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Citations sur Un roman russe (68)

J'aimais Maman -c'était alors Maman, pas ma mère - d'un amour absolu et confiant, en sorte qu'un voyage seul avec elle, dans un pays lointain, le pays d'où elle venait, était sans doute ce qui pouvait m'enthousiasmer le plus au monde.
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Tout de même, pourquoi Kotelnitch ? Quand je dis, pour aller vite, que je veux y retrouver mes racines, c'est de la blague. je n'en ai aucune à Kotelnitch, et au fond aucune en Russie. L'arrière-grand-oncle qui a été six mois gouverneur de Viatka et qui défenestrait les musulmans fait toujours grand effet quand j'en parle. sacha l'écologiste s'est offert à lancer des cherches sur lui dans les archives, j'ai dit oui oui d'un air enthousiaste mais en réalité je m'en fous. Mon grand-père était géorgien, ma grand-mère a grandi en Italie, les vastes domaines de mes arrières grands-parents m'indiffèrent. Cette terre ne m'est rien, seulement la langue qu'on y parle. ce n'est pas ici que ma mère l'a apprise et parlée, que je l'ai entendue enfant, mais à Paris. alors pourquoi aller à Kotelnitch, sinon parce que s'est échoué là le destin de ce Hongrois qui me permet d'approcher par un chemin détourné celui de mon grand-père ?
Parfois, je me dis ceci : qu'il s'agit d'un trajet dont le point a est l'histoire du Hongrois, le point z celle de Georges Zourabichlivi, et qu'entre ces deux points je ne sais pas ce qu'il y a. Le pari, que rien ne justifie rationnellement, est de le trouver à Kotelnitch. J'aurais pu aller en Géorgie, suivre l'émigration de mon grand-père, Tbilissi, Istanbul, Berlin, Paris, Bordeaux, jusqu'à cette avenue que j'imagine bizarrement écrasée de soleil où se trouvait l'immeuble de la Kommandantur. mais non, c'est Kotelnitch.
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Ce que m a transmis ma mère, c'est ce que je ne sais pas, ce qui fait honte et peur et qui me pétrifie quand je croise son regard.
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...ce que je trouve surtout bien, c'est que tu parles de ton grand-père, de ton histoire à toi. Tu n'es pas seulement venu prendre notre malheur à nous, tu as apporté le tien. Ca, ça me plaît.
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J'aime une femme, cette femme m'aime. Je ne suis plus seul.
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Quel que soit le nombre de couches que tu as superposées, et même si en cette saison on peut raisonnablement espérer qu'il n'y en a qu'une, la seule chose certaine c'est que tu es nue en dessous. Je me rappelle un roman dont le narrateur prenait conscience avec émerveillement du fait qu'en toutes circonstances les femmes sont nues sous leurs vêtements. J'ai partagé, je partage encore cet émerveillement. J'aimerais que tu y penses un peu.
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Dépités, désœuvrés, nous traînons en ville. D'un côté de la route, à l'entrée, il y a une sculpture en béton d'environ deux mètres figurant la faucille et le marteau, de l'autre une marmite géante qui est depuis des temps beaucoup plus anciens l'emblème de Kotelnitch. C'est cela que veut dire kotel en russe, m'explique Sacha : une marmite, ou un chaudron. Un séjour là-dedans, c'est une sorte de trois étoiles du dépaysement dépressif, et il y a tout lieu de penser que cette sensation d'encalminage au fond d'une marmite de soupe froide et figée d'où auraient depuis longtemps, à supposer qu'il y en ait jamais eu, disparu tous les bons morceaux, constitue l'ordinaire des villes de 20 000 habitants de la Russie profonde. On ne va pas dans ce genre de villes. On n'en parle pas. Un beau jour, on apprend qu'il existait un bled appelé Tchernobyl, et c'est en moins terrible, en plus modeste, ce qui est arrivé à Kotelnitch depuis qu'on y a retrouvé le dernier prisonnier de la Seconde Guerre mondiale.
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Je ne fréquente pas beaucoup le monde extérieur, dont je suis fatigué, justement, et où je me sens prisonnier. Je ne rêve que de quitter cette prison, mais je n’y arrive pas, et pourquoi donc ? Parce que j’en ai peur et aussi, c’est le plus déplaisant a admettre, parce qu’au fond j’aime ça.
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Tu étais fière que je devienne écrivain. Il n'y a rien de mieux à tes yeux. C'est toi qui m'as appris à lire et à aimer les livres. Mais tu n'as pas aimé la sorte d'écrivain que je suis devenu, la sorte de livres que j'ai écrits. Tu aurais voulu que je sois un écrivain comme, je ne sais pas, Erik Orsenna : un type heureux ou qui, en tout cas, le paraît. Moi aussi, j'aurais bien voulu. Je n'ai pas eu le choix. J'ai reçu en héritage l'horreur, la folie, et l'interdiction de les dire. Mais je les ai dites. C'est une victoire.
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A tes yeux j'appartiens au cercle à la fois enchanté et odieux des héritiers. Tout m'a été donné [...] à la naissance: la culture, l'aisance sociale, la maîtrise des codes, grâce à quoi j'ai pu librement choisir ma voie et vivre en faisant ce qui me plaît, au rythme qui me plaît.
P. 79
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