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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Fruit de ses excursions dans la grande savane vénézuélienne et champ d'expérimentation de son réel-merveilleux, ce roman d'Alejo Carpentier relate les aventures d'un musicologue qui fuit la grande ville déshumanisée et découvre un prometteur continent vierge et idéalisé, véritable voyage introspectif dans l'espace et le temps. le monde américain primitif y est magnifié pour les potentialités qu'il recèle.
L'écriture hautement érudite, le mystère du récit, les références mythologiques enlacent le lecteur pour mieux le déstabiliser et l'emmener dans une quête orphique. La langue narrative est incroyablement caribéenne, faite de dérives baroques et de distorsions, rythmée par la répétition de motifs telle une respiration.
Ce voyage aux confins de l'humanité, du temps et de la musique s'effectue par étape, chacune spatialisée, dont l'histoire, la géologie et la culture semblent cristallisées et dont la composition romanesque devient la métaphore d'un temps mythique. Ces étapes sont autant de caps existentiels que le voyageur franchit. Lui-même enchâssé dans un temps comme suspendu, il revient en lui-même sans échapper à l'échec, notamment sentimental, mais poursuit ses « pas perdus ».
Ce voyage qu'Alejo Carpentier nous invite à partager nous signifie que nous sommes contemporains de tous les temps de l'homme et que l'opposition entre civilisation et barbarie est vaine. Ce monde des « pas perdus – pasos perdidos » où le temps, l'espace, les valeurs, le progrès sont bousculés raconte un univers latino-américain résolument hybride, remettant en cause la solidité d'une modernité univoque, orpheline de ses origines.
Le partage des eaux a contribué à installer la notoriété internationale d'Alejo Carpentier. A très juste titre.
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Le partage des eaux d'Alejo Carpentier
Un homme revient dans une maison à colonnes blanches après plusieurs années. Sa femme est une actrice très occupée, lui fait un boulot qu'il trouve sans intérêt, elle part en tournée, il a deux mois devant lui suite au succès de son film, quand il rencontre fortuitement le responsable du musée organographique lui demandant où en sont ses recherches, il ne sait pas qu'il a tout abandonné depuis longtemps. Il lui propose un travail sur les instruments de musique indigènes. Il part avec Mouche sa maîtresse dans un pays indéterminé où la révolution explose le lendemain de leur arrivée. Ils entreprennent une odyssée à la lisière de forêts vierges à la recherche d'instruments de musique indigènes originaux alors qu'ils avaient envisagé de simplement profiter d'être payés pendant deux mois et ramener n'importe quels objets. Au son de la neuvième symphonie de Beethoven ils arrivent dans un lieu qui s'était développé sur le pétrole « vaste danse de flammes qui claquaient au vent ». Une auberge remplie de prostituées, Yannès, un homme chercheur de diamants, et dans un exotisme exubérant, Carpentier nous mène dans une danse folle et musicale en un délire d'une érudition étourdissante. La descente du fleuve continue laissant place à des villes fantomatiques. Mines abandonnées, pulsions sexuelles. Mouche malade du paludisme, il repart puis s'enfonce dans la forêt avec Rosario sa nouvelle amante. Yannes cherche toujours des diamants dans une humidité prégnante. Ruth pendant l' absence de son mari a prévenu la presse de sa disparition avec prime à qui le retrouverait.
Roman foisonnant par Alejo Carpentier, l'homme par lequel arriva le réalisme magique. On passe de New York au Venezuela dans une sorte de conte initiatique au fur et à mesure que le héros retrouve la nature vierge. On est au coeur du mythe de l'Amérique latine avec cette langue si particulière qui peut facilement rebuter. Mon livre préféré chez cet auteur.
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Le narrateur étouffe dans sa petite vie, entre un travail purement alimentaire, sa vie conjugale avec une comédienne qu'il ne fait que croiser, et sa maîtresse qu'il n'aime pas vraiment. Musicien de formation, il se voit proposer par son ancien maître, Conservateur du musée organographique une expédition en Amérique du Sud, afin de trouver des instruments primitifs, qui permettrait de vérifier une théorie musicologique sur l'origine de la musique. Sa maîtresse, Mouche le décide à accepter, dans le but de se faire payer le voyage à deux, la recherche des instruments ne figurant pas vraiment dans le projet du couple. Notre duo arrive dans une ville d'Amérique du Sud, une révolution intervient, pour la fuir ils se dirigent dans une plus petite bourgade. Chemin faisant, aussi grâce aux rencontres qu'il fait, le narrateur se décide à aller chercher pour de bon les fameux instruments, ce qui se révélera finalement pas trop difficile. Mais ce n'est pas là que prendra fin le périple du narrateur : il va aller dans une ville fondée tout récemment dans la jungle par des courageux explorateurs, un lieu qui n'existe sur aucune carte, quelque chose en train de se construire à partir de rien. Il a abandonné Mouche en chemin, et fait la rencontre de Rosario, amour bien différent de ceux qu'il a connu jusqu' à maintenant. Mais la civilisation qu'il a fuit se rappelle à lui. D'abord dans le désir de composer, qui revient dans le désert, et pour lequel il manque de papier. Ensuite, sous la forme d'un avion venu le chercher. Il revient à la civilisation, de façon temporaire pense-t-il. Mais le retour dans le paradis perdu est-il possible ?


Roman baroque, foisonnant, dans lequel les thèmes et les motifs s'entrecroisent, comme dans la cantate que veux composer le narrateur. Impossible de les citer tous. La vie dans une grande ville moderne s'oppose à la vie dans la jungle, où tout ce qui compte est ce qui permet de survivre d'une façon quasi physique, et le reste est superflu. Mais où s'arrête l'essentiel et où commence le superflu. Où finit la nature et où commence la culture. Où s'arrête la liberté et où commence la contrainte. le partage des eaux est le roman de la complexité des aspirations humaines, de leurs contradictions, de leur éternel inassouvissement. Un très beau voyage, dans l'espace et dans les méandres des âmes humaines.
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A la recherche d'un instrument de musique indien, un universitaire américain s'enfonce dans la jungle d'une boucle de l'Orénoque et s'approche des parages mythiques de l'Eldorado. le retour à  la réalité contemporaine sera cruel.
Un chef-d'oeuvre de la littérature latino-américaine.
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"Los pasos perdidos" traduit par "le partage des eaux" car le titre "les pas perdus" était déjà pris par un autre ouvrage (c'était le temps où l'on respectait la propriété d'un titre: aujourd'hui plusieurs films ou documents, souvent à des années lumière de distance ont sans haine et sans crainte, le même titre), est un très beau roman sur le thème de l'impossibilité de reprendre un chemin après une interruption car les choses et les personnes changent entre temps.
Reinaldo Arenas, également cubain indiquait qu'à compter de son implication dans le régime castriste A. Carpentier n'avait plus rien écrit d'intéressant, c'est à dire après "le siècle des lumières".
Fort heureusement "Le partage des eaux", ainsi que "Le royaume de ce monde" ont été écrit avant la compromission de l'auteur avec le régime castriste.
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