J’aime les minutieuses, celles qui vont fouiller dans le dictionnaire pour dénicher des insultes assez violentes pour me faire sortir de mes gonds en quelques secondes. J’exige aussi qu’elles le fassent avec élégance, en talons hauts, avec une élocution correcte. J’admire les gens qui parlent bien, même si parfois ils me font chier avec leur vocabulaire. En général, j’essaie de bien m’exprimer, même si le naturel me revient facilement dans certaines situations.
Dans la vie, Corinne est belle, mais d’une beauté froide et classique qui, sans le support de beaux vêtements et d’une coiffure impeccable, ne serait peut-être pas aussi évidente. Sur la toile, sa beauté est sauvage, furieuse, provocante. C’est pour ça que je ne l’ai pas reconnue. Ce n’est pas la véritable Corinne que l’artiste a peinte, mais une version exaltée, peut-être commandée par le modèle.
Quand je pense à tous ces hommes qui trouvent les femmes mystérieuses et insaisissables. Moi, je les trouve terriblement prévisibles. Quoi qu’on fasse, elles ont toujours le blâme à la bouche : on ne les apprécie pas à leur juste valeur, on ne les caresse pas assez, on ne leur parle pas assez, on ne les aime pas assez, on ne les baise pas assez, ou trop, ou mal, ce qui revient au même.
C’est facile aujourd’hui de remplir un journal ou un magazine : il suffit de dépêcher deux ou trois potineurs dans les coulisses d’un événement et de faire suffisamment de photos des préparatifs pour occuper les pages pendant trois ou quatre jours. On y ajoute trois ou quatre rumeurs juteuses et tout le monde se régale.
Elle a investi dans le luxe, mais surtout dans la puissance. Elle croit que, comme on ne prête qu’aux riches, on ne donne du pouvoir qu’à ceux qui en ont déjà. Elle n’a pas tort, bien sûr, même si le pouvoir le plus redoutable, c’est celui dont les autres n’ont pas conscience…