Mésalliance

J'ai lu Mésalliance (Wicked All Day) en français, puisque c'était ce qui m'avait été offert. À ce propos, je n'ai pas d'aversion particulière pour les traductions, qui suffisent rarement à gâcher un livre, mais je vais quand même répéter que dans 80 à 90 % des cas, en romance, la qualité n'est pas la même. Même si je n'ai pas souvenir que Carlyle m'ait charmée par son style, cela m'étonnerait qu'il ait été aussi plat.

Heureusement, il y avait l'histoire. Et là, Carlyle s'est rachetée à mes yeux. Quoiqu'elle ne sorte pas du lot, j'ai trouvé cette romance historique tout à fait honorable, agréable en somme, avec quelques parties faibles compensées par des éléments plus forts. Ce qui est drôle, c'est que l'intrigue m'a rappelée celle de la dernière romance traduite que j'ai lue, Lady Carsington (Last Night's Scandal), de Loretta Chase. Dans les deux cas, on a une héroïne trop belle pour son propre bien, trop impulsive aussi, en un mot : incontrôlable. Dans les deux cas, le héros la connaît depuis l'enfance, et il est en quelque sorte son opposé : sérieux, rationnel, exigeant.

Là n'est pas l'intérêt principal de Mésalliance. Certains trouveront même le côté “petite fille gâtée” de l'héroïne agaçant ; il ne m'a pas dérangée à partir du moment où il était annoncé et assumé. Ce qui est chouette, avec les héroïnes qui ont des défauts de ce genre, c'est qu'elles peuvent en payer le prix puis grandir. Ça change des héroïnes toujours super matures, super compréhensives, super responsables, super respectables… Moi, je suis pour les chipies, nananère ! Cela dit, le coup de force de Carlyle, c'est de fiancer son héroïne à un autre homme que le héros. Et pas n'importe quel homme : son frère ! En gros, dans un élan de désespoir, d'amitié et de libido mêlés, Zoé et Robin se sont jetés l'un sur l'autre, et la vénale maîtresse de Stuart passait justement par là…

On est au XIXème siècle en Angleterre, la situation est plus que compromettante ; seule une demande en mariage officielle peut sauver Zoé de la déchéance totale. Hé hé hé… Décidément, j'adore quand le héros ou l'héroïne se retrouve temporairement avec la mauvaise personne. Pour le coup, j'ai vraiment été bluffée par l'obstacle immense et infranchissable que cela plaçait entre Zoé et Stuart, qui réalisent à peine les sentiments qui les unissent l'un à l'autre. L'auteure a osé ! La tension dramatique est à son comble.

Malheureusement, comme on pouvait s'y attendre, le reste n'est pas vraiment à la hauteur. Il faut dire que la barre était placée hors d'atteinte. Les péripéties et le dénouement ne sont pas mauvais, seulement ordinaires. Robin se lance dans une phase prolongée d'auto-destruction, tandis que Stuart et Zoé ont de plus en plus de mal à garder leurs mains pour eux… En fait, tout est trop transparent. C'est le travers de beaucoup de romances, finalement, que de trop vouloir préserver les héros du blâme ou de l'incompréhension. C'est comme s'il fallait qu'on sente d'une manière absolument univoque, qui interdit toute autre interprétation, que Robin détestait ce mariage avec Zoé, que Zoé avait donc de très bonnes raisons d'aller voir ailleurs, et Stuart de la séduire.

On comprend mal pourquoi ils attendront si longtemps pour rompre les fiançailles. C'est un peu le soufflé qui se dégonfle : tout ça pour ça ?
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Un roman qui commence sur les chapeaux de roues pour tomber peu à peu dans un train train classique. Mais j'ai quand même beaucoup apprécié les prises de bec de Zoe et Stuart et leur tendre rapprochement. Robin m'a plus agacée, me rappelant même par moment certains héros pleurnicheurs De Musset ^^!