A cause d'une grève, l'avis de décès de Serge Blondeau n'est pas paru dans le journal. Aussi sont-ils peu nombreux dans l'église Sainte-Clotilde du Creusot. Sa mère Gilberte, est là, bien sûr, soutenue par sa voisine, Madame Vilmotte. Sa soeur Brigitte a fait le déplacement depuis la région parisienne, malgré la distance et le fait qu'elle appréciait peu ce frère plus âgé qu'elle, ce raté qui vivait dans un mobil-home et conduisait le bus d'un EHPAD. Son mari Bernard, lui, jubile à l'idée de récupérer enfin les 400 francs qu'il a prêtés à son beau-frère en 1998 et sa fille Garance est bien la seule à être triste de la perte de son oncle qu'elle aimait bien. Ses voisins du camping de la Grenouillère sont venus en famille, ainsi que Dédé, un ami rencontré en prison. Et enfin, sa veuve Arlette, en larmes, dévastée par la mort de l'homme qu'elle aimait de tout son coeur.
Ce petit monde écoute avec plus ou moins d'attention le prêche d'un curé jeune et sexy. Certains pleurent, d'autres attendent avec impatience la fin de cette journée pluvieuse, sous l'oeil ennuyé des employés des pompes funèbres,
Jean-Pierre, le dépressif et Romain, tout à son histoire d'amour naissante avec une jeune
actrice.
Une comédie familiale légère, à la française, avec son lot de rebondissements, de surprises, de petites mesquineries, de moments de grâce. Un heureux mélange de bassesses humaines et de profonde tendresse. Ce roman choral dévoile au fil des pages des personnalités hautes en couleurs. On y croise une mère de famille frustrée qui rêve d'être
Diane von Fürstenberg, une vieille dame qui fait son coming out, un croque-mort suicidaire, un ex-taulard paraplégique et libidineux, un chien nommé Elvis et toute une galerie de personnages médiocres, grotesques, lumineux, généreux, égoïstes, vénaux, maladroits, amoureux, etc. Et bien sûr le cher défunt, Serge, raté, minable, ex-taulard, chanteur sans carrière, malhonnête, bon au grand coeur, selon les points de vue.
Stéphane Carlier nous fait rire avec le tragique, avec les gens de peu, avec la province, avec ceux qui aiment
Michel Sardou et Daniel Guichard. Malheureusement, ce qui commençait bien tombe dans la caricature et finit en eau de boudin ou de rose plutôt.
Une lecture agréable mais qui manque de finesse.
Un grand merci à Babelio et aux éditions du
Cherche Midi pour cette masse critique privilégiée.