est réellement bien vu.Il y a toutefois une légère tâche dans ce tableau, et encore, je ne suis pas sûr que c'en soit une. Evidement, les derniers jeux que mène Ender n'en sont pas. Et le dernier combat qu'il mène devant toute une brochette d'étoilés est la dernière de la guerre contre les Doryphores. Mais était-ce nécessaire d'aller aussi loin dans l'avenir d'Ender en nous présentant aussi lestement sa rencontre avec la alrve Doryphore ? Je n'en suis pas vraiment sûr ... Et encore. En fait, je sens que ça apporte une ouverture vers les suites, mais j'aurais aimé ne pas voir cette ouverture et avoir cette oeuvre terminée de façon un peu définitive. D'un autre côté, ne me demandez pas comment ce roman aurait pu se finir autrement.Alors du coup, je ne peux que vous recommander chaudement cette lecture. Et encore plus chaudement si, par exemple, vous avez été séduits par [b:l'apprentissage du guerrier|7661577|L'Apprentissage du Guerrier (La Saga Vorkosigan, #1)|
Dominique Latil|https://d.gr-assets.com/books/1332516481s/7661577.jpg|10250859] qui reprend une thématique commune, même si les buts d'Ender et de Miles Vorkosigan sont ... au mieux ... éloignés.